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IsraélienNEs et PalestinienNEs ensembles contre l’occupation

lundi 23 juin 2008


La diffusion au Centre Culturel Libertaire de deux films ("Bil’in Habibti" de Shai Carmelli Polack, et "In Working Progress", de Alexander Goetschmann et Gaï Davidi) à propos de la construction de la barrière de sécurité et de l’expansion des colonies, nous a permis d’en apprendre un peu plus sur les luttes contre la colonisation de la Palestine et en particulier sur le mouvement des Anarchistes contre le Mur.

De deux peuples étrangers...

La deuxième Intifada, qui a débuté en septembre 2000 suite à la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, a fait plus de 4.000 victimes, dont plus de 3.000 Palestinien-ne-s et d’un millier d’Israélien-ne-s. L’une de ses conséquences a été la décision de construire une "barrière de sécurité" le long de la ligne verte (ligne dessinée lors de l’armistice de 1949). Déjà proposée par les Travaillistes auparavant, sa construction a démarré en 2003 et aujourd’hui près de 60% de cette barrière sont terminés. Cette barrière, censée protéger la population d’Israël contre les incursions terroristes, s’écarte de la ligne verte jusqu’à 23 km à l’intérieur des terres palestiniennes. Elle restreint énormément la circulation des Palestinien-ne-s et empiète sur de nombreux villages, dont une partie des terres sont ainsi confisquées, au bénéfice des colonies israéliennes voisines qui continuent d’être construites. Des routes se construisent : la circulation y est réservée aux citoyen-ne-s israélien-ne-s. Tout cela n’est que la continuation d’une politique de séparation entre Juifs et Arabes et de morcellement de la Cisjordanie qui avait démarré sous Olso, en 1994, avec la délimitation des territoires en trois zones (A sous contrôle palestinien, B semi-autonome et C sous contrôle israélien).
L’une des autres conséquences essentielles de cette deuxième Intifada est le fossé de plus en plus grand entre les deux populations, dû non seulement à la violence des confrontations mais aussi à l’impossibilité pratique de cohabitation et donc d’échanges. L’opinion publique israélienne est plus que jamais affolée par sa presse et ses politiques : pour beaucoup, le Palestinien, c’est l’Autre, un danger potentiel. Le champ politique a par ailleurs évolué et la gauche parlementaire s’est déplacée vers une adhésion plus franche au sionisme, éloignant d’autant les perspectives d’une paix juste et durable.

...à la lutte conjointe

C’est dans ce contexte qu’ont commencé à se développer de nouveaux modes d’action, dont l’une des premières caractéristiques a été de transgresser cette séparation voulue entre les deux peuples. Les fondateurs de Ta’ayush ("coexistence" en arabe), jugeant que les manifestations à Tel-Aviv et les déclarations solennelles ne suffisaient pas, ont organisé à partir de l’hiver 2000 des convois de vêtements, de nourriture, de médicaments, etc. jusqu’en Palestine, malgré les tentatives de l’armée et de la police pour empêcher ces initiatives humanitaires autant que politiques.
Dans le sillage de Ta’ayush, un camp de la paix s’est installé dans le village de Mas’ha, menacé par la construction de la barrière de séparation. Ce camp a duré plusieurs mois et constitué un creuset composé de militant-e-s venus de Palestine, d’Israël et du monde entier. Des manifestations et des actions directes non-violentes ont été organisées depuis ce camp, de manière collective et non hiérarchique. Le groupe signait alors ses actions d’un nom différent à chaque fois. Lors d’une manifestation revendiquée sous le nom d’"Anarchistes contre le Mur" en décembre 2003, un Israélien est gravement blessé par les balles de l’armée. La médiatisation figera alors le nom du groupe. Depuis cinq ans, les Anarchistes contre le Mur ont participé à des centaines de manifestations et d’actions directes dans les villages touchés par cette barrière que beaucoup qualifient d’"apartheid" (Budrus, Bil’in, Jayyous, Beit Surrik...) et obtenu quelques petites victoires ! Le tracé du Mur a été modifié et/ou reconnu illégal dans plusieurs endroits et, surtout, la coopération entre Israélien-ne-s, Palestinien-ne-s et internationaux s’est révélée possible et efficace...
Nous avons choisi de présenter le point de vue de plusieurs Anarchistes contre le Mur à partir d’extraits d’entretiens glanés sur internet.

Au début... la rencontre

La mobilisation contre le Mur a d’abord été due à la convergence de vues de militant-e-s convaincu-e-s d’aller s’opposer sur le terrain à la colonisation.

Yossi [membre du groupe gay Black Laundry] : Quand la construction du Mur de l’Apartheid a commencé en 2002 et 2003, beaucoup de gens – très jeunes, des punks, des gays, des lesbiennes, et des transexuels de Tel-Aviv - sont venus dans un village en Palestine. C’était un village très conservateur, mais ils ont été invités par le village à venir et à construire une tente de la Paix contre le mur. C’était à Mas’ha. Cela a duré cinq mois, et les Israéliens et les Internationaux ont réalisé ce qui se passait avec la barrière, ce que c’était, où elle allait être construite, etc. Tout au long de ces cinq mois, une chose nouvelle est arrivée à la Gauche radicale. C’était la première fois que nous rencontrions quotidiennement des Palestiniens et que nous vivions avec eux. C’était aussi une chose nouvelle pour les Palestiniens. C’était vraiment un endroit de dialogue. De cela est ressorti un lien très étroit entre les Anarchistes Juifs et les Palestiniens. Naturellement les Anarchistes étaient toujours contre l’occupation et l’oppression de l’Etat Sioniste, mais je crois que ce camp a introduit ces questions dans nos vies quotidiennes. Je pense que c’était les premiers pas des Anarchistes Contre le Mur. Lors des derniers jours du camp, nous avons commencé à faire des actions. Nous avons effectué des actions directes contre le mur dans d’autres villages. Nous avons essayé d’arrêter la construction du mur à Mas’ha et le camp a été détruit par l’armée. Ils nous ont ordonné de ne jamais revenir là-bas. C’était le début d’un groupe d’actions directes qui était organisé anarchiquement, sans hiérarchie, et directement démocratique. Nous avons commencé à faire de plus en plus d’actions dans les villages partout en Palestine et tout le long du tracé du mur.

Yossi : Tout d’abord, il y a beaucoup de groupes dans le mouvement de la Paix qui sont très proches de nous. Black Laundry, par exemple, est un groupe gay contre l’Occupation qui travaille beaucoup avec les Anarchistes Contre le Mur et vice versa. Ta’ayush est très actif et nous travaillons avec eux. Nous ne sommes pas organisés de la même manière, nous ne travaillons pas avec les mêmes méthodes, mais nous travaillons ensemble. En termes d’idéologie, nous n’avons pas une liste de nos demandes. Naturellement, la plupart d’entre nous voudrait une solution sans Etat. Nous sommes contre tout type de séparation, et nous sommes contre le Mur peu importe où il va être construit. Nous sommes aussi contre l’Autorité Palestinienne. Nous voyons l’Autorité Palestinienne comme un autre outil de l’oppression. Nous travaillons avec eux certaines fois, mais nous ne soutenons pas l’Autorité Palestinienne comme le fait Gush Shalom. Nous ne sommes pas d’accord avec eux sur de nombreux points. Nous agissons différemment de la plupart des groupes vis à vis de la police. Nous n’informons jamais la police d’une action. Mais au bout du compte, nous nous soutenons et nous travaillons ensemble. Il y a des disputes, mais nous maintenons un dialogue.

Risques

Face à l’armée qui interdit systématiquement leurs manifestations, les militant-e-s courent de grands risques. Plusieurs d’entre eux ont été blessés, une militante internationale a été tuée - mais leur présence sur place protège, malgré tout, les Palestinien-ne-s contre une répression encore plus féroce.

Matan [blessé à l’oeil par une balle en caoutchouc] : Je ne pense pas que j’aurais été à la manifestation si quelqu’un m’avait dit que je serai blessé comme ça, . Mais le risque d’être blessé ou tué plane toujours au dessus de la tête de tout le monde. En ce qui me concerne, je continuerai à aller aux manifestations non-violentes, car il n’y a pas d’autres choix. La barrière laisse des gens complètement démunis, dans un total désespoir. Continuer la lutte est vital pour montrer que - même s’ils utilisent la violence quotidienne pour briser la lutte - ils n’y arriveront pas et ne nous feront pas taire. Je crois que les protestations non-violentes ont beaucoup plus de pouvoir que l’oppression violente.

Jonathan Pollak [blessé à la tête par une grenade lacrymogène] : Il est très fréquent que les Palestiniens soient blessés ainsi, ou pire. C’est moins courant pour les Israéliens. Il n’y a eu que trois blessés de cette manière ou plus gravement parmi les Israéliens en un an et demi de manifestations. Il y a eu des centaines de blessés graves chez les Palestiniens et six morts. Il y a eu une manifestation en février 2004, dans le village de Biddu [...]. Ce jour-là nous avons vu trois Palestiniens mourir de blessures à balles réelles. Au moins un d’entre eux a été atteint à la tête par des snipers postés sur un toit voisin. C’est arrivé devant mes yeux, si bien que je peux l’attester. Une personne a aussi reçu une balle dans la tête au village de Beitunia. A Biddu, un autre homme a été atteint dans la partie supérieure de l’estomac. Il est mort. Une autre personne est morte à l’intérieur de sa maison, apparemment à cause de l’inhalation de gaz lacrymogènes, à Biddu [...] Le degré de violence que l’armée déploie illégalement dissuade certains de manifester. Je ne pense pas que cela me dissuadera dans l’avenir, mais je dois me souvenir que je cours beaucoup moins de risques parce que je suis Israélien et que c’est un état d’apartheid. Lorsque je suis blessé à la tête, et blessé relativement légèrement - je n’ai aucune séquelle - il y a des articles dans les journaux et Internet. Quand, il y a quelques jours, un Palestinien, un jeune du village de Saffa, près de Bil’in où j’ai été blessé, a été atteint à l’œil par une balle en caoutchouc et a perdu son œil, il n’y a pas eu d’articles du tout. [...] Je pense qu’il vaut mieux qu’Israël comprenne que s’il brise la résistance populaire et essentiellement non violente, cela ne fera qu’encourager une résistance plus violente et brutale, parce qu’on ne peut pas espérer que les gens acceptent tranquillement qu’on les prive de leur existence.

Question : En dehors des blessures physiques infligées, quelles sont les autres sortes de pressions militaires ? Dans des villages comme Bil’in et Budrus les militaires pénètrent régulièrement dans les maisons des Palestiniens.

Jonathan Pollak : Cela fait partie de la même stratégie. L’armée israélienne utilise la punition collective, qui est interdite par la loi internationale, pour dissuader les gens de manifester, et je pense que c’est une vision à très court terme du conflit. Encore une fois, ils arrêtent des gens et pénètrent dans les villages de manière régulière. A Budrus et Bil’in l’armée est venue la nuit dans le village, faisant sortir de leur maison les hommes entre 10 et 50 ans, les photographiant sous trois angles et arrêtant des gens qu’ils suspectent de participer à des manifestations ou de jeter des pierres. Généralement c’est juste du harcèlement. Ils pensent briser les gens de cette manière.

L’opinion en Israël

Malgré la pression militaire, politique et médiatique, la lutte conjointe contre la barrière de séparation a permis de sensibiliser une partie des populations des deux côtés, mais le chemin est encore long...

Yossi : Beaucoup d’entre nous se sont rendus compte que cette armée et cet Etat n’étaient pas les nôtres. Le public israélien et les médias israéliens nous ont réellement soutenus chaleureusement pendant les deux premiers jours. Un Juif s’était fait tirer dessus, c’est mal. Les gens pensaient que nous devions être punis pour avoir détruit détruit la barrière, mais pas en nous tirant dessus. Comme il y avait de plus en plus de manifestations, de plus en plus de gens se faisaient tirer dessus, et même des Israéliens étaient blessés, ce qui a généré de plus en plus d’attention sur nous dans les médias. Mais les médias ont commencé à nous traiter comme des voyous. Ils nous ont accusé-e-s d’agir de façon irresponsable et de nous associer avec des terroristes. En fait, au cours de l’an dernier, on a pu voir bien plus de répression contre la Gauche israélienne.

Question : Vos actions ont-elles une influence sur les jeunes ?

Michal : Oui. En Palestine, les Israélien-ne-s ne sont plus vus seulement comme des militaires ou des colons. Et en Israël les Palestinien-ne-s ne sont plus uniquement considéré-e-s comme des kamikazes. Les femmes refusent de plus en plus d’effectuer leur service militaire, même si elles ne sont pas, comme les hommes, sur le terrain, et choisissent le service civil. Sur Internet, on trouve une information pour refuser le service militaire et le phénomène d’isolement est moins grand. Il faut souligner qu’il est différent de se déclarer pacifiste et de refuser de faire son service militaire dans une armée d’occupation.

Question : Comment réagissent les gens à vos actions ?

Matan : Les réactions sont différentes. Du côté palestinien, c’est ouvert, en Israël c’est le contraire. On nous considère souvent comme des traîtres soutenant les terroristes, et nous sommes dépeints comme violents bien que pacifistes ! La question soulevée est pourtant simple : peut-on vivre et cohabiter avec les Palestinien-ne-s ou non ? [...] En Israël, la majorité ne s’oppose pas à l’occupation et oublie que les Palestinien-ne-s sont des êtres humains, avec des droits, et qu’il est nécessaire de dialoguer, de se rencontrer. C’est la seule solution pour vivre ensemble. Il faut cesser cette annexion et briser la barrière mentale qui sépare les deux populations.

Question : Comment ton film a-t-il été reçu ?

Shai [S. Carmeli Pollak, réalisateur du film Bil’in Habibti] : Beaucoup m’ont dit que je leur avais montré des choses qu’ils ne savaient pas, alors même qu’ils croyaient connaître la situation. J’ai également eu des appels pour me traiter de traître. Certains spectateurs m’ont témoigné leur colère. D’autres m’ont dit que je ne devrais le montrer qu’au public israélien, de crainte qu’il ne nourrisse l’antisémitisme. Je réponds que si quelqu’un est antisémite, il n’a sûrement pas besoin de mon film, et que je suis beaucoup plus inquiet pour l’avenir de la Palestine et d’Israël que par l’antisémitisme. Le film est pour tous les publics et aussi pour les Palestinien-nes, qui sauront ainsi qu’il existe un groupe d’Israélien-nes qui reconnaît les torts causés par l’occupation, par le sionisme, et je souhaite atteindre aussi un public international. Car je crains que beaucoup de gens ne soient influencés par la propagande israélienne qui présente les Palestinien-nes comme des terroristes.

Ilan [Miltant le plus âgé du groupe, interviewé dans le journal israélien Maariv] : Quand Shalif parle, il emploie le "vous". Il ne sent pas faire partie de nous, les Israéliens, et il ne désire même pas se sentir comme tel, "merci beaucoup". Il ne se rappelle pas quand il a voté pour la dernière fois lors d’élections parlementaires. "Mes sentiments à propos d’Israël sont comme un voyageur du temps qui serait coincé ici sans pouvoir continuer son voyage.

Matan : Les actions - les nôtres et celles d’autres groupes - ont un effet. Au début de la construction du mur, il était prévu 20% d’expropriations de terres palestiniennes, maintenant c’est 10%. C’est le résultat des luttes. Notre but est 0% de terres agricoles confisquées. L’effet sur les jeunes grandit, pas beaucoup, mais c’est constant. Nous étions au début une poignée à manifester et nous sommes à présent des centaines. Nos actions constituent une alternative, même une alternative au service militaire.

Vivre et militer ensemble

Sur le terrain, les anarchistes et les autres militant-e-s travaillent et cohabitent avec les habitant-e-s de villages reculés, où domine un conservatisme moral et religieux, dans un pays où illes peuvent être considéré-e-s comme des occupant-e-s.

Yossi : Naturellement, nous sommes toujours dans des manifestations avec le Hamas, le Jihad islamique, des Nationalistes, des racistes, et nous combattons à leurs côtés avec les mêmes objectifs. Mais il y a toujours un problème : Comment concilions-nous l’anarchisme, le droit des animaux, le droit des femmes, et le droit des gays tout en travaillant avec des gens qui sont contre ? C’est dur. Nous travaillons avec des Palestiniens tout le temps et nous disons toujours que nous ne voulons pas d’Etat palestinien. Je ne combats pas pour un Etat palestinien, je combats pour la fin de l’occupation et c’est le principal objectif. Et nous ne sommes pas seuls dans ce combat. Il y a beaucoup de Palestiniens qui ne sont pas anarchistes, mais qui sont à gauche : des communistes, des socialistes. Il y a tellement de gens qui se battent pour le même objectif ; une solution d’un seul Etat est très proche de notre objectif. Je pense toujours que la chose principale est de se libérer de l’oppression de l’autre. Avant que vous vous libériez de l’oppression de votre propre société, vous devez vous libérer de l’oppression de l’autre société, qui est habituellement beaucoup plus cruelle. C’est évident en Palestine. D’abord, nous devons mettre un terme à l’occupation et rendre leurs droits aux Palestiniens. Après ça, nous pourrons parler de la façon dont nous voulons vivre ici. Si les Palestiniens choisissaient d’avoir une solution à un seul Etat, nous serons avec eux. S’ils choisissaient d’avoir leur propre Etat, nous serions avec eux. Nous n’avons rien à dire à ce sujet. Il y a des Palestiniens qui travaillent avec nous pour le même type de solution.

Question : Ici, vous avez des Anarchistes qui protestent avec le Hamas, le Fatah, et de nombreuses factions de la lutte palestinienne. Essentiellement, ils combattent toujours pour le même objectif. Comment voyez-vous le rôle des anarchistes ? Pour influencer les Palestiniens pour qu’ils adoptent une société anarchiste ?

Yossi : Nous ne travaillons pas en Palestine pour éduquer. Après tout, nous sommes les occupants. Nous ne sommes pas là pour leur dire quoi faire, mais nous sommes là pour les aider à se libérer de l’oppression de notre Etat. C’est notre but principal. Nous ne sommes pas là pour les éduquer sur le droit des animaux ou sur les autres choses pour lesquelles nous combattons. Nous avons des conversations avec eux où nous les influençons à un niveau personnel, mais nous ne sommes pas là en tant que groupe pour les faire changer d’avis. Nous ne distribuerons jamais de tracts en arabe pour expliquer ce qu’est l’anarchisme et pourquoi ils devraient nous rejoindre, parce que ce n’est pas notre façon de faire. Cependant, nous essayons d’influencer quand il s’agit du droit des femmes. Quand nous parlons avec les villageois, nous disons que nous voulons voir les femmes dans les manifestations. Les femmes de notre groupe essaient de mettre en place des actions de femmes avec des Palestiniennes pour impliquer des femmes dans la lutte contre l’occupation. Je pense que la principale chose dont nous devons nous souvenir est que nous ne sommes pas là pour éduquer, parce que pendant qu’ils seront occupés par notre Etat, nous n’avons aucune raison de venir ici pour prêcher.

Matan : En tant qu’Israélien, soi-disant menacé par l’"autre", je découvre au cours de ces actions des êtres qui sont semblables à nous, nos égaux. Nous agissons ensemble, hors de la relation occupant/occupé, et c’est là un changement essentiel. Il s’agit non seulement de briser une barrière physique, mais aussi une barrière mentale érigée depuis l’enfance. Nous pouvons travailler et lutter ensemble pour les droits et la justice ; les barrières disparaissent.