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Grèce : Emeute Yeah !

mercredi 17 décembre 2008


Depuis la Grèce et dans toute l’Europe, on nous parle d’émeutes urbaines. Le gouvernement grec parle de casseurs, voire même de terroristes qui osent s’en prendre à des banques et à ses favoris les flics. Tout cela parce que samedi 6 décembre, les flics ont tué quelqu’un. L’Etat les entraîne pour ça : un flic est un type assermenté avec un flingue.

Cette fois-ci c’est un jeune de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos, qui a été assassiné de sang froid par la police dans le quartier d’Exharria, autour de l’Ecole Polytechnique d’Athènes, occupée actuellement (eh oui, il y a aussi des conflits sociaux en ce moment à Athènes !). Contrôle, provocations policières, comme à chaque crise, chaque tension sociale. Des camarades ne se sont pas laisséEs faire, illes ont commencé à se défendre. La police a sorti les flingues, a tiré, a tué. Depuis, la juste colère de nos camarades se voit partout tous les soirs, dans les rues mais pas seulement.

Qui était dans les rues à balancer des cocktails molotov et des pavés sur les flics ? A s’en prendre aux banques, aux magasins de luxe, à toutes ces choses qui sont inutiles et nuisibles à nos vies ? Ils ont parlé d’anarchistes. Mais ils ont arrêté d’en parler très vite, parce que qui dit anarchistes dit contenu politique. Or il ne fallait surtout pas dire ça, surtout avec l’annonce de longue date d’une grève générale massive. L’Etat grec, comme tout Etat bourgeois, comme toute les démocraties bourgeoises européennes, précipite les politiques libérales pour casser les maigres acquis sociaux. Il fallait absolument que sa propagande intervienne vite, pour éviter de montrer des connexions possibles entre les luttes.

Evidement la colère des anarchistes, des anti-autoritaires, de ceux qui refusent de voir l’Etat tuer qui que ce soit dans la rue est légitime. Et il faut ajouter à cela la colère de tous ces genTEs qui travaillent, qui sont précaires et qui vivent de peu (le salaire moyen est inférieur à 600 euros), pendant que les bourgeoisES tentent de les faire pleurer, comme en France, comme aux Etats-Unis, en leur demandant de mettre la main à la poche pour renflouer les caisses des banques.

L’Etat a répondu à cette crise sociale par la matraque et par le meurtre. Il ne fallait plus dire "les anarchistes", parce que cela impliquait d’analyser politiquement la situation et reconnaître que la révolte n’était pas née par hasard. L’Etat grec parle donc maintenant de simples casseurSEs et même de terroristes. Et on a pu entendre de vibrants appels du gouvernement pour demander à tous les républicainEs et démocrates de s’associer derrière lui, pour protéger la république et la propriété privée. La propriété privée ! Celle des capitalistes, des bourgeoisES qui nous gouvernent, main dans la main, avec les crapules politiques.
Evidemment, quand l’Etat tue, ce n’est pas du terrorisme. Non, c’est normal ! C’est pas si grave que ça ! Après tout, le flic est inculpé d’usage illégal de son arme pendant son service. Il va être déposé, il y aura un petit procès et puis c’est tout. Ça s’est déjà produit ailleurs qu’en Grèce : l’Etat qui tue, ça se produit tous les jours. Par contre, ce qu’ils appellent terrorisme, c’est quand les genTEs s’en prennent aux symboles marchands. Des banques qui crament, les flics qui se prennent des pavés, nous ça nous fait rire et on trouve ça très bien ! Après tout, illes ont des boucliers ! Ils s’attendent à quoi quand illes viennent taper avec des matraques ?

Nos camarades anarchistes, anti-autoritaires ou tous ceux qui occupent la rue pour exprimer leur colère n’agressent pas des gens dans la rue, ne font pas des contrôles au faciès, ne matraquent pas des gens pour un oui ou pour un non, ne les foutent pas en taule... Ils s’attaquent à des symboles bourgeois, marchands, cassent tout ce qu’illes estiment nuisible à nos vies. Les flics se lâchent en réponse. Et ils ne sont pas seulEs : il y a ceux que les médias présentent comme des citoyenNEs furieuSESx au service de la police… Ceux là sont membres de groupes fascistes (comme l’ONNED) qui n’en sont pas à leur coup d’essai. ArméEs par les flics (lacrymos, casques), ils ont attaqué des cortèges, des barricades à coups de battes de base-ball, de couteaux. Quoi que les fascistes, les identitaires et toute l’extrême-droite puissent prétendre, ils sont toujours des larbins au service des capitalistes et de la version la plus brutale de l’Etat.

La mobilisation du quartier anarchiste d’Athènes avait déjà bien aidé à faire tomber le régime des généraux en 1973. A l’époque, l’État assassin avait envoyé les chars sur l’école polytechnique occupée. Aujourd’hui il utilise d’autres méthodes mais le but est le même : écraser la contestation, acheter la paix sociale. Tenez bon, tenons bon, on est peut-être pas loin de la chute d’un régime ?!