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Pourquoi nous avons quitté la Fédération anarchiste

mardi 16 novembre 2004


Le groupe de Lille a dû prendre une décision difficile en juillet dernier : après plus de 20 ans de présence continue sur Lille d’un ou plusieurs groupes adhérents à la Fédération anarchiste, nous avons été amené-e-s à la quitter. C’est également le cas d’un certain nombre d’autres groupes ou adhérent-e-s individuel-le-s (3 groupes à Lyon, deux en Bretagne, un à Bordeaux...). Ce choix fait suite à un congrès catastrophique pour cette organisation. Ceci marque pour elle une crise politique majeure.

Plusieurs constats nous ont conduit-e-s à prendre cette décision :

 la lutte anti-patriarcale n’est pas reconnue par l’ensemble des groupes FA comme un domaine de lutte à part entière, au même titre que la lutte des classes. Pire : si le débat autour du féminisme et de l’anti-patriarcat a toujours été difficile dans cette organisation (comme dans d’autres, la FA n’est sûrement pas la pire en la matière), il s’est dégradé jusqu’à sombrer lamentablement dans la violence verbale l’an dernier. Et dans la violence physique, un militant ayant agressé une militante au cours du congrès. Nous ne le supportons plus.
 ce problème politique s’accompagne d’autres problèmes liés au fonctionnement interne de l’organisation, dont l’impossibilité de fait de procéder à des réparations en pareil cas. Ces problèmes semblent alors être l’un des facteurs d’immobilisme politique tant dans les réflexions que dans les pratiques, immobilisme dans lequel s’embourbe la FA.

Ce choix difficile, nous l’envisageons cependant dans l’espoir de trouver une sortie par le haut à ces problèmes tant politiques que structurels relevés par nombre de militant-e-s de la FA (qu’elles/ils aient démissionné ou non). C’est pourquoi le groupe de Lille compte en son sein des camarades qui restent cette année adhérent-e-s de la FA avec pour mandat de travailler à une refédération sur des bases plus saines. Nous attendons de la FA qu’elle change !

En attendant, le groupe anarchiste lillois existe toujours sous un autre nom et continuera son travail local mais aussi au-delà avec d’autres organisations ou individu-e-s anarchistes sans soucis d’exclusive. Toujours attaché-e-s à la nécessité de l’organisation, nous espérons que la FA - et au-delà l’ensemble du mouvement libertaire - réagira et évoluera tant au niveau de son fonctionnement que de ses positionnements politiques. Surtout dans une période où s’accumulent les défaites du mouvement social, la montée des idéologies sécuritaires et autres intégrismes, ainsi que l’absence totale de perspective politique de libération que pourrait apporter la gauche.