"A la façon du décollage, cette technique pré-street-art qu’il inventa et qui consiste, en arrachant des fragments d’affiches urbaines, à faire naître des images surréalistes, un Malet en cache un autre. Référence oblige, leur inventaire est à la Prévert. Malet mistoufle, prolo précaire aux aubes poisseuses, l’errant des jours sans pain. Lointain frangin d’Orwell dans la dèche à Paris et à Londres. […] Le Malet aux mains charbon des Contes doux. Ces fulgurances à l’encre trempée dans les bains d’acide et la graisse à machine. Celui dont la trilogie, noir drapeau, claque comme les brownings des bandits tragiques. […] Le Malet aux cadavres exquis, frère de Lacenaire, dont la poésie perle en goutte de sang sur la noirceur des roses.
Le Malet pirate, Jolly Roger à l’abordage. Le Malet rompol, enfin, pipe aux bec, hors des clous, posant sur le monde le regard désabusé de son double mythique. Nestor Burma. Le privé de choc à qui, depuis belle lurette, on ne la fait plus. […] Tous ces Malet-là n’en sont qu’un.
Ce n’est pas le moindre mérite de Cédric Pérolini que de les avoir réunis dans leur complexité, leurs contradictions, leur richesse, leur rage, leurs aigreurs, leur désespoir. Son mauvais sujet restitue le Malet arlequin au manteau ravaudé."
Extrait de la préface de Patrick Pécherot.
Avec un texte inédit de Léo Malet intitulé « Sur le roman policier ».