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Nous on ne vote pas !

4 pages spécial anti-electoral (2 textes)

dimanche 15 avril 2007, par zero


"Aux Urnes..." Bla bla bla

« Voter pour lui, contre celui-là, voter pour ci, voter pour ça ». Le matraquage médiatique pour nous conduire aux urnes est permanent. Voter quoiqu’il arrive, même le pire, c’est ce qu’on attend de nous. « Voter car c’est la seule alternative », « Voter car c’est un devoir ». Allons joyeusement s’inscrire sur les listes électorales. Cette fois c’est sûr les citoyen-ne-s s’intéressent à la vie politique etc. Plus personne n’y croit mais tout le monde fait mine.

Objectif, pour tenter de nous satisfaire, nous imposer ce spectacle électoral grotesque par tout les moyens. À la télé, dans les journaux, partout où les financiers et les actionnaires ont les moyens de nous vendre un sentiment de souveraineté. Les sujets en vogue ? Sécuritaire, immigration, régression sociale... Un mal pour un bien, puisque nous sommes en mesure de choisir qui mènera cette politique dévastatrice pour nous.

Mais pourquoi tient-on tellement à nous mener à l’isoloir ? Peut-être aurait-on peur que tout ce cirque n’amuse plus personne et qu’au lieu de ça l’on commence à se rassembler dans les rues, dans les usines, dans les salles de cours, dans les quartiers. Youpi ! Vive la démocratie déléguée version 2007. Après nous avoir fais peur pendant cinq ans avec des casseu-se-rs masqué-e-s et des immigré-e-s voleu-se-rs de travail, ce sont les mêmes qui nous propose le laxatif. Quelle mascarade !

« La classe politique, qui d’autre peut se dire sincèrement dans le camp des bonimenteurs ? ».

Les élections, ils nous les vendent, comme une campagne de pub. Comme un produit prêt à consommer pour nous soulager. Des thématiques populistes, des phrases choques, toujours plus de médias, du strass, des paillettes, bref du spectacle réalisé par les meilleurs publicitaires et les experts en communication les plus habiles.

Tout ces guignols sont les marionnettes de ce plan média géant. Ça fait parler, ça fait écrire, ça fait vendre de l’espoir… Bref, ça fait du fric !

Depuis la petite école c’est le même bourrage de crâne. « Voter c’est la seule alternative, le luxe suprême de l’homme libre. » Libres mais dirigé-e-s, libres mais exploité-e-s, libres mais réprimé-e-s, mais, mais, mais... Plutôt que de choisir à quelle sauce nous serons manger, agissons par nous même et pour nous même et construisons l’alternative sociale loin de l’arnaque politicienne.

Construisons l’alternative sociale dans la rue

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Nous on ne vote pas et souvent quand on le dit autour de nous, les gen-te-s restent pour le moins dubitatif-ve-s, voir défiant-e-s. Et après avoir lâché une demi-phrase mal aboutie au mieux nous sommes des doux rêveurs, au pire des irresponsables immatures.

C’est qu’on a pas l’habitude d’entendre ce genre de discours tous les jours, et que rare sont les espaces accessibles où l’on trouve le temps de faire un exposé honnête de notre position pour ainsi dire marginale, dans tous les sens du terme. Et bien prenons-le ici.

Le vote n’est en aucun cas l’expression de la souveraineté politique de l’individu-e. Au contraire, la délégation du pouvoir participe de l’abandon par l’ensemble des membres de la société de nos prérogatives politiques. À aucun moment il nous est donné de nous prononcer sur l’essence même des politiques qui seront menées pour nous, à notre place.

L’élection présidentielle revient en fin de compte à un drôle de paradoxe : l’élection d’un mandataire sans mandat, c’est à dire l’élection de quelqu’un et non pas le vote pour quelque chose. À moins de croire sur paroles les promesses électoralistes, ce que nul n’est tenu de faire une fois élu.

La politique n’appartient en aucun cas à « des champion-ne-s de la démocratie ». Rendre le discours politique compliqué sert à nous désintéresser de ce qui nous appartient de plein droit au profit d’un parlementarisme théâtral. Faire de la politique, c’est s’organiser collectivement pour vivre ensemble, se nourrir, se soigner, se loger. Le politique, c’est nos vies !

Ainsi nous opposons démocratie représentative et démocratie directe, qui se fonde sur un moyen de décision collectif égalitaire.

L’État n’est en aucun cas l’expression du bien commun. L’État est garant de la loi qui est par essence l’expression de la domination d’une classe sociale sur le reste de la société. Défendre la propriété privée, assurer la prospérité du capitalisme et de l’exploitation salariale, assurer la paix sociale et la hiérarchie entre individu-e-s (que les pauvres le restent et en silence !), voilà quelques-unes de ses missions.

La démocratie représentative que nous connaissons aujourd’hui ne représente en rien ceux et celles qui produisent les richesses mais qui n’y ont pas accès. Il est l’instrument de pilotage d’un cercle très fermé qui ne jure que par le profit et le maintien de ses privilèges de classe.

Aller voter, c’est justifier à la base toute une société d’inégalité et d’oppression, c’est renouveler la tutelle de la bourgeoisie d’État et accepter son autorité.

Nous ne sommes pas d’ « extrême gauche », nous ne sommes pas « apolitiques ». Notre lecture de la société nous sort des clivages bidons droite/gauche (qui sentent de plus en plus la même odeur de carotte) pour une lecture clairement anti-capitaliste. Les urnes ne mettront jamais fin à la société de classe, et ce quoi que puissent laisser entendre les candidatures des gauches « révolutionnaires ».

Ces pseudo représentations de la classe ouvrière s’affichent d’ailleurs de plus en plus comme des volontés réformistes et de gestion du système, quitte à défendre « un emploi salarié pour tou-te-s » et se laver la bouche à chaque fois qu’ils prononcent l’expression « lutte des classes ».

Le vote n’est pas un outil de transformation révolutionnaire puisque son essence même est conservatrice : il s’agit de décider qui sera notre prochain-e chef pour les 5 années et non pas de changer la société capitaliste sur ses bases même, profondément inégalitaires.

Notre objectif n’est pas la conquête du pouvoir. Nous n’avons aucune prétention à servir d’avant-garde éclairée ou de sauveu-se-r suprême. Nous ne cautionnerons jamais les gouvernements type soviétiques, qui sous prétexte de bannir la classe dominante, en recréent une autre aux allures totalitaires et bureaucratique.

Nous voulons la mise en place d’une société libertaire et égalitaire à tout point de vue (car sans égalité économique et sociale, l’égalité politique est un leurre.

À la démocratie représentative, nous préférons la démocratie directe : la gestion directe de la société par ceux et celles qui la perpétuent, en privilégiant les lieux de vie autogérés. Nous croyons que la participation dans les mouvements sociaux est un meilleur moyen de changer les conditions dans lesquelles nous vivons sans perdre de vue la nécessité de créer des nouveaux rapports d’organisation.

Nous pensons d’autant plus urgent ce renversement que le capitalisme porte en son sein une violence insidieuse et les bases d’une société de l’individualisme, de la peur et du rapport de force constant. Aux allures de plus en plus autoritaire, et ne trouvant plus de raison d’être collective que dans les communautarismes et le patriotisme, il en faut peut pour que le fascisme devienne son stade ultime de développement.

« Oui mais… » certain-e-s sont mort-e-s pour qu’on puisse voter. Et d’autres sont mort-e-s pour le nazisme… cela ne l’a pas rendu plus légitime pour autant.

Blague à part, la véritable utopie serait de croire que l’on peut combattre le système avec les miettes qu’il nous jette pour mieux nous tenir en place. Le vote a en effet cette double utilité : il donne l’illusion du choix et casse les revendications sociales trop « radicales ». Aujourd’hui le réalisme politique c’est d’accepter la défaite : vote, bosse… et ferme-là ! Mais le droit du travail, les acquis sociaux sont TOUS sortis des agitations sociales, ne l’oublions pas (et reprenons les pavés).

« Oui mais… » si Le Pen est au deuxième tour ? Il n’y sera pas par hasard. Les thématiques favorites des fachos : délire sécuritaire, xénophobie, intégrisme catho, politique sociale rétrograde, ultra-libéralisme… ne tombent pas du ciel. Et si Le Pen a pu développer ses idées puantes c’est qu’on l’a laissé faire parce qu’il a sa place intégrante dans le discours dominant. Pire, il inspire tou-te-s ses « collègues » en étant à l’initiative du grand virage à droite actuel de tous les partis (sans exception ou presque).

La fascisme est un autre aspect, plus exacerbé, mais pas fondamentalement contradictoire avec le modèle de société ultra-policée que l’on nous prépare. Pour cause, les industriel-le-s allemand-e-s de 1933 étaient bien heureux d’avoir un Hitler sous la main pour ne pas remettre en cause leur petit pouvoir face aux mécontentements sociaux.

Les idées de Le Pen sont une menace de par leur existence même dans le débat public. L’extrême droite ouvre la voie, 5, 10, 20 ans avant tout le monde, aux thématiques racistes et réactionnaires. Elle est celle qu’on montre du doigt pour montrer qu’on est encore un-e républicain-e qui se respecte et à la fois celle qui prépare les cerveaux à l’introduction de nouvelles thématiques toujours plus chauvines et antisociales. Le Pen constitue la limite visible de l’odieux, sans cesse repoussée. Si bien qu’aujourd’hui on parle sans rougir de ministère de l’identité nationale et de traques aux sans-papier-ère-s. Le plus grave, ce n’est pas que Le Pen puisse arriver au pouvoir, mais que ses idées y soient déjà.

Face à cela il nous faut réaffirmer notre fraternité universelle sans faille. Notre sympathie va aux travailleur-se-s et aux exploité-e-s de tous les pays. Notre vigilance s’attaque à tous les discours clichés, aux raccourcis stigmatisant, et aux lois racistes présent e s ou à venir. Nous ne serons jamais les spectateur-rice-s complices de ce qui prend forme au quotidien et dont on fait mine de s’alarmer tous les 5 ans. La merde est déjà sous nos yeux, luttons !

« Oui mais… » la démocratie directe à 60 millions est inconcevable. C’est pour cela que nous pensons la réaliser à 6 milliards.

L’autogestion et la démocratie directe s’opposent à toutes formes de centralisation des décisions, elles n’ont ni patrie ni frontière, ni bureau central. Nous pensons qu’elles doivent permettre le développement de forme d’organisation autonomes à l’échelle locale, toujours suivant le postulat de la transparence et de la légitimité des décisions recherchées, la non appropriation par certains des richesses produites par le collectif et l’affirmation de l’aptitude des humain-e-s à s’organiser sans dirigeant-e-s (et donc sans dirigé-e-s).

La condition de base est que chacun-e affirme sa condition de participant-e et puisse faire connaître et faire valoir ses intérêts, et non plus les déléguer. Nous sommes encore les mieux placé-e-s pour savoir ce que nous voulons.

L’autogestion n’implique pas une absence de règles, mais que les règles soient décidées par les personnes concernées. Elle ne se limite pas au seul champ économique et doit être réalisée dans tous les secteurs de vie collective : dans nos quartiers, dans nos usines, dans nos lieux d’interactions et d’échanges en général.

Nous pouvons aussi mentionner quelques expériences autogestionnaires fameuses : pendant la commune de Paris (1871), la Russie des soviets (1917) et l’Espagne Républicaine de 1936-38. Elles ont toutes été réprimées, par l’ordre bourgeois ou les courants autoritaires du marxisme d’État.