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CRS à Lille 3 : Le vrai visage de la paix sociale !

jeudi 20 décembre 2007, par zero


Après six semaines de mobilisation et alors que partout est brandie la peur des examens pour persuader les grévistes de retourner en cours, le président de l’université balaie tous les malentendus hier après-midi (13/12) : la grève doit être brisée à grands renforts de flics ! Toujours prompts à remettre l’institution dans son bon droit, les molosses débarquent donc dans une douzaine de fourgons sur le campus vers 17h, gazant à tous va, évacuant manu militari la bibliothèque universitaire et interpellant 3 personnes…

Le bip du réveil politique

N’en déplaise à tous les biens pensant-e-s, voilà le vrai visage de l’Etat face à une grève qui dure, voilà la réelle nature politique de toutes les administrations et de toutes les institutions. Dans toute cette histoire, la présidence ne fait que jouer son rôle : garder la mainmise sur le cours des évènements et si cela n’est plus possible par le vote, elle s’en chargera par le recours à la matraque. Quoi de plus normal ?

Analysons bien : le soit disant dialogue avec l’administration a été officiellement rompu dès lors que l’assemblée générale en lutte a voulu échapper à l’intromission de l’administration dans ses affaires. Là, il y avait véritablement danger pour la présidence qui perdait du même coup toute prise sur le cours des évènements. Mais là seulement notre lutte s’ouvrait à toutes les perspectives possibles… voilà ce qui déplaît.

Ce qui se passe aujourd’hui contre les étudiants et leur zèle à combattre la privatisation des universités, les habitant-e-s de Pont de Bois en bouffent tous les jours. C’est encore en dire peu sur l’état de flicage de la société. Face à cela, quelles forces d’opposition avons-nous réellement contre la machine étatique ? La discussion et la fête pour surmonter les cloisonnements dans un premier temps, c’est sûr. Puis la lutte directe et la solidarité, dans nos quartiers ou sur nos lieux de travail, histoire de soutenir un peu le rapport de forces qu’on nous impose quotidiennement et de gérer enfin nos affaires nous mêmes. Mais prière de remballer vos pétitions et vos « contre-projets » : le gouvernement sait très bien ce qu’il fait.

Désinformer pour mieux réprimer

Il semble toutefois que si l’intervention des flics a pu avoir lieu hier c’est qu’elle a été largement rendue possible par le mensonge organisé depuis trois semaines, sur l’état actuel du mouvement étudiant. D’une part, les injonctions successives de la présidence à suspendre la grève, tout comme sa mainmise sur la distribution des informations via le portail de l’université, rendait incompréhensible la réalité de la situation à Lille 3. De l’autre, la désinformation orchestrée par les médias, accordant toute légitimité aux négociations syndicales et se payant encore le toupet au bout de 6 semaines de grève de venir nous voir pour nous demander pourquoi nous luttons.

Dans les deux cas l’objectif est clair : isoler la lutte avant de l’étouffer. Et puis dans quelques jours on trouvera un sondage dans la presse gratuite nous disant que 82% des étudiant-e-s se félicitent de la reprise des cours et tous le monde aura la conscience tranquille. Car la démocratie aujourd’hui c’est ça : la tyrannie de la majorité passive et l’hégémonie des « faiseurs d’opinion ».

C’est les mous du genou qui vont être content-e-s ! On va enfin pouvoir mettre en place ce qu’illes préconisent depuis le début : des objections de conscience et… c’est tout ! Faudrait quand même pas que la politique devienne une affaire trop visible ! Place ! Place ! Voilà le retour de la servitude généralisée !

La grève est morte ? Vive la grève (puissance mille) !