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Dans les facs et lycées, fer de lance du mouvement

vendredi 4 août 2006


Un monceau majestueux de chaises, tables, poubelles, barrières… bazardées pêle mêle devant l’entrée de la fac de Lille 3, un piquet de grève aux allures matinales, et voilà qu’en ce beau matin du 24 février, ça fleurait bon le grabuge improvisé. Hardi-e-s camarades, les barricades sont de retour !

Improvisée mais pas inopinée, cette ré-appropriation de notre espace de travail quotidien, fît suite à une détermination nouvelle dans la lutte contre la loi sur l’égalité des chances, partie plus tôt au mois de février des facultés de Rennes et de Toulouse et bénéficiant du large travail informatif opéré depuis la mi-janvier.

Pour une fois, et alors qu’ils-elles étaient resté-e-s plutôt hermétiques au mouvement contre la loi Fillon en 2005, les étudiant-e-s semblaient résolu-e-s à reprendre leurs affaires en main et faire de leurs facultés occupées jour comme nuit, des lieux d’agitation et d’émergence de la colère collective.

Occupons-nous de nos affaires !

Quitter ses intérêts personnels, et prendre la mesure du triste horizon social, voilà ce que devaient nous apporter les blocages de nos lieux d’étude partout sur la métropole lilloise, alors que parallèlement à l’échelle nationale, les bastions de la lutte se montaient un par un.
Autant qu’une furieuse envie de battre le pavé qui s’annonçait consistante, la bonne nouvelle était l’inhabituelle politisation de nos lieux d’occupation.

A l’opposé, on a souvent entendu, en défaveur de l’occupation et de la grève, l’argument risible d’un prétendu apolitisme supérieur, pseudo règle de vie en communauté dans les lieux d’études et plus largement dans les lieux de travail. Une façon de se débarrasser du débat politique en le cantonnant à l’isoloir et aux joutes oratoires feutrées des parlements… Et être contre le blocage, ne voulait pas forcément dire être pour la précarité, bien sûr ! Mais tout ces gens bien intentionnés, ces soit disant « sans opinion », préfèrent encore l’asepsie politique que de quitter leur route bien droite et regarder autour d’eux.

Qu’y a t’il de plus politique que d’arracher la parole à la clique bourgeoise, surtout en matière de débat social, et quoi de plus éminemment quotidien que l’organisation collective, la réflexion d’une volonté de groupe, sa construction, son expression… Ramener la politique dans la rue, en marge des parlements, c’est en redéfinir les termes : le politique c’est se regrouper pour définir comment l’on va s’organiser pour manger, dormir, vivre et où l’on crée un commun, en apprenant à bricoler ou à peindre.
Aller travailler, préférer marcher tête baissée en feignant d’ignorer que la misère est institutionnelle, c’est politique, c’est faire le choix de ramper vaille que vaille et de laisser aux professionnel-le-s de la gouvernance la libre marchandisation de nos vies.

Pour pouvoir construire des alternatives, bien sûr qu’il faut stopper la machine de l’ordinaire, bien sûr qu’il faut risquer de manquer son semestre, mais c’est le strict minimum pour faire un pied de nez à celles et ceux qui nous croient tombé-e-s dans l’apathie générale.

Et si dans la lutte, les bahuts occupés deviennent un symbole de cette ré-appropriation du politique par les individu-e-s eux-même, il n’en est que plus dommageable de remarquer qu’en dehors de ces rares espaces de résistance et de création, ils ne demeurent que trop souvent des lieux aseptisés où règne le politiquement correct.

« Je me révolte, donc nous sommes »

A l’inverse, la lutte collective devenue quotidienne constitue une véritable bouffée d’oxygène par les alternatives qu’elle pose d’elle-même. A commencer par le modèle organisationnel autogestionnaire réemprunté des luttes passés, comme un bon vieux réflexe qui revient tout seul : AG autonomes, travail par commission, mandatement ponctuel et révocable... C’est toute une manière de réinventer les modes de décisions collectifs qui est envisagée.
Et alors qu’en temps de paix sociale, les chefs institué-e-s des structures syndicales type UNEF dispensent à eux seuls la parole délaissée par les étudiant-e-s, au sein des assemblées générales, on se plaît à gérer notre lutte directement.

Dans notre marche en avant, l’étape suivante fut la coordination des plus de 60 facultés et IUT, et des quelques 200 lycées en lutte au niveau national.

Ce fut l’une des caractéristiques majeures de ce mouvement, un agenda de lutte rythmé par les coordinations nationales hebdomadaires, réunissant des délégué-e-s de toutes les AG, venu-e-s des six coins de la Chiraquie. 36 heures de réunion hebdomadaire permettant l’établissement systématique d’un calendrier de manifestations et la définition d’un axe revendicatif commun, affirmé à travers les appels successifs à la convergence des luttes en direction du monde du travail.
Le mouvement englobe désormais la totalité des points en France et réinvente petit à petit les fédérations…C’est ainsi que localement naissaient les coordinations régionales et les AG interprofessionnelles, véritables temps forts dans les tentatives de convergence des luttes…
Sans papier-ère-s, précaires, chômeur-se-s, salarié-e-s se retrouvent ainsi dans la rue début mars, conformément aux premiers appels d’un tout nouveau front syndical uni au moins sur la question du CPE, c’est à dire en fait sur pas grand chose, mais l’impression numérique est de taille.
Et v’là que la coordination nationale étudiante se donnait dans le même temps la grève générale interprofessionnelle comme mot d’ordre, histoire de voir si la droite tiendrait toujours aussi droit dans ses rangers dès lors que l’on vient lui chatouiller le portefeuille !

Une attaque directe, là où ça fait mal aux intérêts des capitalistes, qu’à aucun moment les structures syndicales n’ont relayée, et qu’elles ont même contribué à étouffer. Il y a que, contrairement aux pros des compromissions syndicales, les agité-e-s de tous bords n’ont aucun intérêt de complaisance avec la bourgeoisie aux commandes. Il est alors plus facile de défendre les intérêts des travailleur-se-s quand on ne participe pas au cirque de la collaboration de classes.

Car une chose est claire, à l’intérieur du mouvement et parmi ceux et celles qui l’ont bâti, il n’a jamais été question de se focaliser sur le CPE, et toujours au moins de s’opposer aux régressions contenues dans la si mal nommée loi pour l’égalité des chances et au CNE. Et par nombre de ses aspects, la lutte de cette année s’est démarquée du cadre légaliste, ou en tout cas, s’est donné les moyens de le remettre en cause.

À voir les caillassages réguliers des robocops protégeant les vitrines de centres villes ou autres locaux UMPistes, la révolte pouvait également s’extirper de ses formes “respectueuses”.A voir Mélenchon se faire accueillir à coup d’œufs à la Sorbonne, la bourgeoisie de gôche pouvait elle aussi être prise à parti par les grévistes.

En dehors des manifs, un nouveau degré d’action a également pu s’exprimer sur la métropole : des occupations de locaux d’ANPE, de missions locales, d’agences d’intérim, dans l’optique d’unir l’ensemble des précaires au sein d’un même combat, des actions de blocages de gares, de voies de communications, régulières, parfois en collaboration avec les unions locales comme à Seclin, pour faire royalement chier la clique des “profiteur-se-s”… Ce qu’on a vu de tout ça dans les médias ? Une mobilisation résumée très professionnellement au terme de “mouvement étudiant, anti-CPE”, occultant ainsi la plupart des revendications et le fond du combat, celui contre une précarité devenu problème majeur, autant pour les « adultes » que pour les « jeunes ».

“La sécurité de l’emploi est un désir d’esclave”, titrait un tract de la fac de Rouen, tandis que les grévistes de Rennes installaient leur village autogéré en plein quartier bourgeois, Place du Parlement, que les Toulousain-e-s bloquaient les livraisons de pièces détachées d’Airbus et que les Grenoblois-e-s envahissaient les locaux de France Bleu Isère jusqu’à obtenir un passage à l’antenne.

Bien sûr, dans le fond porté au cours de la lutte, le mouvement était bien plus ecclectique que cela et ne peut pas seulement se résumer aux revendications affichées au plus fort de l’action… On l’a vu à la vitesse où les piquets de grèves se sont défaits. Mais c’est le propre de la révolte que d’intégrer, à l’origine, la multiplicité des discours : le révolutionnaire, le réformard, le local et le mondial.

Son essence, c’est qu’elle ne se donne comme unique pédagogue que sa propre intelligence collective. En cela, le mouvement révolutionnaire est un processus en perpétuelle évolution. Et pas seulement sur un soubresaut collectif ponctuel, mais également dans une continuité, à plus grande échelle.A titre d’exemple, la lutte contre la loi Fillon de l’année dernière aura permis un engagement plus net et plus déterminé des lycéen-ne-s devenu-e-s étudiant-e-s… Et on ne compte pas s’arrêter là.

Retour sur des réalités internes

Tout n’était cependant pas forcément très « clean » au cours de la lutte et sa fin précipitée nous a permis de tirer quelques enseignements à commencer par les rapports entre militant-e-s au sein d’une lutte qui dure et qui veut toujours plus gagner du terrain.

En tête des choses à redire, la reproduction d’une forme de domination masculine. Malgré une certaine vigilance au cours des AG pour assurer des tours de paroles équitables et des prises de responsabilité au sein des tribunes, une fois celles-ci terminées, la répartition des tâches au sein des occupations prenait parfois des allures de familles patriarcales, notamment pour tout ce qui concerne la cuisine, course et nettoyage.
On ne compte par ailleurs plus les attitudes virilistes de certains gros bras, tout heureux de jouer les caïds des tours de garde ou du service d’ordres. Une chose est sûre le milieu militant n’est pas imperméable à ce genre de comportement et si l’exploitation salariale est une forme de domination, le machisme et le virilisme en sont d’autres. Citons au même titre l’homophobie récurrente à l’intérieur des manifs, via des slogans du type « CPE, Contrat Pour Enculer ».

A Lille 3, à l’occasion de tables rondes, l’initiative a alors été prise d’organiser une réflexion collective non seulement sur la place des femmes dans le mouvement mais aussi sur les oppressions qu’elles subissent dans cette société patriarcale. Par la suite, elles ont organisé des manifs de nuit non mixtes à Lille pour montrer aux mecs qu’elles peuvent agir sans eux et se ré-approprier la rue.

Des initiatives nouvelles donc, à la faveur d’un mouvement qui pouvait aussi se poser des questions plus larges, sur de nouveaux rapports entre individu-e-s… Ni le patriarcat, ni l’exploitation ne sont une fatalité !
Quitte à tirer des leçons, il faudrait aussi analyser les caractéristiques du mouvement pour le rendre encore plus fort et radical. Ainsi, la nécessité de conserver un modèle autogéré et autonome se révéla tout autant déterminant dans la construction d’un mouvement solide que dans la dégringolade brutale passé le retrait du CPE.

Sur le premier point, les réponses aux craintes qu’on aurait pu avoir quant à l’autodétermination du mouvement étaient plutôt positives. Dans les facs, bon nombre de personnes étaient résolues à ne pas se faire balader par de petit-e-s chef-fe-s, et les syndicats « représentatifs » toujours obligés, par la force de la mobilisation, à se mêler aux assemblées générales et à suivre leurs décisions.

Le problème c’est que ce sont les bureaux nationaux de ces même syndicats étudiants arguant d’une légitimité fantoche qui dispensèrent la parole de tou-te-s dans les médias et occultèrent du même fait la force de la coordination nationale en lutte.

Mais dans les établissements en lutte, la lutte aura été autogérée de bout en bout ce qui nous aura permis de maîtriser notre mouvement. Il ne faudra cependant jamais oublier que c’est au prix d’un rapport de force constant entre les AG et les petits ego qui voudraient avoir plus de poids que les autres, que cette autogestion est rendue possible.

A l’inverse, sur la question de l’autonomie, faute de n’avoir su dire merde aux administrations, le mouvement s’est esquinté. À Lille 3, c’est au moment où la présidence de la fac a dépossédé l’AG de lutte de l’organisation des votes quant à la reconduction des blocages, que les amphis se sont vidés. Sous des faux airs de copinage et sous le prétexte de nous servir de caution démocratique, l’administration a délégitimé l’AG de lutte, et lui a retiré son autonomie politique. Ce n’est pourtant pas la présidence qui tenait les barricades !

Le président de la fac se transformait même en modérateur général au cours de la toute dernière AG, soit ce fut de loin la plus houleuse, mais quand même ! L’AG qui semblait capable de prévenir les coups de forces venus de l’intérieur fut totalement décrédibilisée par ce véritable putsch à l’encontre d’une organisation horizontale soudain subordonnée au bon vouloir de l’administration… Pas très subversif tout ça ! A croire qu’on était là grâce à l’autorisation de Papa ! Mais le bougre n’avait pas le choix ! Sa fac était occupée et, comme il l’expliqua par la suite dans une belle lettre adressée à tout les étudiant-e-s, il lui était impossible de se résoudre à faire intervenir les forces de l’ordre bourgeois. Nous n’avions pas à faire des courbettes à la moindre de ses "faveurs" !

Du même coup les étudiant-e-s ne se pointaient plus que sur indication expresse du site Internet de l’université, se désintéressant dans le même temps de toute la vie interne au mouvement (ou en en ignorant purement et simplement l’existence, certains des 20 000 étudiant-e-s de la fac n’étant bel et bien jamais passés par les AG…), de ses évolutions, de ses revendications, en octroyant une confiance aveugle à leur télé pour se tenir au courant…

Pour preuve, les poignées d’étudiant-e-s venu-e-s dès l’annonce du retrait du CPE, l’après-midi du 10 avril, demander « quand est-ce que les cours allaient reprendre maintenant que nos revendications étaient satisfaites »… Pour preuve encore, lors de la dernière AG, avant que la cessation des hostilités ne soit totalement sifflée un "anti-blocage" qui ose sortir « Je ne savais pas que les décisions se prenaient ici… »…Ça fait froid dans le dos…

Gare à la revanche !

Les militant-e-s du moment en tout cas ne se volatilisent pas du jour au lendemain et la lutte se poursuit malgré les débloquages et la "victoire" obtenue avec le retrait du CPE.

A commencer par la continuité logique d’un mouvement durement réprimé (4350 interpellations en tout), le soutien aux interpellé-e-s et à ceux et celles qui comparaissent devant les juges de l’État ou sont victimes de sa justice expéditive.

Déjà près de 70 peines de prison ferme, et on ne compte plus les amendes, les heures de TIG, les peines avec sursis et périodes probatoires en tous genres ainsi que le fichage informatique et les sanctions administratives dans les établissements scolaires pour bon nombres d’interpellé-e-s…Bref tout un arsenal juridique destiné à briser les actes de rébellion. Sur Lille, syndicats, partis et associations se sont organisés en collectif de soutien, amassant des fonds pour payer les amendes et les avocats et organisant des rassemblements de soutien pour les interpellé-e-s...

Loin des feux médiatiques, la lutte ne s’arrête jamais pour les victimes de la justice bourgeoise tandis que les flics reçoivent leur feuille de paye et les caresses de Sarkozy pour avoir bravement matraqué.

A l’échelle nationale, ce qui reste de la coordination étudiante et lycéenne maintient des réunions en transposant son champ d’action politique à des combats plus larges, autour de combats sociaux et toujours sur une base autogestionnaire.

Elle réalise un travail de décodage et de sensibilisation autour des projets de loi du moment comme le très liberticide CESEDA ou le très sécuritaire projet de loi sur la prévention de la délinquance qui, paradoxalement, ne suscitent pas foule de réactions….

Mais les échanges sont continuels à l’intérieur de l’impressionnant réseau de contacts et de connaissances qui ont pu être tissés en deux mois. La vigilance est collective…

A la faveur d’un travail en commun avec des étudiant-e-s européen-ne-s, notamment allemand-e-s, la coordination édite régulièrement des tracts en différentes langues et a monté début juin dernier à Strasbourg, la première coordination européenne contre la précarité.

Son appel à poursuivre une lutte devenue quotidienne s’affirme de plus en plus comme anti-capitaliste et il se murmure que le prochain temps fort serait autour d’Avignon, courant Juillet… La résistance s’organise toujours de plus belle !

Localement, l’AG de quartier de Moulins est une initiative d’étudiant-e-s de Lille 2. Elle est destinée à mettre en place une organisation collective et autogestionnaire à l’échelle du quartier, avec voisin-e-s, ami-e-s, jeunes moins jeunes, politisé-e-s, moins politisé-e-s…

L’idée est de démontrer une fois de plus et par des rendez-vous réguliers que même et surtout en dehors des luttes, nos vies nous appartiennent et que les professionnel-le-s de la politique n’ont aucune légitimité pour venir y faire leur loi. L’AG de quartier compte déjà à son actif plusieurs repas de quartier sur la place Vanhoenacker et ne compte pas en rester là.

Enfin, la métropole lilloise compte depuis fin avril un nouveau groupe libertaire réunissant des jeunes et moins jeunes issu-e-s de la lutte autour de pratiques égalitaires et révolutionnaires… bon courage donc et longue vie à Zéro de Conduite !

La route est longue jusqu’à la révolution sociale !

Les leçons du mouvement sont nombreuses et la première c’est que décidément, l’heure n’est pas encore venue d’en découdre avec l’union sacrée des politicien-ne-s et des patron-ne-s dont la complicité a une nouvelle fois sauté aux yeux avec la loi sur l’égalité des chances. Trop peu de monde est prêt à risquer de perdre une partie de ses intérêts (salaire, sécurité de l’emploi...). Ça peut se comprendre, mais en attendant les patron-ne-s continuent d’accroître leurs profits à la faveur d’une dégringolade continuelle en matière d’acquis sociaux : droit du travail, liberté de circulation, droit au logement, droit à l’éducation, services publiques…

Tout les aspects de nos vies deviennent prétexte à dégager du bénéfice pour ces charognard-e-s en costard cravate, toujours au nom de la sacro-sainte croissance économique qu’un matraquage idéologique tend à identifier comme bénéfique pour tou-te-s mais qui ne profite réellement qu’aux patron-ne-s. Le capitalisme montre alors son vrai visage en matière d’emploi : chantage à la délocalisation pour imposer des contrats de merde (ce sera toujours mieux que rien !) et asseoir un peu plus la domination salariale, recours à une main d’œuvre kleenex réduite à l’esclavage et à une immigration jetable pour tous les secteurs non délocalisables (hôtellerie, bâtiment…). Et pour combattre le chômage, on raie des listes de l’ANPE et on recrute des bidasses !

Dans ce combat contre la précarité, le CPE ne fut en fait que la face visible des aboutissements de la logique patronale. "Précarité" rime avec « flexibilité » qui rime elle-même avec "compétitivité" qui rime enfin avec "profitabilité". Voilà en quatre mots la définition du travail salarié depuis plus de 200 ans, avec à la première extrémité le turbin et la galère à vie pour le travailleur-se-s et à l’autre bout les poches des patron-ne-s, proprios, banquier-ère-s et actionnaires…

Toutes les initiatives pour poursuivre la lutte résultent d’une seule et même conviction : le changement social ne viendra que de nous-mêmes et l’isoloir n’y pourra rien. Son seul rôle, ce sera de briser nos grèves pour aller nous faire élire un-e autre gugusse avec qui la pilule sera moins dure à avaler. Il est temps de reprendre nos vies en main.

Face à ceux et celles qui nous incitent vivement à "poursuivre" la lutte dans l’isoloir à l’aube de la campagne pestilentielle de 2007, il y a juste à rester lucide. Dans le combat contre l’exploitation salariale et le déclassement perpétuel des travailleur-euses-s, il reste tout à gagner. Et ce n’est pas avec les "armes" qu’on nous jette, que l’on abattra le vieux système de la domination de classe.

A nous d’être inventif-ve-s, actif-ve-s, offensif-ve-s !