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RETOUR SUR LES LUTTES EN GUINÉE.

3ème grève générale en un an

mardi 5 juin 2007


carte Guinée

Sous la coupe du général Lansana Conté depuis 1984, la population de Guinée-Conakry s’est retrouvée plongée dans la misère par une dictature sanguinaire et corrompue sous les bons auspices de la France depuis les années 1980. Aussi, du 10 janvier au 26 février 2007, la Guinée a-t-elle connu sa 3ème grève générale en un an. Les revendication portaient sur la baisse des prix des produits de base, la hausse des salaires, la lutte contre la corruption. Cette mobilisation a été largement coordonnée par les organisations syndicales guinéennes regroupées en intersyndicale depuis le 5 janvier 2005. Celles-ci semblent avoir eu une réelle crédibilité notamment parce que, regroupant des salariéEs sur une base sociale, elles ne sont pas cadenassées par le régionalisme ou l’affirmation ethnique comme les partis politiques(1). Forts de leur soutien populaire, dès 2004, les syndicats dépassent les questions économiques et sociales pour se placer sur le champ politique en demandant le retrait d’un Lansana Conté vieillissant et malade ainsi que de nouvelles élections législatives puis la désignation d’un premier ministre issu de la nouvelle majorité, dont dépendrait le pouvoir exécutif et non plus du président honni.

manif à Conakry

Pour sortir de la crise précédente, ces syndicats (peut-être apeurés à l’idée de perdre le contrôle de la révolte populaire) avaient obtenu la promesse d’un gouvernement d’union national. Une fois la paix revenue, Lansana Conté s’est évidemment empressé de ne pas respecter ses promesses, d’où la dernière grève. Après les répressions très dures des deux précédentes, il avait déclaré : « Je vous tuerai tous » aux syndicalistes qui l’ont forcé à promettre la nomination d’un nouveau Premier Ministre. La répression a alors fait bien plus que les 113 mortEs (et encore plus de blesséEs) annoncéEs dans les médias occidentaux. Nombre de syndicalistes, de journalistes et d’autres individuEs ont été arrêtéEs et torturéEs par les forces de l’État dont la garde présidentielle(2), les sinistres bérets rouges dirigés par le propre fils du général président.

Cependant, face à la mobilisation populaire, le dictateur a dû se résoudre à nommer un 1er ministre qui ne soit pas issu de son sérail : Lansana Kouyabé, ancien fonctionnaire de l’ONU et de la CEDEAO. Les syndicats pouvaient mettre fin à la grève générale le 26 février. Depuis pourtant, la situation sociale des GuinéenNEs ne s’est guère améliorée et depuis le début du moi de mai les habitantEs de Conakry doivent subir les actes de pillage et de vandalisme des soldats qui n’ont rien trouvé de mieux pour montrer leur grogne contre leurs officiers.
A l’occasion de cette révolte guinéenne, nous avons pu voir que l’agglomération lilloise n’a pas été en reste quant au soutien aux insurgéEs, notamment autour des sans papierEs organiséEs. En effet, l’immigration guinéenne dans la région est l’une des plus importantes en France.

(1) Sur le syndicalisme en Guinée, lire l’interview du 26 février 2007 de Mariana Penda Diallo, syndicaliste de l’USTG dans la revue Mouvements. Le propos enthousiaste est cependant à nuancer.

(2) La Guinée-Bissau voisine aurait envoyé des troupes, déguisées en bérets rouges, filer un coup de main à Lansana.

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