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Édito

mercredi 15 février 2012


Voilà plus d’un an que des mouvements de révolte ont éclaté en Tunisie, en Égypte, en Libye... Et malgré des avancées et quelques victoires, la révolution reste inachevée. La situation égyptienne est particulièrement éclairante, où le changement de la classe dirigeante n’a pas empêché la reprise des affrontements d’une partie de la population contre la police et l’armée, celles-ci étant toujours plus répressives et violentes. Belle preuve de lucidité et de courage de la part des ÉgyptienNEs, de continuer à manifester et à occuper la rue un an plus tard, de ne pas se contenter d’annonces rassurantes et de ne pas tenir compte des appels au calme. À nous de suivre leur exemple en nous montrant combatifVEs et persévérantEs dans nos luttes.

Bientôt un an également que les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima déversent en continu des éléments radioactifs dans l’air et dans l’océan. Et si les mobilisations qui ont suivi en France, en particulier la manifestation du 15 octobre dernier à Rennes, donnent l’espoir d’un renouveau du mouvement antinucléaire, elles n’ont pour l’instant pas été en mesure d’infléchir la politique électronucléaire française. Les chantiers de l’EPR de Flamanville et de l’ITER de Cadarache progressent chaque jour un peu plus, tandis qu’EDF et RTE nous invitent à participer à la décision déjà prise de doubler la ligne THT entre Lille et Arras.

La « crise » qui sévit déjà depuis quelques années en Europe, y compris en France, est synonyme de licenciements, d’augmentation du chômage, de précarisation. Le lien entre crise économique et le renforcement du pouvoir étatique n’est plus à démontrer : la « crise » permet aux États de renforcer le contrôle et la répression à l’encontre des populations les plus pauvres et les plus vulnérables, des habitantEs des quartiers populaires et des militantEs. C’est pourquoi, face à ces attaques, comme toujours, la solidarité est notre arme. Aux côtés du CRIMMS, qui tente de faire un travail d’antirépression assez large, un nouveau collectif de chômeurEUSEs et précaires s’est créé à Lille, qui a déjà quelques actions d’éclat à son actif.

Au milieu de tout ça, le numéro de La Sociale que vous tenez entre les mains peut sembler légèrement en décalage avec l’actualité. Il n’en est rien ! Parce que les rapports de genre traversent tous les aspects de nos vies, et parce que les femmes comptent parmi les premières victimes du contrôle sociale, de la répression et du capitalisme, nous avons décidé depuis septembre de mener une réflexion sur le système patriarcal. Nous avons donc pris le temps de nous informer et de réfléchir au lien entre le genre et d’autres systèmes de domination. Les textes de ce numéro sont le fruit d’un travail collectif — d’abord impulsé par les femmes du GDALE — bien que la plupart d’entre eux aient été rédigés par des hommes. Cela reflète la composition du GDALE qui, comme l’ensemble du mouvement anarchiste, reste encore essentiellement masculine.

Il s’agit par ailleurs, d’engager une réflexion sur nos rapports de genre en tant qu’anarchistes. Ici, comme sur d’autres terrains, il nous reste bien du chemin à parcourir. Et nous refusons d’établir une hiérarchie entre les luttes d’émancipation : toutes les formes de dominations et d’exploitations sont à détruire !

1. On trouve de nombreuses analyses sur les récentes mobilisations antinucléaires en France dans les derniers numéros de Courant Alternatif (215-217) que l’on peut consulter au CCL.