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Mobilisation générale !

vendredi 9 mai 2003


Alors que les plans sociaux, les suppressions de postes ou les licenciements secs se multiplient. Alors que le capitalisme ne trouve de débouchés à sa crise que dans la guerre. Alors que la démocratie s’écroule sous le poids de la terreur policière et du racisme
d’État. Alors que le gouvernement C.R.S. (Chirac - Raffarin - Sarkozy) annonce enfin clairement la couleur de son plan de démantèlement des retraites par répartition et de la sécurité sociale... Après plusieurs années d’une apathie sociale qui eut pour conséquence la victoire de Le Pen aux présidentielles, l’heure est venue, toutes et tous ensemble, d’organiser la riposte, à la base, par l’égalité et la démocratie directe.

1er mai 2002 - 1er mai 2003 : bilan d’une catastrophe

Avoir voté contre Le Pen et voir son programme appliqué à la lettre. L’ironie est sévère pour ces millions d’électeurs de gauche qui avaient avalé avec dégoût la pilule Chirac, il y a un an. Ils avaient voté contre le fascisme et se retrouvent avec une campagne nationale de discrimination des roms, des sans papiers et des jeunes d’origines maghrébines, organisée par le ministère de l’Intérieur. Lois liberticides, rafles policières, descentes de flics aux petits matins blêmes, tabassages, insultes, charters, assassinats de sans papiers... Rien n’a manqué à la panoplie du régime fascisant. Il faut dire que la France n’est pas le seul pays où le durcissement sécuritaire a été la réponse de l’État à la montée des inégalités sociales. Reconnaissons tout de même à Sarkozy un talent certain dans le maniement d’une langue de bois humanitaire enveloppant une matraque en plomb. Il faut dénoncer également la complicité d’une gauche plurielle - ou ce qu’il en reste - dans la montée des politiques sécuritaires et racistes. Avez-vous entendu un socialiste dénoncer les charters ?

Sport national : se vautrer dans le lit de Le Pen !

Un an après les mêmes causes ne manqueront pas d’avoir les mêmes effets. Il semble que médias et politiciens n’aient toujours rien compris à ce qui leur était tombé dessus à l’époque. À force de répandre les mensonges sécuritaires et la peur, à coup de « 11 septembre », de « choc de civilisation », de « quartiers difficiles », de « zones de non-droit »... À force de concessions toujours plus grandes devant les offensives patronales et les diktats libéraux, de casse de la protection sociale, de précarité, d’humiliation des salarié-e-s et chômeur-ses... Pensez-vous qu’aujourd’hui le fascisme soit moins loin du pouvoir qu’il y a un an ? Il semble bien que ses idées y soient déjà !
À Calais, des gens sont indignés par les rafles continuelles de réfugiés depuis la fermeture du camp de Sangatte. Certains d’entre eux tentent de soutenir ces personnes. L’un d’entre eux vient d’être inculpé d’aide au séjour irrégulier. Merci Chevènement d’avoir inscrit le délit de solidarité dans ta loi ! C’est ce que doivent se dire les centaines de milliers de personnes qui avaient pétitionné en 1997 contre les lois Debré en appelant à la désobéissance civile.
Et ce n’est qu’un exemple. Tout est maintenant en place pour mater les mouvements sociaux que provoque l’arrogance des détenteurs du pouvoir.

Précarité, inégalités, mépris ? En finir avec l’exploitation capitaliste et l’asservissement étatiste !

Le patronat a annoncé clairement la couleur. Il dit du gouvernement qu’il doit « agir fortissimo dans les domaines économique et social comme il le fait dans le domaine de la sécurité ». Concernant la protection sociale, cela signifie qu’il doit « éviter l’augmentation des cotisations », « favoriser la liberté de choix », « [alléger] les charges du secteur privé en réformant les régimes de retraites publics ? et « [favoriser] la préparation à la retraite et le financement de l’économie nationale en créant des fonds de pension facultatifs ». Ce qui est exactement le programme du gouvernement quand il programme la baisse générale des pensions du régime par répartition en tentant d’imposer l’augmentation de la durée de cotisation à 42 ans, dans le public comme dans le privé. Programme où seuls les riches bénéficieront de retraites confortables, quand les autres vivront sur leurs vieux jours ce qu’ils auront connu toute leur vie : la misère et la précarité.
Car ce qui menace les retraites, ce ne sont pas les retraités de plus en plus nombreux, comme on veut nous le faire croire. Ce qui les menace, c’est la rapacité des détenteurs du capital, qui payent de moins en moins les pensions (allègements de charge) et veulent mettre la main sur ce magot pour en faire des fonds de pensions à jouer en bourse.
Face à cette nouvelle offensive, qui ne manquera pas de faire gagner quelques voix à Le Pen aux prochaines élections (ces étrangers qui nous bouffent nos retraites !), nous n’avons plus guère de choix. Des journées de mobilisation, même intercatégorielles seront insuffisantes. C’est un bras de fer que nous imposent l’État et le patronat. Il nous faut donc recourir à la seule arme efficace à notre disposition : la grève générale reconductible jusqu’à ce qu’il cède.
Cette mobilisation ne pourra se faire qu’à la base, syndiqué-e-s comme non-syndiqué-e-s, sur nos lieux de travail, dans nos quartiers, dans les universités. C’est ce qui a fait la force du mouvement de 95 contre Juppé. C’est ce qui fera la force de celui de 2003 contre Raffarin !