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Extrême droite et droite populiste en Europe

vendredi 23 janvier 2004


En Autriche, en Italie, au Portugal ou en Suisse, ces partis appartiennent à des coalitions gouvernementales de droite. Ils en sont les partenaires minoritaires au Danemark et au Portugal, mais les gouvernements de droite sont largement dépendants de leur soutien. Malgré tout, une distinction s’impose parmi ces différentes forces politiques.

Le Vlaams Blok (VB) belge demeure un parti fasciste qui se camoufle derrière une stratégie populiste. L’origine du Freiheitliche Partei Osterreich (FPÖ) autrichien trouve son origine dans le NSDAP de Hitler. L’Alliance Nationale (AN) est un parti populiste italien, qui ne cache pas ses origines fascistes (il est issu d’une scission du MSI, le parti de Mussolini). Les autres partis populistes ont une tradition ancrée dans celle des partis politiques établis, la plupart en tant que fragments de partis conservateurs ou libéraux. Ces derniers partis n’osent pas trop afficher leur collaboration avec des partis comme le VB, le FPÖ ou l’AN.

Sur deux idées, les partis populistes de droite se rejoignent dans leur idéologie et dans leurs propositions concrètes : le pôle immigratoire (droit d’asile et islamophobie) et le pôle sécuritaire. Il existe d’autres possibilités de convergence à l’échelle européenne, notamment sur le thème des impôts.

Au Danemark aux Pays-Bas, en Norvège, au Portugal et en Suisse, les partis populistes, certes de droite, ne sont pas fascistes ni ouvertement anti-démocrates. Malgré leur façon d’aborder des questions telles que l’immigration et le droit d’asile ou encore la question de la sécurité, ces partis ont plus à voir avec les partis conservateurs et ultra-libéraux qu’avec le fascisme et l’extrême droite traditionnelle.

Entre ultra-libéralisme et poujadisme

Au sujet des questions économiques et sociales, ils sont résolument ultra-libéraux. Ils se posent en ardents défenseurs du libre échange et s’opposent à toute forme d’intervention ou de régulation étatique. Ils ne sont pas totalitaires, on ne trouve pas le concept de masse dans leur idéologie, car ils se centrent principalement sur l’individu. Ils n’appellent pas à la violence et se considérent comme les véritables représentants d’un courant majoritaire. Ils ne font pas la promotion de la violence politique, ils ne se déclarent pas antiparlementaires ou antidémocratiques. Ce sont des opportunistes politiques qui ne travaillent pas en vue d’appliquer un programme clairement défini. Ils sont le point d’ancrage des mécontentements et des inquiétudes "populaires" et font feu de tout bois. Ils cherchent à s’appuyer sur l’opinion communément admise que tous les partis établis sont identiques. Généralement, ils ne sont pas porteurs d’une idéologie raciste, même s’ils se félicitent de pouvoir manipuler et instrumentaliser ce qu’on appelle le racisme populaire. Ils sont islamophobes mais à l’exception du VB et du FPÖ, l’antisémitisme reste pour eux un tabou.

Vers la banalisation

La montée en force de ce type de parti populiste de droite a deux conséquences majeures. Elle accentue tout d’abord le mouvement déjà large de "droitisation" du paysage politique dans les différents pays d’Europe occidentale. Elle participe ensuite à la légitimation de la propagande raciste des groupes néo-fascistes et néonazis en lui donnant un air respectable de déjà vu.

Il n’est pas facile de combattre ce type de forces politiques qui ont montré leur capacité à conquérir un espace politique et à investir une base sociale qui appartenait jusqu’à présent à la gauche traditionnelle, c’est-à-dire à la sociale-démocratie. Ces derniers ayant abandonné la classe ouvrière et les classes moyennes, les populistes se sont empressés de combler le vide politique. Ce faisant, ils ont su aborder les peurs et les inquiétudes des gens. A ce jour la gauche est restée sans réponse face à ce phénomène, et lorsque le soutien accordé aux populistes disparaît, c’est la droite traditionnelle qui en profite, pas la gauche.

Le mouvement antifasciste ferait une erreur s’il confondait le populisme de droite tel qu’il se manifeste aujourd’hui avec le fascisme et le nazisme. Il ne ferait que jeter le discrédit sur le mouvement antifasciste. Ce n’est pas en criant systématiquement au loup nazi que l’on combattra ll’avancée des idées et des pratiques de l’extrême-droite. C’est dans les luttes dans nos quartiers, sur nos lieux de travail, dans la rue que nous devons combattre la réaction, d’où qu’elle vienne !