La Suisse de l’Amérique Centrale, c’est comme ça qu’on appelle le Costa Rica dans les milieux politico-médiatiques bourgeois occidentaux. C’est vrai qu’officiellement la neutralité politique du pays est comparable à celle de nos voisins helvètes et que c’est de là que le Costa Rica tire, selon certain-e-s, son niveau de vie le plus élevé d’Amérique centrale.
Dans les faits on n’en est pas exactement là. Ok, ils-elles n’ont pas connu de guerilla comme le Nicaragua, leur voisin au Nord, ni de conflits ouverts avec les États Unis comme leur voisin au Sud, le Panama. Mais ça ne les empêche pas d’accueillir clandestinement les soldats gringos pour contrer la révolution sandiniste dans les années 70 ni de collaborer grassement aujourd’hui avec l’Etat et les multinationales US, tant dans le pillage du pays que dans la lutte contre la drogue et autres joyeusetés. L’actuel président Oscar Arias, ancien prix Nobel de la paix pour son soi-disant rôle dans le processus de paix en Amérique centrale, copine sec avec l’ami du Nord. En 2007 il a fait approuver par référendum le traité de libre échange avec les USA. La neutralité a ses limites, surtout quand les intérêts commerciaux sont en jeu.
Au milieu de toute cette pseudo-neutralité pacifiste un florissant mouvement social fait vivre le pays et au milieu de tout ça un groupe anar bien motivé. Une petite quinzaine d’activistes au total et une centaine de soutiens les années fastes, c’est déjà pas mal pour la capitale d’un pays de 4,5 millions d’habitant-e-s.
Rassemblé-e-s autour d’une librairie-bouquinerie appelée Centre Germinal qui a pour devise ”Lire éradique l’ignorance et la soumission au pouvoir”, ils et elles s’impliquent dans plein de projets différents. La librairie se charge d’organiser et d’accueillir des conférences débats toutes les deux semaines. Le cercle d’étude La Libertad gère la sortie tout les deux mois de la revue La libertad et quelque un-e-s animent aussi l’émission de radio hebdomadaire. En plus de tout ça, ils et elles participent, individuellement ou en tant que groupe, à la majorité des mouvements sociaux qui animent le pays, organisent des concerts de soutien pour le journal ou pour des camarades des pays voisins.
Depuis 2006, en temps de campagne contre le TLC (tratado de libre comercio : traité de libre échange avec les Etats-Unis) ils-elles ont diffusé une propagande abstentionniste salutaire dans l’ambiance électoraliste accompagnant le premier référendum du pays. Ils-elles soutiennent les luttes pour l’eau des communautés locales qui se battent pour vivre contre des complexes hôteliers tenus par les riches étasunien-ne-s en mal de verdure reconstituée. Dernièrement il semble qu’une des rares communautés indigènes du Costa Rica soit en train de mettre en place une organisation proche de celle des zapatistes du Mexique et le groupe fait partie des premiers soutiens.
La solidarité internationale est un axe que le groupe anarchiste du Costa Rica a choisi de privilégier, en proposant leurs ondes radio à tou-te-s les camarades d’Amérique latine ou d’ailleurs et en faisant des appels à contribution internationaux pour la revue. Comme partout les finances du groupe sont volatiles, alors n’hésitez pas à vous replonger dans vos cours d’espagnol de 4ème pour leur envoyer du soutien, une émission de radio ou un article !