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Brèves de combat des sans-papiers (2 brèves)

Extrait du 8 pages de Zero de Conduite - été 2007

samedi 21 juillet 2007, par zero


LES ACTIONS A REPETITION N’ONT PAS SUFFIT : LA PREFECTURE POUSSE PLUS DE 130 SANS-PAPIERS A LA GREVE DE LA FAIM !

Le 17 juin 2004 l’accord Delarue est signé entre le Comité des Sans-Papiers du Nord (CSP59) et la Préfecture de Lille en présence des différentes associations et partis de la communauté lilloise, celui-ci stipule que chaque sans-papier a le droit d’obtenir la régularisation de sa situation après avoir constitué un dossier adéquat, en contrepartie le collectif des sans-papiers s’engage à ne plus déclarer de grève de la faim. Cet accord était valable deux ans, aujourd’hui la Préfecture refuse à nouveau de traiter les dossiers et de régulariser les sans-papiers lillois, après grand nombre d’actions (appel du pied auprès des dirigeants politiques, négociations avec la Préfecture, rassemblements, occupations…) depuis le 15 juin des sans-papiers lillois se sont mis en grève de la faim, à ce jour ils sont plus de 130 et leur nombre ne cesse d’augmenter au fil des jours, cette action très périlleuse est l’ultime recours pour des centaines d’individus qui depuis des années sont forcés à vivre dans la clandestinité. Les sans-papiers grévistes doivent s’attendre à des moments très difficiles, c’est pourquoi tous les soutiens (matériels, médiatiques, moraux et humains) sont vivement attendus.

UN MOIS D’OCUPATION PENDANT LES ELECTIONS (extrait de l’entretien avec Kamel)

« On (les sans-papiers) a surtout voulu frapper un grand coup au moment des élections présidentielles, on a voulu bousculer la Préfecture car on savait que c’était le moment crucial pour espérer quelque chose, on sait bien que c’est là que les responsables se montrent compétents et bienveillants devant l’opinion publique. On a fait des occupations pour montrer que les sans-papiers étaient actifs, pour montrer aux gens nos revendications, on en a fait une première à la mairie de Lambersart, on a sollicité Mr Daubresse, le maire de la ville et l’un des bras droits de Mr Sarkozy. Il nous a promis d’en parler avec lui, qu’il fallait lui laisser du temps. Mais pour nous le temps est en notre défaveur, à tout moment on peut se faire arrêter et expulser, on a exigé des papiers de suite mais en vain.
La seconde occupation c’était à la cité des entreprises, au MEDEF de Marcq-en-Baroeul, on a voulu interpeller le patronat afin qu’il exige du futur président de la République une régularisation massive des sans-papiers comme l’ont fait leurs homologues espagnol et italien, on a reçu des coups de matraques en échange.
La troisième c’était à l’université de droit de Lille II, là-bas j’ai été choqué, comme c’était une fac de droit on pouvait croire qu’on s’y sentirait plus en sécurité, que c’était « la Maison du Droit » mais c’était le contraire, la doyenne n’a même pas voulu entendre nos revendications et nous a demandé, je cite : « de partir de là, par mesure d’hygiène »… elle nous a pris pour je ne sais pas quoi, pour des sauvages ou des animaux ! On est sorti de notre plein gré et heureusement car dehors ils avaient déployé un dispositif policier énorme et on ne voulait pas avoir autant de blessés qu’à la dernière occupation (il y en avait eu 11). On en a fait une deuxième à Lille II un peu plus tard.
Ensuite nous avons occupé à deux reprises l’espace internationale de la chambre de commerce, la plus violente c’était la seconde il y a eu 58 arrestations et 3 algériens sans-papiers ont été embarqué directement pour être expulsés, mais heureusement dans l’avion les gens se sont interposés et ont empêchés l’expulsion. Depuis ils ont été relâchés. »