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Fosse commune

LMG, névroplasticienne

(2017)

(V - LMG) --> étagère V — Art : théorie

LMG, névroplaticienne. — Fosse commune : 365 épitaphes dessinées au graphite et à la mine de plomb. — Lille : Âmes d’Atala, 2017 [mai]. — 400 p. : ill. ; X cm.

Lisez, parcourez, arpentez ce livre exactement comme bon vous semble. Ce sont les âmes qui vous le disent. Si la bête vous intimide, entamez-le par le registre des exhumations et pénétrez-y par l’entrée qui vous rassure, que ce soit l’âge, le sexe qui-n’est-pas-le-genre, le pays, la ville de naissance, ou le département. Si ce sont les initiales qui ont tendance à vous exciter les pupilles, faites-vous plaisir tout autant. Vous pouvez ainsi commencer par la fin. Ou alors, regardez toutes les images, les unes après les autres dans l’ordre de leur publication qui est aussi l’ordre de leur réalisation. En buvant de l’eau au citron. Ou en respirant du basilic. Parcourez ce livre-fosse seul-e ou à deux, en couple ou en trouple, voire à plein même si c’est moins pratique. Faites-vous plaisir. Oui, comme ça, aussi. Travestissez-vous pour le lire sur votre balcon, dans votre chambre si vous avez la chance d’en avoir une à vous, ou là où vous vous sentez de le faire. Mettez-vous nu-e derrière. Ou juchez-vous dessus dans des poses obscènes. Piochez des images au hasard qui n’en est jamais vraiment un. Et tentez à présent la patience. Une par jour. Comme un calendrier de l’avant. Vous tiendrez une année et on ne vous dévoile pas la fin. Recommencez. Autrement. Ou passez à autre chose. Comme le suggère partout et tout le temps ce livre. Procédez par séries, par décades, par sept ou par cinq. Puis tentez des combinaisons plus complexes, associées à des respirations, avec des temps d’apnée. Regardez chaque image à l’endroit. Puis à l’envers. Fixez-en une pendant trois minutes. Fermez-les yeux et tentez de tenir mentalement l’image en tête pendant quelques secondes, puis une, puis deux, puis cinq minutes sans la déformer, la modifier ou penser à autre chose. Écrivez pour chaque image un texte que vous inventez, ou essayez de retrouver celui qui manque. Associez-lui une couleur. Un goût, une sensation, un souvenir, une personne. Faites des listes de mots associés. Petit bac. Pincez-vous. Grattez-vous. Caressez-vous le-la-les en le feuilletant. Vivez en sentant son poids sur votre ventre ou partout ailleurs. Goinfrez-vous. Ne vous appesantissez que sur les images qui ne vous parlent pas, jusqu’à ce qu’elles hurlent. Rapportez-les à vous. A une personne que vous aimez. A une personne que vous détestez. Dénichez celles que vous ne croyez par encore connaître. Faites remonter les séries. Classez-les par genre qui-n’est-pas-(que)-le-sexe. Jouez au memory, au jeu des 7 familles, ou au pictionnary si vous n’avez rien compris. Inventez plein d’autres jeux, jusqu’aux plus dangereux. Inventez vos règles, vos grilles de lecture. Repoussez la mort à chaque seconde. Essayez de pleurer sur chacune de ces images. Puis regardez-les à présent en vous forçant à rire. Critiquez-les. Raillez-les. Moquez-vous franchement. Ne vous laissez pas faire. Établissez des correspondances et des généalogies. Entendez vos morts. Tissez des fils, creusez des tunnels, construisez des passerelles entre les différents dessins. Faites-en votre roman. Le plan d’issue ou le plan d’attaque. Lisez-les comme un journal intime. Débusquez les obsessions, les inhibitions, les fantasmes, les névroses qui affleurent. Essayez de jouir en observant ces dessins d’une manière chaque fois différente. Buvez ce qui vous fera plaisir. Associez-y un souvenir. Une drogue. Inventez des images à votre tour. Vos propres images, qui ne sont jamais seulement les vôtres, comme celles que vous regardez ne sont jamais complètement celles de LMG. Ne leur obéissez jamais. Servez-vous de ce livre comme d’un plateau, d’un poids, d’une cale, d’une arme. Allez faire un footing en l’emportant dans un sac. Brisez une vitrine avec. Faites sécher des plantes en dessous. Parlez-en. Planquez-y des choses inutiles. Comme des lettres d’excuse, des lettres d’amour, des lettres de menace ou vos dernières volontés. Cachez-y des documents secrets et mystérieux, mais que vous aimeriez qu’on découvre et qui provoqueraient des catastrophes ou des joies immenses. Refermez ce livre. Lancez le sur la police. Encore. Ou offrez-le. Revendez-le. Au poids. Puis oubliez-le. Vivez plutôt.

La vie est tout. La mort n’est rien.


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