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Alternatives sociales et politiques en Amérique du Sud

lundi 5 mars 2007


L’idée de solidarité entre les peuples et d’une solidarité libertaire à travers le monde est une réalité mise en oeuvre depuis des dizaines d’années. Ce sont ces réseaux qui nous permettent de " savoir ce qui se passe " ailleurs. Ainsi le réseau Solidarité Internationale Libertaire (SIL) soutient les projets d’organisations sud-américaines, la FAG (Federação Anarquita Gaùcha), la FAU (Uruguay) et l’OSL (Organisation Socialiste Libertaire). De même, l’Internationale des Fédérations Anarchistes agit comme un outil pour passer les informations, coordonner des mouvements ou des campagnes. En outre, la multiplicité des échanges individuels ou collectifs qui peut exister entre libertaires permet le développement de relations " à la base " qui se construisent chaque jour. Enfin, il ne faudrait pas oublier que le développement des médias dits " alternatifs ", comme Indymedia ou @-infos, permettent aux anarchistes (mais pas seulement) de pouvoir informer, mobiliser et exister.

Il s’agit ici de mettre en exergue des pratiques et des essais autogestionnaires, a fortiori anarchistes, qu’on peut trouver en " AmSud ". Le but n’est pas d’être exhaustif, mais d’appréhender quelques réalités du mouvement anarchiste sud-américain. À l’heure où les tenantEs de LA nouvelle voix de gauche nous annonce un grand élan révolutionnaire latino-américain, regardons derrière l’épaisse fumée des cigares de chefs autoproclamés de LA révolution et intéressons-nous aux quartiers et classes populaires. Car c’est dans ces lieux que se développent la démocratie directe et l’auto-organisation des populations. En effet, dans des pays qui sont tous passés par la dictature, la question de la démocratie n’est pas élémentaire et les aspirations au changement sont d’autant plus fortes dans les couches les plus défavorisées de la population. C’est pourquoi les projets " alternatifs " (autogérés) concernent le renforcement ou la construction de lieux d’expression populaire et de lieux de vie communautaire comme en Uruguay ou Brésil. L’anarchisme, revendiqué ou pas, offre cet idéal d’autonomie qu’on retrouve dans les villes et les campagnes sud-américaines. C’est pourquoi aussi on a pu entendre parler de " Commune libre ", d’autonomie à propos de la lutte du peuple d’Oaxaca ces derniers mois. Sans dire que l’ombre de Louise Michel planait sur l’Etat insurgé, une réflexion a été amorcée sur un nouveau pacte social autour de la nouvelle démocratie, l’économie sociale et solidaire, une nouvelle éducation, la justice et l’équité sociales. Durant le congrès constitutif de l’APPO (Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca), ces idées sont reprises et discutées. On peut souligner la cohésion qui se construit entre les divers-e-s acteur-trice-s de la lutte, dont les intérêts ne sont pourtant pas toujours les mêmes, notamment entre les communautés indiennes et les forces d’opposition au capitalisme (communistes, libertaires). Les dissensions qui existent ne leur font pas perdre de vue qu’ils-elles ont un réel intérêt commun à construire ensemble une société plus juste et respectueuse de leurs individualités.

Les conditions (économiques, sociales et politiques) pour la diffusion des idées libertaires sont difficiles en Amérique Latine. Celle-ci offre une réalité du mouvement des " sans " qui est plus crûe que la nôtre. Les mobilisations de celleux qu’on appelle " sans " ont jalonné les luttes sociales de ces dix dernières années. Le Forum Social Mondial en se créant en opposition au Forum Economique Mondial prétendait être la voix des sans-voix avec par exemple le réseau No Vox - dont l’objectif était de construire un réseau international des mouvements de mobilisation des populations exclues. La place des " sans " (papiers, revenus, terre, logis, ticket) dans les organes de décision et leur présence dans les débats étaient insignifiantes. On peut donc constater une fracture entre " sans " et " avec " un peu moins classique que celle entre révolutionnaires et réformistes.

L’étouffement des anarchistes dans des régimes autoritaires et la précarité des moyens matériels sont un lot quotidien. Les anarchistes essaient, au niveau qui est le leur, de soutenir les expériences autogestionnaires (voir encadrés). A la mondialisation capitaliste, nous opposons, ici et maintenant, la solidarité concrète et directe. Bâtir un autre monde, c’est participer à la mise en place d’une athénée, d’un centre social ou d’une imprimerie, terreaux d’expériences inédites, de prises en charges collectives et autonomes. En élaborant ces projets à la base et dans l’action directe, en marge de celleux qui voudraient doter le mouvement de résistance internationale à la mondialisation capitaliste d’un projet de société unique, élaboré de façon déconnectée des réalités par des intellectuel-le-s de salon ou des meneurs et meneuses autoproclamé-e-s.

Uruguay

Une athénée existe déjà, à Colon. Il s’agit d’un lieu de débat collectif et de décision impliqué dans les luttes sociales : luttes ouvrières ou étudiantes, combats écologiques, dénonciation de la corruption, développement des soins médicaux et de l’éducation, etc. Mais elle atteint ses limites, à cause du prix des terres. Le matériel militant est aussi incomplet : il manque une camionnette à la FAU, outil indispensable pour la propagande de rue, dans un pays où les moyens de communication et les modes de manifestation n’ont rien à voir avec les nôtres.

Brésil

Un projet similaire à l’athénée de Colon est lancé de l’autre côté de la frontière, dans le village de Sepe Tiaraju, à la limite du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay. Par l’action directe, 483 familles de paysan-ne-s sans-terre se sont emparéEs de 16 hectares. Mais elles manquent en particulier d’un hall communautaire, un lieu social et politique, où pourront se réunir les assemblées générales des habitantEs. Au Brésil, imprimer un journal ou même un tract est un casse-tête.
Pourtant, l’arrivée de Lula au pouvoir avait créé l’espoir. C’est dans ce cadre aux relents socialo-capitalistes que se sont tenues les journées anarchistes de Porto Alegre en 2001, organisées par la Federação Anarquita Gaùcha. Des mouvements venus de Colombie, du Chili, d’Uruguay ont rappelé les bases de leur résistance : démocratie directe, indépendance avec les partis politiques, action directe ou encore autogestion. Les camarades rappellent que la politique n’est pas la conquête du pouvoir mais bien la construction de résistance avec toutes et tous pour créer ici et maintenant un monde juste.
Les camarades de la FAG articulent leur lutte sur quatre fronts. Le premier est le travail communautaire, essentiellement dans les favelas pour créer des espaces de solidarité. Un autre front a été ouvert avec les étudiant-e-s pour soutenir les luttes de la jeunesse. La communication alternative est aussi un autre chantier : la FAG travaille avec Indymedia mais aussi un réseau de radios indépendantes. Enfin, les libertaires brésilien-ne-s tissent des liens avec des syndicats. La Fag n’a pas la volonté de s’unir seulement avec les mouvements libertaires. L’alliance politique n’est pas qu’une question théorique. Elle peut se faire sur des pratiques, notamment d’action directe. C’est ainsi qu’elle soutient le Mouvement des sans terre (MST) pour " sa prise de responsabilité en pratiquant des réquisitions de terres. " Toutefois, elle s’en sépare au niveau idéologique dans la mesure où les dirigeants du Mst sont d’obédience marxiste-léniniste.
La FAG s’est créée en 1996 dans la volonté de rompre avec un mouvement libertaire absent des luttes sociales. Dans un pays grand comme l’Europe, elle ne réunit que les libertaires du Rio Grande do Sul, l’Etat le plus au sud du Brésil, juste au Nord de l’Uruguay. Elle est une expression de la nécessité de porter les idées libertaires dans le mouvement social. Inspirée de la FA Urugayenne, elle rompt avec la tendance des anarchistes à s’enfermer dans des discours idéologiques, purement théoriques. La FAG va créer une imprimerie libertaire destinée à tous les mouvements avec lesquels elle est en lien.

Argentine

Ce sont bien les peuples qui s’insurgent que nous soutenons. C’est le peuple bolivien qui arbore fièrement des tee-shirts " Coca si, Alca no ! " (la culture du coca est ybe des rpincipales ressources du pays et Alca est un accord de libre échange sud-américain). C’est ce même peuple qui descend dans la rue et risque sa vie pour sauver les plantations, demander la démission d’un président pro-étasunien ou encore contre la privatisation de l’eau comme à Cochabamba. En Argentine, face aux politiques du FMI depuis la fin des années 1990, ce n’est pas le pouvoir qui a résisté mais bien les piqueteros (chômeur-se-s qui bloquent les carrefours pour revendiquer leurs droits). En s’auto-organisant dans les quartiers sous un mode libertaire, ils ont recréé des systèmes de troc qu’aucune loi ni gouvernement n’aurait pu décréter. Pour les tous jeunes groupes communistes libertaires argentins, l’Argentinazo (19 et 20 décembre 2001) a constitué le baptême du feu, avec une forte insertion dans le mouvement populaire. La responsabilité de développer une politique révolutionnaire après l’Argentinazo a donc échu à une nouvelle génération d’anarchistes liée aux mouvements populaires, et qui se structure principalement autour de deux petites organisations : l’Organización Socialista Libertaria et Auca. L’OSL et Auca (auca signifie « rebelle » en indien mapuche) sont apparues presque simultanément en 1997-98, avec la volonté de faire vivre « l’anarchisme dans la rue » (« l’anarquismo en la calle »), d’où le nom du journal anar " En la calle " qui a cessé de paraître. Formée en 1997, Auca a commencé en 1999 à investir le terrain de la lutte sociale, à travers plusieurs associations de chômeurs ou chômeuses et d’étudiantEs. OSL et Auca, après une période de propagande anarchiste, ont fait leur « autocritique » et ont pris un tournant moins idéologique, en s’immergeant dans les mouvements sociaux. C’est à ce moment que des divergences sur la façon d’intervenir ont éloigné les deux groupes. En 2000, Auca a quitté la structure commune que constituait En la Calle, et a créé le périodique Offensiva Libertaria.
Malgré leur taille réduite (trentaine de personnes chacune), les deux organisations s’astreignent à tenir régulièrement des congrès pour analyser la situation sociale, et mettre à jour leur stratégie politique. De la convergence de ces associations est né, en 2001, le Mouvement d’Unité Populaire (MUP), qui a l’époque ne regroupait qu’une poignée de militant(e)s, et qui a organisé son premier « piquete » le 1er mai 2001. Après l’insurrection du 19-20 décembre, le MUP a connu une croissance spectaculaire, allant jusqu’à compter 2000 membres, répartis en différents « fronts ». Le front piquetero est le plus important, mais il existe également un front étudiant (baptisé Agua Negra, « Eau noire ») et un front paysan. Chacun de ces fronts développe une activité revendicative qu’on pourrait qualifier de syndicale. Le MUP a d’ores et déjà réussi à se développer ailleurs qu’à La Plata, sa base historique.
Pour finir, on retrouvait des camarades anarchistes actifs au sein du mouvement des chômeurs, principalement au " MTD Aníbal Verón ", une des organisations piqueteras les plus radicales, au sein de laquelle se retrouvaient diverses sensibilités (anarchiste, marxiste, péroniste de gauche…). « Aníbal Verón » avait pour caractéristique principale d’être auto-organisé, et de n’être pas la succursale d’une organisation politique. Mais l’organisation a éclaté en septembre 2004 en plusieurs morceaux, et certains comités locaux ont pris leur autonomie.

Venezuela

En relation depuis trois ans avec les camarades venezuelien-nnes du Comité de Relations Anarchistes de Caracas, nous tenons à votre disposition El Libertario. Nous organisons des manifestations de soutien (projection, concerts...) et vendons des CD dont la recette est envoyée là-bas.
Au milieu des années 80, à Caracas, le collectif autogestionnaire libertaire crée El Libertario, mais en suspendra la parution au bout de six numéros. Parmi les initiateur-rices du journal, il y a Angel Cappelletti, des vétérans espagnols, des ouvrier-e-s et d’autres militant-e-s... Ce n’est qu’en novembre 1995 que le journal reparaît, sous l’impulsion du Comité de Relations Anarchistes (CRA) à Caracas. Le CRA est un groupe affinitaire, c’est-à dire composé de personnes qui partagent l’idéal libertaire et qui recherchent la construction d’une société basée sur la démocratie directe, la justice sociale, l’autogestion, l’entraide, etc. Le CRA est composé de personnes de toutes générations qui réalisent ensemble le bimestriel El libertario. Il faut noter que dans les activités du CRA, le journal est un outil, au même titre que le site internet, ou encore le centre social libertaire de Caracas.
« Autogéré à 110 % », le journal affiche une profession de foi très simple et très claire : « Chaque numéro est réalisé par la coopération volontaire de ceux qui croient important de faire entendre une voix pédagogique de contre-information, que nous élaborons de façon autonome, sans recevoir de subsides d’aucune structure de pouvoir, et sur la base de l’accord libre de ceux qui le réalisent. Lecteur, tu es invité à faire partie de cette expérience. Ici, il n’y a ni leader ni patron, mais il y a un processus d’apprentissage et de débat permanent pour renforcer un réseau horizontal et antiautoritaire d’action sociale transformatrice. Nous voulons informer sur la théorie et la pratique des anarchistes en Amérique latine et dans le monde entier, mais aussi appuyer ce que les mouvements sociaux autour de nous ont de libertaire. » Il rassemble des signatures en provenance de toute la mouvance libertaire.
El Libertario a une diffusion assez large. Bien répandu au Venezuela, il est lu sur tout le continent, et bien au-delà, jusqu’en Europe. Les articles portent sur des sujets d’actualités, essentiellement : « Les autoritaires en guerre contre l’enfance », « Architecture de l’insécurité », « La culture de la pauvreté », « La résistance au militarisme en Amérique latine », etc. et sont écrits par des auteur-ses argentinEs, chilienNEs, espagnolEs... Il était très lu dans les universités de Caracas et très connu dans les milieux anarcho- punks puisque le journal doit beaucoup à cette sensibilité libertaire de contre-culture.
El libertario n’est pas la seule manifestation de l’arnarchisme vénézuelien : il existe un centre social anarchiste au Venezuela chaviste ! Les membres de la CRA du Venezuela ont ouvert leur Centre d’Etudes Sociales Libertaires à Caracas depuis le dernier trimestre 2004. Au programme, bibliothèque, ateliers en tous genres, publications... C’est le seul pôle de résistance contestataire et libertaire face à Chavez.

Déclaration commune des rencontres anarchistes

Forum social alternatif de Caracas
Nous voulons insister sur le fait que ces camarades de différents pays parviennent à travailler ensemble. Par exemple, voici une déclaration qui fait suite au Forum Social Alternatif de Caracas en janvier 2006 :
Nous, anarchistes réunis à Caracas à l’occasion du Forum Social Alternatif du 23 au 29 janvier 2006 - en provenance d’Allemagne, d’Angleterre, d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, du Canada, de Colombie, de Cuba, d’Équateur, d’Espagne, des États-Unis, de France, du Mexique, du Chili, d’Italie, de Russie, d’Uruguay et du Vénézuela - considérons important de rendre public une position spécifiquement anarchiste qui rende compte de notre expérience et de nos échanges. Dans cet esprit, nous déclarons que :

1. En accord avec nos bases idéologiques constitutives nous ne pouvons que confirmer notre plus profond rejet de toute forme de domination et d’oppression. Par conséquent, nous condamnons une fois de plus, et pour éviter tout type de doutes ou de malentendus, le régime capitaliste et l’organisation étatique de la société, ainsi que le militarisme, l’impérialisme, le patriarcat, le racisme, les différentes formes d’emprisonnement, la dégradation de l’environnement, la domination de cultures prétendues supérieures et tout ce qui suppose qu’un être humain puisse être au-dessus d’unE autre.

2. Au contraire, amantEs de la liberté jusqu’à la luxure, nous ne nous lasserons pas de partager notre inspiration pour des valeurs libertaires, égalitaires et solidaires qui permettent la construction d’une société véritablement socialiste ; une société organisée sur des bases autogestionaires, fédéralistes, de démocratie directe et bien au-delà des frontières étatiques artificielles.

3. Également, au-delà du rosaire habituel de bonnes intentions et de déclarations socialistes, nous considérons important de préciser à nouveau qu’une société véritablement libertaire peut seulement résulter de la décision conciente de sa base. Aucun exemple historique ne montre que l’espoir d’une telle société puisse venir d’un historiscisme obscur, d’un processus élaboré dans des sphères lointaines ou par des messies-caudillos. Avant tout, ce ne sont que des illusions bloquant toute émancipation réelle qu’il faut continuer de dévoiler et de critiquer.

4. Cette affirmation paraît particulièrement d’actualité et nécessaire, dans la mesure où semble s’ouvrir en Amérique Latine un nouveau cycle historique qui conduit les peuples à investir leurs angoisses et leurs espoirs dans la sociale-démocratie ou le populisme. Ils sont appelés pour administrer la crise du système de domination capitaliste mais en perpétuent seulement une expression maquillée et édulcorée. Par conséquent, nous réaffirmons, présentement confortéEs par une riche expérience historique, qu’il n’y a pas de chemins étatiques ou avant-guardistes vers une société socialiste libertaire. Le projet libertaire sera crédible s’il appuie sur les luttes des mouvements sociaux de base et sur une autonomie intransigeante.

5. Nous considérons aussi que la liberté n’est pas seulement un objectif mais un chemin et une pratique. Par conséquent, nous ne pouvons faire moins que défendre les libertés conquises et à conquérir dans notre longue marche, en condamnant de maniere conséquente tous les gouvernements y compris ceux qui se revendiquent comme révolutionnaires du continent latino-americain et de toute autre partie du monde. Que cela soit clair, nous condamnons tout gouvernement qui trouve son inspiration dans une liberté tronquée ou repoussée à un terme lointain. Et peu nous importent leurs hautes considérations sorties d’une imagination délirante.

6. Finalement, appartenants à différents courants de la pensée et de la pratique anarchiste et en ayant démontré dans les faits qu’il est possible d’établir un climat de fraternité et de respect entre nous au-delà de nos différences, nous affirmons qu’il est possible et nécesssaire pour notre mouvement de construire tous les réseaux solidaires possibles. Ceci est et sera notre engagement et notre tâche immédiate.

Biopoliticos (Colombie), Colectivo Autonomo Magonista - CAMA (Mexique), Federacion Libertaria Argentina – FLA, Comision de Relaciones Anarquistas - CRA (Vénézuela), Centro de Estudios Sociales Libertarios - CESL (Vénézuela), Ateneo de Contracultura y Estudios Acratas « La Libertaria » - Biscucuy (Vénézuela), The Alarm - Newspaper (États-Unis), Espacio - Review (Équateur), Kolectivo de Objecion por Konciencia - ART (Colombie), Movimiento Libertario Cubano – MLC, Grupo de Estudos Libertarios - Babilonia (Brésil), Cruz Negra Anarquista (Vénézuela) et des individuEs

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