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De la liquidation de la solidarité collective à la charité publique institutionnalisée

mardi 24 février 2004


Depuis une trentaine d’années, droite et gauche s’attaquent avec zèle à tout ce qui constitue la solidarité collective. Par ce terme, nous entendons tout ce qui permet aux salarié-e-s ainsi qu’à celles et ceux qui ne travaillent pas de s’assurer une vie décente. Hélas, le ver est dans le fruit, puisqu’Etat et patronat participent à la gestion des services publics ou des organismes sociaux. Ils n’y ont pas leur place ! Ainsi les patrons ne font que reverser une partie du salaire qu’ils doivent aux salarié-e-s à la Sécurité Sociale, à l’UNEDIC...
Au nom de la crise économique et de la lutte conte les déficits, sans grande résistance des directions syndicales, les élites cassent gaiement le système des retraites, l’assurance chômage, le système de santé ou les services publics.
Les patrons récupèrent ainsi une bonne partie des services, revendus ensuite à prix d’or aux usager-e-s alors même qu’ils sont responsables de leurs difficultés (chômage, impayés et exonérations auprès de la Sécurité Sociale...) Ils sortent donc largement gagnants mais leur intérêt va au-delà de l’argent qu’ils détournent.

Précarisation et contractualisation

Profitant d’un salariat rendu docile par la précarisation de son existence et la peur du chômage, patronat et gouvernements successifs couplent casse de la protection sociale et dégradation des conditions de travail : 3,4 millions de salarié-e-s touchent moins que le SMIC, les contrats précaires se multiplient (TUC, CES, CEC, CDD de 5 ans, RMA), le principe du mieux disant social est rompu (les accords d’entreprises pourront être plus défavorables qu’accords de branches ou conventions collectives et bientôt sans doute que le code du travail)
Toutes ces attaques s’accompagnent d’une contractualisation des rapports sociaux. Là où on pouvait se référer au droit du travail, aux conventions collectives... il n’y aura plus qu’un rapport direct et forcément inégal entre bailleur et demandeur de travail. La « loi » de l’offre et de la demande cache un retour au féodalisme patronal.
La précarisation du travail détruit alors ce qu’il reste de la solidarité collective et il n’y a plus qu’à empêcher toute révolte en multipliant les poursuites judiciaires contre les militant-e-s, en remettant en cause le droit de grève...

La charité publique institutionnalisée

Comment remplacer cette solidarité collective sans tomber dans une misère complète généralisée qui pourrait être dangereuse ?
1/ Culpabilisation et flicage des chômeurs/ses et des pauvres. On contrôle donc la recherche de travail. Quant au travail social, il rimera avec délation obligatoire (nouvelle loi Sarkozy)
2/ Mise en avant de la « valeur travail ». Le PARE condamne les demandeurs/ses d’emploi à accepter n’importe quoi au bout d’un certain temps.
3/ RMA. Ce Revenu Minimum d’Activité sera imposé aux RMIstes et les obligera à travailler pour un patron qui leur reversera... leur RMI + 2,7€ de l’heure. Ce nouvel STO, financé par nos cotisations sociales, placera enfin les chômeurs/ses sous le contrôle des Conseils Généraux, ce qui les mettra à la merci de caciques locaux qui auront ainsi leurs pauvres.
Les officines de l’humanitaire prendront en charge le reste. Sinon, on pourra toujours supprimer un nouveau jour férié pour venir en aide aux pauvres...

Face à ces attaques, il faut reprendre nos vies en main. Seule la convergence des luttes avec comme outil la grève générale permettra de faire reculer nos ennemi-e-s de classe. A nous de concrétiser notre révolte, à nous d’imposer d’autres rapports sociaux qui ne reposeront plus sur la cogestion mais sur l’autogestion.