Accueil > archéologie:alternataire > La Sociale (2002-2012) > 08 (mai 2003) > Ça plane pour Sarkozy

Charters

Ça plane pour Sarkozy

vendredi 9 mai 2003


Depuis la fin février, près de 450 personnes ont dû quitter le territoire français à bord de vols groupés vers la Roumanie, la Chine, le Mali, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire.

Un mois après la reprise de ces vols groupés, Nicolas Sarkozy, conforté par le silence de la "Gauche" parlementaire, annonçait que les expulsions par charter allaient atteindre un rythme hebdomadaire. Le tout en profitant de l’hystérie guerrière orchestrée avec l’appui les médias pour anesthésier l’opinion publique.

Un charter qui décolle c’est Le Pen qui rigole

Interrompues en 1996 sous la pression des mobilisations autour des sans papiers de Saint Bernard, les expulsions par charter ont pu reprendre cette année à la faveur d’un climat raciste et sécuritaire attisé par les médias et mis en œuvre avec un zèle inouï par Sarkozy, premier flic de France. Celui qui s’est autoproclamé « meilleur rempart contre l’extrême-droite » ne fait qu’appliquer le programme xénophobe de Jean-Marie Le Pen et consorts dont les détails font régulièrement pousser des cris d’indignation à tous les hardis défenseurs de la République. Le président du FN parlait de camps et de charters pour les sans papiers : les charters sont de retour. Quant aux camps, ils ont toujours existé sous la droite comme sous la gauche : ce sont les centres de rétention où les sans papiers sont placés dans l’attente de leur expulsion, ce sont les zones d’attente où se retrouvent toujours plus nombreux-ses celles et ceux dont l’entrée même sur le territoire est refusée.

En 2 mois (du 26/02 au 25/04) le Ministère de l’Intérieur a expulsé par vols groupés près de 450 personnes. Parmi elles une majorité étaient des non-admis (Chinois, Maliens, Sénégalais, Ivoiriens, Nigérians, Roumains). Interceptés dans la zone internationale de Roissy, le dépôt d’une demande d’asile leur a été refusé, le fonctionnaire de l’OFPRA jugeant leur demande manifestement infondée après quelques minutes d’entretien. Sur quels critères ? Sûrement pas ceux des situations individuelles qui correspondrait pourtant à la politique du cas par cas affichée par les gouvernements successifs.

Transféré-e-s massivement en zone d’attente, ils et elles ont contribué au dépassement de la capacité d’accueil de ces lieux. Et c’est cette surpopulation qui sert de prétexte à la multiplication des charters. La boucle du refoulement systématique des étrangers est bouclée.

À côté de ces non-admis se trouvent des expulsé-e-s pour défaut de papiers. En particulier des Roms renvoyés en Roumanie où les attend une discrimination qui est leur lot quotidien. Enfin, pendant qu’on parle des expulsions collectives, il ne faut pas oublier tous ceux et celles qui sont renvoyé-e-s individuellement, soit en avion, soit par bateau (vers le Maghreb) dont le nombre ne baisse pas et dont les conditions d’expulsion ne sont pas plus acceptables. Les « expulsions dans le respect de la dignité humaine » dont se targuent Sarkozy et son alliée la Croix Rouge, ça n’existe pas !

Enrayer la machine à expulser, c’est possible !

Pour partager les frais financiers et politiques de ces opérations, le gouvernement coopère avec d’autres pays européens dans sa politique xénophobe : des Roms ont été expulsés avec le concours de l’Espagne, des Africains avec celui de l’Allemagne, et on annonce de prochains vols organisés avec la Grande Bretagne (pour des Afghans !). Différentes compagnies aériennes offrent leurs services : Air France, Air Holland, Air Europa Lineas Aereas, Euralair Horizons et le voyagiste Fram... Tout comme les passager-e-s des vols commerciaux embarquant des sans papiers, le personnel navigant des compagnies a le droit de refuser de collaborer à ces expulsions. Certains syndicats de personnel navigant ont déjà pris position en ce sens. Sous la pression des mobilisations anti-expulsion leur offrant une très mauvaise publicité, certaines compagnies ont renoncé à ces vols, comme Lufthansa.

Des pays de réadmission ont dû réagir face à la mobilisation de leurs opinions publiques. C’est le cas du Mali vers lequel il n’y a plus aucune expulsion directe depuis qu’un avion a été détruit en 1996 sur la piste de l’aéroport de Bamako. Cela aurait pu être le cas du Sénégal, mais le Premier Ministre Abdoulaye Wade a annoncé en guise de réaction à la mobilisation que la police sénégalaise viendrait désormais elle-même récupérer ses ressortissants non-admis en France.

La machine à expulser peut être enrayée. Il faut simplement ouvrir des brèches partout où c’est possible : harceler les entreprises qui collaborent, demander à leurs salariés de se positionner, refuser le décollage quand on est simple usager-e, dénoncer et tenter d’empêcher toutes les expulsions.

Contre l’Europe des Charters, abolition des frontières !

Retours groupés sur
des vols affrétés
spécialement (Charters) :
 03/03 : 24 Sénégalais et 30 Ivoiriens, non-admis ; Euralair Horizons
 20/03 : 47 Sénégalais et 8 Maliens, non-admis ; Euralair Horizons
 25/03 : 10 Sénégalais et 55 Ivoiriens, non-admis ; Euralair Horizons-Fram
 27/03 : 70 Roumains, séjour irrégulier ; Air Europa Lineas Aereas
 05/04 : 33 Sénégalais et 28 Ivoiriens, non-admis ; Air Holland
 23/04 : 11 Nigérians, 26 Sénégalais et 18 Ivoiriens, non-admis ; Euralair Horizons.

Retours groupés sur des vols commerciaux :
 26/02 : 15 Chinois, non-admis
 05/03 : 17 Chinois, non-admis
 12/03 : 25 Chinois, non-admis
 02/04 : 21 Roumains, non-admis