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La vie en kaki,c’est tellement plus joli !

vendredi 6 octobre 2006


Police en danger : les paras ont attaqué !

Il s’en passe des choses bien sympa le week-end à Laon en Picardie...

Samedi soir dernier 10 paras en uniforme du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de Pamiers en manoeuvre dans le coin ont pris d’assaut un commissariat. Motif, alors qu’ils roulaient à tombeau ouvert dans le centre-ville dans des jeeps, l’un des conducteurs s’est fait contrôler par les condés et comme il était fin bourré il s’est fait embastiller. Ni une, ni deux, nos héros en furie de la lutte anti-répression ont voulu libérer leur camarade... c’est beau la solidarité et l’esprit de corps. Résultat : un flic victime d’une foulure du doigt ! et des bidasses condamnés pour rébellion, outrage et même "menaces de mort envers la police" !

Ah s’ils avaient été là avec nous lors des manifs du mouvement anti-CPE !?

Soldat, une mission : arrêter la guerre !

Macabre coïncidence c’est ce même régiment d’élite qui se trouvait dans l’immeuble "Drakkar" à Beyrouth le 22 Octobre 1983 dans le cadre de la participation française à la FINUL. Ce jour là le Hezbollah provoque deux attentats : contre l’aéroport de Beyrouth occupé par les troupes américaines (plus de 200 morts) et contre le bunker français. 58 cadavres de bidasses seront rapatriés en France et copieusement décorés avec tous les Honneurs de la République. Du coup, et malgré les gesticulations diplomatiques estivales de Chirac et la valse des ministres dépêchés sur place, nos dirigeants et l’Etat Major sont assez réticents à l’idée d’envoyer des troupes une nouvelle fois dans le cadre des résolutions de l’ONU. Le risque de devoir encore une fois ramener des cadavres de gentils petits soldats de la paix en pleine année électorale a de quoi les faire frémir. Mais les médias nous ont si bien abreuvéEs ces derniers mois avec des images du peuple libanais plébiscitant les efforts d’une "France amie du Liban", arrachant aux USA et à Israël les conditions d’un cessez-le-feu, qu’on a bien cru pleurer devant cette belle générosité, cette belle mission universelle de paix du pays des droits de l’homme. Et puis quand tout un peuple attend avec reconnaissance la venue des soldats français pour qu’il partagent fraternellement son sort, celui de tampon entre des troupes de guérilla qu’il n’est pas prévu de désarmer et une armée israélienne prête à réoccuper par la force le Sud-Liban... ce serait bien mesquin de bouder l’invitation.

Des troupes françaises iront donc s’interposer et déjà des troupes du génie s’acharnent à reconstruire des ponts et rafistoler des routes sous l’oeil goguenard des belligérants qui sont déjà prêts à en faire des ruines.

Mais contre mauvaise fortune bon coeur, la guerre ne fait pas que des malheureuSESx. Outre sa "mission universelle" de paix et de concorde, la France et plus particulièrement son complexe militaro-industriel n’oublie pas qu’un conflit permet aussi de remplir les carnets de commande. A peine les premiers accords de cessez-le-feu signés que les diplomates français soutenus par des marchands de canons philanthropes se proposaient d’entraîner et équiper l’armée libanaise. Les diplomates américains soutenus par d’autres marchands de canons encore plus philanthropes ont fait capoter le projet. Qu’à cela ne tienne, l’industrie de l’armement française finira bien par fourguer son matériel de destruction. Les troupes françaises viendront au Liban avec 13 exemplaires du fleuron de l’armement national : le char Leclerc (fabriqué par GIAT Industries) qui seront cédés à l’armée Libanaise au terme d’un "prêt-bail". Les LibanaisES peuvent bien pleurer devant les ruines de leurs maisons, les affaires sont les affaires.

Soldat, une autre mission : sauver une démocratie !

En Thaïlande comme en Picardie, les militaires sont de sortie, mais là-bas ils ont réussi leur coup. Ni plus ni moins qu’un putsch pour renverser le premier ministre avec troupes et blindés dans les rues de Bangkok, loi martiale... ça fait le 18ème coup d’état dans ce pays depuis 1932. Comme quoi les bidasses ont le goût de la tradition, ou c’est qu’il ne sont pas capables d’avoir plus d’une idée en tête. Bien entendu les militaires emmenés par le général Sonthi Boonyaratglin n’ont d’autre objectif que de sauver l’unité du pays, mettre fin à la corruption gouvernementale et promettent de rendre le pouvoir au peuple thaïlandais "dès que possible" et patati et patata. Evidemment, les "grandes démocraties" ont dénoncé le coup de force et appelé à une normalisation démocratique de la situation... Ce serait si dommage de se priver d’un partenaire économique. Très courageux et résumant assez bien l’ambiance, le secrétaire général de l’ONU (Kofi Annan) a lui aussi condamné le coup d’Etat militaire. “Ce n’est pas une pratique à encourager”, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision CNN... On n’en attendait pas moins.

Signe des temps, la bourse de Bangkok ne s’est arrêtée qu’une journée et les fructueuses affaires qui s’y déroulent n’ont quasiment pas souffert de l’irruption des militaires dans les rues. D’ailleurs, dans le même temps, les touristes occidentaux pouvaient continuer à se dorer sur les plages sans inquiétude.

Ces mêmes touristes finiront par rentrer dans leurs métropoles et croiseront dans les aéroports, les gares et les ports des types en treillis, l’arme au poing, sans s’émouvoir.
Car même si le mensonge est des plus grossiers (des spécialistes entraînés à tuer, piller, torturer... passent pour des garants de la paix), la propagande basée sur la peur est telle qu’après plus d’une dizaine d’années de "Plan VigiePirate" la présence de l’armée ne semble plus choquer personne.

On vous l’avait bien dit : la vie en kaki c’est tellement plus joli...

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