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Prévention Délinquance : Surveiller, Punir

Tract de ZDC concernant le projet de loi "Prévention délinquance"

lundi 9 octobre 2006, par zero


Malgré une contestation grandissante chez les professionnels du secteur social, le projet de loi sur la prévention de la délinquance est passé au sénat le 19 Septembre, il devra encore être validé à l’Assemblée Nationale courant Octobre.
Prenant prétexte des émeutes d’automne 2005, ainsi que des derniers faits divers ultra-médiatisés (voir parfois carrément mis en scène) autour de la délinquance dans les quartiers populaires, ce projet de loi est en réalité en cuisine depuis le rapport Benisti de 2004, dans lequel on trouve une étude pseudo scientifique (d’ores et déjà fustigé par les professionnels de la santé et de l’éducation), graphique à l’appui. Elle montre le parcours type d’un « jeune qui au fur et à mesure des années s’écarte progressivement du droit chemin pour s’enfoncer dans la délinquance », en partant des difficultés de langues à 3 ans pour finir par des vols à main armée à 23 ans...
Ce fameux rapport présente ainsi la délinquance comme une pathologie que l’on pourrait déceler chez les jeunes enfants et traiter ensuite médicalement et psychologiquement...

Du flic, du képi et du bleu marine...

C’est sur la base de cette étude des plus grotesque que Sarkozy nous sert un ramassis de mesures visant à accentuer et à étendre le contrôle de l’Etat à tous les domaines de la société et à renforcer le sentiment d’insécurité. Cette loi s’inscrit aussi dans le prolongement de nombreuses autres qui permettent d’institutionnaliser progressivement l’idéologie sécuritaire (Lois Perben, loi sur la sécurité intérieure, quotidienne, loi sur la récidive, sur le contrôle et l’accueil des sans-papiers...).

Prétendant un souci de "dépistage précoce de la délinquance", la loi prévoit la centralisation des fichiers sociaux, médicaux et scolaires dans les mairies par le biais d’un conseil de sécurité et de prévention de la délinquance. L’Etat, par la création d’une sorte de « casier social », rompt le lien de confiance entre familles et travailleurs sociaux. Cette remise en cause du secret professionnel se fait au profit du maire qui se verra acquérir de nouveaux pouvoirs : il pourra notamment « proposer » un contrat familial, et en cas de non-respect de celui-ci, les parents se verront imposer un stage de « responsabilité familiale ». Le maire peut aussi suspendre ou mettre sous tutelle les allocations familiales : c’est de la vieille logique libérale pure et dure : faire culpabiliser les parents et les rendre responsables de leur misère sociale !

Toujours selon le même principe de dépistage précoce, c’est au personnel éducatif que Sarkozy impose un des rôles central de son dispositif nauséeux. Dès la maternelle, ceux-ci devront faire part au rectorat des élèves présentant des ? Troubles comportementaux , en vrac : problèmes de langues, asociabilité, indiscipline, absentéisme...

Soulignons au passage que le facteur de maîtrise du français (et uniquement du français !) ne fait que renforcer la stigmatisation des étrangers, et entretenir un amalgame douteux... Elle était en outre déjà une condition de régularisation dans la circulaire Sarkozy du 13 juin.
De plus, une évaluation du comportement est également prévue par le biais d’une note de vie scolaire et par l’institution de profs référents, déjà prévus par la loi Fillon. En clair sous prétexte de prévenir la délinquance, on va stigmatiser des enfants qui seront considérés comme des délinquants potentiels dès 3 ans et qui auront dès lors le privilège d’être fliquer en permanence. Toutes les informations collectées se retrouveront ensuite sur le bureau du maire. A titre indicatif : l’absentéisme entraînera la suspension des allocations familiales.

Outre le dépistage, la loi dote aussi l’état de nouveaux moyens de contrôle et de répression. L’usage de la biométrie et de la vidéo-surveillance va tendre à se multiplier : la loi prévoit en effet des réductions d’impôts pour les personnes mettant en place une installation de vidéo surveillance directement sur leur façade. Quant à la biométrie, elle est déjà une réalité pour de nombreux lycéens et collégiens.
Mais ne tombons pas dans la caricature, il n’y a pas que du répressif non ! Il y a aussi l’intégration ... par le képi ! En effet, un "service volontaire citoyen de la police nationale" sera proposé aux moins de 17 ans dans le but prétendu d’intégrer les jeunes (français) n’ayant pas commis d’actes "contraire à l’honneur, aux bonnes moeurs". C’est en fait la création d’une milice locale qui est prévue, des jeunes qui devront surveiller leur entourage pour le compte de la police... organiser la délation des pauvres par les pauvres, on appel ça diviser pour mieux régner !

La police justement, elle aussi bénéficiera de nouvelles mesures comme par exemple, en matière de lutte contre les stupéfiants, la provocation au délit : c’est la possibilité de proposer de la drogue à un particulier pour l’arrêter immédiatement si celui-ci accepte... Enfin concernant le traitement des jeunes délinquants, hormis le traitement psychiatrique et médical, les mineurs de moins de 16 ans devront subir des stages de formation civique et professionnelle, comme si l’entreprise et le citoyennisme pouvaient résoudre les problèmes sociaux. Et pour les moins de 13 ans, ceux-ci seront « extraits de leur milieu criminogène » et placés dans des établissements spécialisés pour un travail psychologique adapté... Les psychiatres et leurs médocs sur fond de loi martiale, ça vous fait pas envie ?

La fin justifie les moyens...

Ne nous y trompons pas, même si les mesures sont nouvelles, l’idéologie sécuritaire dont elles sont issues ne l’est pas, et les nombreuses lois en matière de sécurité, passées par les gouvernements successifs ont parfaitement joué leur rôle de travail de l’opinion publique. (Vigipirate, loi sur la sécurité intérieure...).

Ce qu’il faut dénoncer avec vigueur, c’est ce projet de société aux allures totalitaires, cette place quasi unique du contrôle et de la répression dans le traitement du social. Rappelons que les régimes autoritaires se caractérise entre autres par l’extension du contrôle de l’Etat à l’ensemble des sphères de la société : école, famille, vie privée... Le contrôle et la répression y sont permanents au nom d’un maintien devenu obsessionnel de la paix sociale et du silence des plus pauvres.

Le plus aberrant dans toute cette histoire, c’est sans doute son commencement, ce rapport Benesti et cette courbe sans abscisse du « parcours déviant » dessiné pour toi par l’Etat, qui n’est d’ailleurs pas sans rappelle, par son caractère pseudo-scientifique, les études des scientifiques nazis tentant de démontrer la supériorité de la race arienne, elle place le traitement de la marginalité sur une pente des plus glissante...

D’ailleurs, l’idéologie sécuritaire ne se suffit pas à elle même, ce n’est pas là le but ultime de nos gouvernants. Le renforcement du contrôle social, l’atomisation de la société, la présence permanente de la flicaille dans nos vies n’a pas d’autre but que d’assurer la pérennité du système capitaliste, toujours à la recherche de plus d’ordre pour survivre.
Et vous savez quoi ? la loi prévoit également une sanction nouvelle en cas d’occupation des infrastructures de transports … comme si ils se doutaient de quelque chose …

MANIFESTATION MARDI 10 OCTOBRE
14h30 PLACE DE LA REPUBLIQUE à LILLE !

Zero de conduite.