Les démarches, les désirs, la vie même, les rencontres inattendues avec d’autres idées et d’autres rêves, ne cessent de subvertir les « traditions » anarchistes. Se lançant à la découverte de cette anarchie dans l’anarchie, Mimmo D. Pucciarelli ne fait que reprendre une vieille habitude, qui fut celle de Proudhon, lequel voulait que la science sociale — c’est-à-dire tout simplement la connaissance que l’on a de la vie commune — consiste à épouser la réalité dans tous ses détails, dans tous ses mouvements, dans l’intimité de ses contradictions. Il ne s’agit de rien d’autre ici : seulement de se demander où en est le mouvement libertaire, qui l’anime, quelles sont ses idées et ses rêves — et n’y a-t-il pas contradiction entre ses idées et ses rêves ? — quelles sont ses chances dans le monde d’aujourd’hui ? On ne trouvera évidemment pas dans ce livre de réponse à toutes ces questions, moins encore de propositions sur les possibles voies à suivre. Parce qu’il se veut lucide, parce qu’il a pour objet une période de crise, il est un livre d’incertitude, constatant qu’un renouvellement radical de la sensibilité et de l’imaginaire libertaire est nécessaire, qu’il est possible — comme en attestent de multiples expériences individuelles et collectives —, mais n’en cachant pas les timidités et les limites.