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Lesbienne féministe

juin 2000


Les lesbiennes sont socialement condamnées à une double opprobre. Elles n’intègrent pas les comportements dits féminins (élégance, douceur, passivité) et par leur choix amoureux, elles ne se dévouent pas aux hommes (soin du linge, du corps, du repos, entretien de la culture familiale). En retour, leur sexualité est niée ou détournée ; voir le mythe de la femme qui n’a pas rencontré l’homme qui lui ferait découvrir son corps.

Se déclarer lesbienne suscite principalement la peur (remise en cause de trop de valeurs fondatrices de la société), la honte (imprégnation des tabous religieux) ou le rire (impossibilité de croire à l’existence pérenne de couples de femmes).

Un couple lesbien ne peut avoir d’enfant sans l’intervention d’un homme ou de la médecine et très longtemps, ils ont été frappés du même mépris teinté de pitié que les couples hétérosexuels stériles. Bien entendu, de nombreuses lesbiennes sont mères. Leurs enfants ne souffrent pas plus de déséquilibres que ceux élevés par une femme et (parfois) un homme.

La fin des années 70 a vu l’essoufflement des groupes MLF dû à l’épuisement des militantes. Dans l’après 1981, les groupes féministes « généralistes » ont été remplacés par des groupes de lesbiennes politiques dites radicales, occupées à faire valoir leur droit à la différence, le libre choix de leur sexualité contre un ordre moral hétérosexuel et patriarcal.

Par ailleurs, le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) fut le premier groupe médiatisé issu des luttes féministes. Premier groupe mixte mais qui ne le restera pas longtemps. Le sexisme du mouvement homosexuel masculin modifiant le sens des mots « gay » et « homo » valables pour les deux sexes au départ, le mot « lesbienne » est rajouté partout et certains groupes se forment en non mixité.

Les lesbiennes n’ont certes pas encore toutes supprimé les rapports patriarcaux (violence physique ou morale, chantage économique ou affectif) dans le couple, mais par leurs critiques sans concession du système hétéropatriarcal, elles fournissent des études et des écrits essentiels pour les luttes des femmes et des hommes contre le patriarcat.

Anne et Élisa