Accueil > archéologie:alternataire > La Sociale (2002-2012) > 24 (juin 2007) > Wiki, logiciels libres, gratuité… Anti-capitalisme ou alter capitalisme ?

Wiki, logiciels libres, gratuité… Anti-capitalisme ou alter capitalisme ?

mardi 5 juin 2007


Le Wiki (du hawaïen wikiwiki qui signifie rapide) est un type de programme qui, sur un site Internet, permet à chaque utilisateur de modifier librement le contenu des pages. De cette invention s’est créée l’encyclopédie Wikipedia. Devenue maintenant très populaire et utilisée notamment pour les articles de La Sociale©, cette encyclopédie est gérée de façon coopérative par l’ensemble des membres de la communauté. Chacun peut dans un article en modifier le contenu ou afficher un taux de validité de l’article. Ainsi, les autres utilisateurs sont au courant que l’article marqué peut susciter le doute. Une commission de contrôle qui a pour mission de vérifier les articles est également constituée. Le tout est tout de même soumis à l’auto régulation et le succès de cette formule est une petite victoire pour nos idées d’autant plus que le programme est gratuit. Le wiki permet donc l’investissement de tous et toutes, l’apprentissage de la responsabilité collective mais aussi la vivacité du programme, sa rénovation en théorie permanente.

Une multitude de « wiki » se sont créés parallèlement comme anarchopedia ou encore wikibéral (libertarien, anarcho-capitaliste).
La formule n’est certes pas infaillible : il est possible de saboter les pages en y inscrivant n’importe quoi sans garantie que le contenu soit changé dans la demi-heure, cependant il existe une sauvegarde des anciennes données et la facilité qu’il y a restaurer une page risque de décourager rapidement les troubles fêtes.

Le logiciel libre correspond au free software en anglais. Free signifie libre ou gratuit. Ce type de logiciel que l’on oppose au logiciel propriétaire rend possible la libre exécution, copie, distribution, étude, modification et amélioration du programme. Ces « options » correspondent à quatre libertés fondamentales :
 La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).

 La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1). (l’accès au code source est une condition requise).

 La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider votre voisin-e, (liberté 2).

 La liberté d’améliorer le programme et de publier vos améliorations, pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3). (l’accès au code source est également une condition requise).

Tout cela est permis par ce que l’on appelle une licence libre. C’est Richard Stallman qui a concrétisé le projet logiciel libre au début des années 80 et l’a popularisé avec la Free Software foundation (FSF).
Jusque dans les années 70, la notion de propriété est très relative en ce qui concerne les logiciels. Au contraire, des groupements d’utilisateurs étaient couramment formés pour l’échange de savoir et la modification collective des logiciels. Les fabricants soutenaient ces initiatives car le logiciel ne constituait pas encore une source de revenu et donc encore moins un marché stable.

C’est à la fin de la décennie 70 que l’industrie micro-informatique se développe et instaure une nouvelle ère : l’ère du logiciel propriétaire. Notre humaniste et ennemi des inégalités préféré :Bill Gates, est l’un des grands défenseurs de ce nouveau marché et s’illustre en écrivant une lettre ouverte aux hobbyistes appelant à cesser le copiage « illicite » des programmes. Les logiciels constituent peu à peu un marché alternatif à l’ordinateur et se vendent directement exécutables ce qui rend évidemment la chose moins intéressante mais bien plus rentable. L’acheteur se trouve ainsi lié au producteur, à son bon vouloir et aux améliorations qu’il daigne partager. L’histoire de Microsoft notamment se résume assez simplement avec ces logiques-là.

C’est donc dans les années 80 que Richard Stallman, qui travaille au laboratoire d’intelligence artificielle du MIT (Massachussetts Institute of Technology), observe ce changement qui de son point de vue est assez burlesque : lui et ses collègues vont créer des logiciels qui ne pourront plus s’échanger ensuite.

De là se crée la Free Software Foundation et la mise en place d’une licence libre ou copyleft. L’intérêt de la chose est que cette licence déposée permet l’échange, l’amélioration etc… mais surtout l’impossibilité de rendre le logiciel moins libre en le redistribuant. Exit donc les mastodontes bouffeurs de fric. C’est le principe de l’open source qui garantit cette liberté face aux vendeurs de toutes espèces : il permet l’accès à ce que l’on appelle le code source, code qui constitue en gros l’ADN du programme. A nous donc les logiciels génétiquement modifiés… C’est cela qui permet d’adapter le logiciel aux besoins individuels. Petit bémol : c’est la FSF et le projet Debian qui sont les uniques médiateurs et garants de la validité de chaque licence libre. La FSF précise que la confusion de sens avec le mot free n’est pas à faire : la gratuité n’est pas garantie avec le logiciel libre et certains noms de logiciels sont déposés comme Linux, Mozilla, Apache…) Debian accepte cependant que les versions modifiées changent de nom.

Mais qu’importe, l’initiative free software a créé un effet papillon : grâce à la gestion et la création coopérative et communautaire des logiciels gratuits, il est difficilement concevable que le logiciel libre puisse être totalement récupéré par les industries mercantiles. Un autre point important qui garanti l’indépendance des logiciels est le principe de l’inter opérabilité. C’est ce qui assure la compatibilité des formats et des logiciels sur tous les ordinateurs. On comprend que Microsoft n’apprécie pas la chose…

Il est légitime de se demander pourquoi de telles initiatives et pourquoi une telle réussite.

La vérité semble être que la création de logiciels libres est un tremplin en or pour être embauché dans les grosses compagnies par la suite ou se faire une réputation divine auprès des mordus du langage binaire (cf : Linus Torvalds). Les développeurs et utilisateurs aiment pourtant à préciser qu’ils sont indépendants et que leurs motivations sont liées à des conceptions politiques très différentes. Richard Stallman adopte une position assez partisane : il considère que le droit d’auteur en empêchant l’entre aide par la copie ou l’optimisation et en privilégiant l’auteur aux dépends du monde entier est « nuisible pour la société ». D’autres soulignent tout simplement l’efficacité du système coopératif par rapport aux autres modèles. Plus cette « coopérative » est nombreuse, plus les garanties sont optimisées : sécurité, expertise, amélioration rapide… Tout est de plus basé sur le bénévolat, ce qui ne semble pas poser problème car chacun y a ses intérêts et travaille pour soi et la communauté. Il n’y a peut être pas de quoi crier au communisme libertaire mais l’initiative est tout de même plaisante.

L’un des éléments fondamentaux qui a permis la diffusion à très grande échelle, au point que beaucoup de personnes, même étrangères au milieu informatique, se sont « mis à la page » et rejettent même quelque fois les gros vendeur est la gratuité. La rareté voire l’inexistence de la gratuité dans le système capitaliste rend la chose d’autant plus attrayante. Le principe de consommation est exclu de ce monde du libre qui il faut l’avouer effleure du doigt certains de nos principes les plus chers : la libre et égalitaire disposition de la production, du savoir… et le rejet des principes propriétaires et capitalistes.

Il s’agit de points intéressants si l’on imagine les progrès que cela engendre dans les écoles : la possibilité pour les enfants de ramener le logiciel sur lequel ils travaillent à l’école chez eux, l’indépendance vis à vis des systèmes de fonctionnement particuliers c’est à dire le non formatage de l’élève à un logiciel précis… Autant d’éléments très « utiles » mais qui ne résolvent pas la question des inégalité par rapport à l’accessibilité au matériel informatique. Pour cela il nous faudra quand même une bonne petite révolution sociale.

Tout cela permet de placer nos espoirs dans ce phénomène de société, en effet, le développement du logiciel libre est mondial et l’on peut voir des rassemblements comme les Rencontre Africaines du Logiciel Libre (RALL) se tenir où se présentent également des délégations d’Amérique du sud ou d’Asie ce qui pose les bases d’une union mondiale. Mais il faut cependant bien avouer que même pour ceux qui ont un ordinateur (1 foyer sur 2 en France), il s’agit encore d’une liberté toute relative : Des sociétés comme Ubuntu sont privées et c’est souvent dans le service, les liens et la publicité qu’il y trouvent la possibilité de faire du fric. Dans les entreprises, le service peut néanmoins permettre d’adapter les logiciel aux besoins particuliers lorsqu’elles ne font pas appel aux utilisateurs sur les forums, démarche qui elle ne coûte rien.

Mais le téléchargement de logiciel libres accompagne le développement de l’ADSL et les simples utilisateurs n’en sont pas tous équipés. Demandons-nous par qui sont fabriqués les ordinateurs ? Qui tient les pourvoyeurs d’accès Internet ? Certes des initiatives voient le jour pour ce qui est des hébergeurs associatifs (l’autre.net) mais nous restons encore bien dépendants de la grosse industrie informatique qui même avec les logiciels propriétaires continue de faire des profits. La gratuité des logiciels pourrait bien les inciter à augmenter les prix d’autres équipements, car il ne faut pas se leurrer : l’industrie se recyclera.
Rêvons donc de coopératives de constructions de micro-ordinateurs indépendantes et de gratuité des machines, là peut être se profilera un début d’indépendance face aux capitalistes.

LE LIBRE DANS LA REGION

 Ateliers au Hangar Occupé (43 rue jardin des plantes à Moulin métro : Pte de Douai) les mercredi 18h-20h pour initiation à l’installation de Linux, constitutions de matériel avec de la récup’, distribution de logiciels libres…

 Le 7 juin au CCL soirée de soutien à Indymédia Lille (bouffe - atelier anonymat sur internet - proj’-discussion)

 Apéros Spip de la communauté d’utilisateur-trice-s de ce logiciel de création de sites web.

 Accès internet à prix libre les lundi, mercredi et samedi (15-18h) au CCL

 Du 10 au 14 juillet 2007 à Amiens se tiennent les 8e rencontres mondiales du logiciel libre.