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A bas les frontières !

mercredi 26 mai 2004


Revoilà La Sociale, après une trêve d’avril, voici un beau numéro de mai, pour crier ta liberté avec les sans-papier.e.s.

Exploité.e.s par les patrons, pourchassé.e.s par l’Etat et son armée policière, les sans-papier.e.s touchent souvent la plus dure précarité une fois entré.e.s dans l’euro-Forteresse. Etre solidaire avec les sans-papier.e.s, c’est mettre en oeuvre les moyens et les pratiques pour plus d’égalité et de liberté.

Plus de liberté parce que les sans-papier.e.s posent clairement la question du respect des personnes, de la liberté de circulation et d’installation. Nous nous définissons comme soutiens à cette cause. Actuellement, les sans-papier.e.s vivant dans la clandestinité ne peuvent se fier qu’à eux/elles-mêmes. Vivre comme un.e clandestin.e, c’est connaître la peur des juif/ve.s traqué.e.s pendant l’occupation, des civil.e.s algérien.ne.s pendant la guerre de décolonisation, c’est être enfermé chez soi (quand on en a un), c’est se méfier de tout et tout le monde, c’est la mort. Pourquoi moi, avec-papier.e, puis-je aller à Prague, Chicago, Lille ou ailleurs sans problème et pas lui ou elle ? La liberté de circulation ne se partage pas ni ne s’attend, elle se prend par et pour tous et toutes !

Plus d’égalité parce que nous essayons d’établir des rapports égalitaires avec les sans-papier.e.s, dans la lutte et dans les rapports que nous avons avec eux/elles, sans être aveugles de nos situations qui restent incomparables à celles des sans-papier.e.s.

Nous nous refusons à être les spectateurs des traques ou répressions policières et du racisme républicain qui criminalise les sans-papier.e.s. Au moment où les Etats suppriment les frontières économiques (y en a-t-il déjà eu vraiment pour le capitalisme ?), ce sont arrestations et centres de rétention pour les sans-papier.e.s.

Parce que l’antifascisme ne se proclame pas qu’en réunion ou avant les élections, nous essayons avant tout d’être dans la rue, sur le terrain de la lutte qui elle seule fait sortir les sans-papier.e.s de l’ombre. Pourtant, il a très vite été clair que la force de la lutte collective a davantage protégé les sans-papier.e.s de l’expulsion que de l’isolement et de la peur, quelle que soit l’attitude répressive des gouvernements de gauche et de droite. La droite au pouvoir en 95, les futurs membre de la gôche plurielle avaient suivi le mouvement des sans-papiers et feint de prendre leurs revendications à leur compte. C’est pour dénoncer ces pratiques qu’une rétrospective de 30 années de politique classiste, xénophobe et raciste des gouvernements de doite et de gauche nous a semblée utile. Une fois au pouvoir, les socialistes n’avaient fait qu’aggraver la politique de répression et d’exploitation des immigré.e.s. Le plus urgent pour eux était de neutraliser le mouvement. Plus grave, en cautionnant et participant à la lepénisation des esprits, le terrain était prêt pour les néo-réactionnaires démagogiques qui gouvernent auourd’hui.

Parler d’"immigration zéro" et de "fermeture des frontières", c’est un effet d’annonce pour rassurer la xénophobie de "l’opinion publique", entretenue sans honte par des médias aux pas et des intellectuels aux ordres. Nous savons tous et toutes que loin de représenter cette "misère du monde" que la France "aurait du mal à accueillir", les sans-papier.e.s sont les producteurs de richesses de tous types et sources d’un enrichissement qui nous permet de sortir la tête de la France. Depuis longtemps déjà, nous cherchons nos propres modes d’action dans cette lutte pour la régularisation de tou.te.s les sans-papier.e.s en disant qu’elle est aussi celle de la liberté de circulation et d’installation. C’est pourquoi, camarades antifascistes, nous vous invitons à nous rejoindre dans la lutte des sans-papier.e.s, premières victimes des lois d’Etat et des dogmes capitalistes.

De plus en plus d’individu.e.s se mobilisent contre les frontières, l’Europe de Schengen et le contrôle social. Les sans-papier.e.s s’organisent pour les régularisations tandis que des luttes contre les expulsions et les centres de rétention se développent un peu partout dans le monde (Australie, Angleterre, Allemagne, etc.).

Sortons de chez nous. Organisons-nous, avec ou sans-papiers, contre les centres de rétention et les expulsions. Mettons en échec ce système qui nous dépossède de nos vies. Manifestons, agissons circulons pour exister.