Accueil > archéologie:alternataire > La Sociale (2002-2012) > 16 (novembre 2004) > Casse des droits du travail et école de classe

Casse des droits du travail et école de classe

mardi 16 novembre 2004


Rapport Thélot : la refonte d’une école de classe. Au menu, caporalisme et prime à l’entreprise

Au mouvement de mai-juin 2003, le gouvernement avait répondu dans l’Education Nationale par un pseudo "grand débat". La plupart des personnels grévistes de l’Education Nationale et les parents qui les avaient soutenus appelaient au boycott de cette mascarade destinée à légitimer la politique libérale entamée (décentralisation, multiplication des précaires...). C’est à partir des "résultats" de ce faux débat qu’a travaillé la commission réunie autour de Thélot dans le but d’aider à la réalisation d’une nouvelle loi d’orientation qui n’a d’autre fonction que d’entériner et aggraver les évolutions libérales de l’Ecole.

De manière traditionnelle, ce rapport met en avant une meilleure prise en compte des élèves et de leur difficultés et vise à leur offrir une réelle possibilité de choix. Au total, c’est plutôt le patronat qui peut se frotter les mains alors que le boulevard de la reproduction sociale se transformerait en autoroute. On peut ainsi cibler quelques mesures :
 instauration d’un véritable SMIC culturel avec le "socle de l’indispensable" pour les pauvres, et les humanités pour les autres. Bref on pousse le plus tôt possible à une spécialisation de plus en plus marquée afin de garantir la pérennité des inégalités sociales et culturelles
 ouverture à l’entreprise : formation fonction de l’offre, nouveau statut des lycées professionnels pour renforcer l’exploitation des apprentiEs
 hausse encore plus marquée du caporalisme (Fillon a déjà réintroduit les punitions collectives)
 hausse du poids des chefs d’établissement qui deviennent de véritables patrons (recrutement...) y compris dans le premier degré
 la prise en compte des quartiers de relégation se résume à l’ouverture aux flics et aux entreprises avec une hausse encore plus marquée des dérives déjà décrites
 dégradation des conditions de travail des personnels enseignants (c’est déjà fait pour les autres) : plus de flexibilité, de temps de présence... Quant à la formation, elle est plus longue (stagiaire pendant deux ans) et les exigences sont plus lourdes. Bref, ça permettra d’avoir plus de stagiaires, facilement virables et bon marché en attendant.

La formation professionnelle au service de la casse des droits des salariéEs}

Alors que la précarité s’accentue, la formation joue elle aussi son rôle dans ce jeu de casse des conditions de travail. Les conventions collectives prennent en considération les diplômes (CAP...). Or les orientations actuelles (projet de nouvelle troisième et de lycée des métiers) s’éloignent du diplôme au profit de compétences définies par le patronat et qui ne sont pas reconnues par les conventions collectives. Ne reste plus qu’à s’attaquer au Code du Travail, ce à quoi gouvernement et MEDEF s’emploient bille en tête pour que les salariéEs ne soient plus protégéEs ou presque.

La modification de la formation va aussi plus loin. Les "compétences" ne sont que les normes fixées par le patronat local en fonction de ces besoins. En cas d’évolution des besoins du patronat, les salariéEs devront parfaire leurs "compétences" par de nouvelles périodes d’apprentissage avec ce qui est appelé la "formation tout au long de la vie". Là encore leur dépendance aux patronNEs est renforcée. Elles/Ils deviennent des salariéEs modeléEs pour UNE entreprise et pas une autre. Il devient quasi impossible de changer de boîte et le patronat tout puissant s’en trouve renforcé : si on n’est pas servile, adieu le travail ou les formations. La servilité sera donc la norme pour rendre unE salariéE recyclable ou non.