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Contre l’impérialisme, résistance internationale

Qui veut la guerre, prépare la guerre !

décembre 2002


 Après avoir obtenu de l’ONU un chèque en blanc, les faucons de la Maison Blanche et du Pentagone fourbissent leurs armes en prévision d’une guerre qu’ils peuvent maintenant déclencher quand bon leur semble. Dans une ambiance d’enjeux pétroliers et d’inflation du budget et des commandes militaires, les va-t’en-guerre du Pentagone, qui ont déjà dépêché sur la zone 3 porte-avions, ont également mentionné dans un rapport la possibilité d’utiliser des armes nucléaires tactiques (bombes B 61-11 dites de « faible intensité » ). Peut-être une façon de prolonger les accords multilatéraux de désarmement nucléaires signés entre les USA et l’URSS en se débarrassant des stocks d’obus tactiques nucléaires entassés au temps où (Guerre Froide oblige) on prévoyait de les utiliser sur le « Théâtre Centre-Européen » ? Bien que le battage médiatique autour de ce rapport « secret » puisse faire passer cette information pour de la pure « intox », n’oublions pas que les « Docteurs Folamour » de l’US Army et les marchands de canons (que l’administration Bush ne cesse de caresser dans le sens du poil à hauteur de 351,1 milliards de dollars) piaffent d’impatience d’utiliser leurs joujoux mortels. Rappelons que lors de la précédente Guerre du Golfe (1991), l’actuel « Axe du Bien » avait fait un usage immodéré d’obus perforants à l’uranium appauvri. On attend donc avec impatience les protestations silencieuses des Verts qui à l’époque de la guerre du Kosovo s’étaient alignés au garde-à-vous pour soutenir la solution guerrière.

 Au rayon Hi-Tech, en plus des satellites, on pourra assister à la mise en service des e-bombs, armes de guerre électroniques capables de réduire à néant systèmes de communication, radars, ordinateurs… Voilà de quoi relancer l’enthousiasme du marché des nouvelles technologies (NASDAQ) un peu mis à mal ces derniers temps. Comme quoi une guerre sale pour les populations civiles irakiennes taxées de « dommages collatéraux » peut toujours purifier les finances des conglomérats pétroliers et militaro-industriels.

 Mais ces préparatifs ne font pas l’unanimité, même au pays de l’Oncle Sam. En témoigne la mobilisation autour des collectifs « Not In Our Name » (pas en notre nom) et « No War for Oil » (pas de guerre pour le pétrole) qui, en pointant clairement les objectifs réels de la politique étrangère de Washington, refuse de lui apporter toute caution populaire. Au pays phare de la démocratie, certain-e-s ont déjà tâté de la matraque pour leur manque subversif d’enthousiasme à la croisade pour abaisser le prix du baril de pétrole. D’autres, comme les dockers de la côte ouest des USA risquent de voir la soldatesque débarquer dans leurs ports pour réprimer leur grève. Est-ce à dire que la guerre est une affaire trop sérieuse pour que sa logistique puisse reposer sur des travailleurs dont le syndicat (ILWU) a refusé de transporter des marchandises militaires durant les guerres sales des USA en Amérique centrale et a bloqué tout trafic durant le sommet de Seattle ?

Prague N21 : une fête des puissants dans une cité de fantômes

 Les 21 et 22 novembre se tenait à Prague (République tchèque) un sommet de l’OTAN. Cet instrument militaire au service des intérêts impérialistes de l’occident regroupe autour des USA la Belgique, le Canada, la République Tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, l’Espagne, la Turquie et le Royaume-Uni, bref de quoi sécuriser militairement le trafic en mer du Nord (pétrole), en Méditerranée (accès au Proche-Orient) et verrouiller l’Atlantique Nord. Au programme des discussions, la guerre contre l’Irak et l’élargissement de l’OTAN à des pays d’une zone centre-européenne et balkanique que l’Europe s’était montrée incapable de sécuriser.

 Pour accueillir autant de chef d’États le gouvernement tchèque avait mis les bouchées doubles, le ministère de l’Intérieur organisant une vaste propagande de terreur préventive, recommandant à la population de ne pas adresser la parole aux protestataires, de quitter si possible Prague (ce que firent plus de 20.000 habitants), de ne pas abuser de la patience des policiers et orchestrant une campagne de diffamation contre les anarchistes en les accusant de s’entraîner dans des camps secrets aux techniques de guérilla urbaine. Frontières fermées, tractations avec les services secrets des pays limitrophes pour empêcher la venue de militants radicaux, espace aérien gardé par les chasseurs américains, déploiement de 12.000 hommes (dont 3.000 d’unités anti-émeutes, 4.500 militaires avec véhicules et 150 soldats US…). Avec un tel état de siège certains chefs d’État ont été jusqu’à se plaindre de n’avoir vu de Prague que des véhicules militaires.

 Malgré le souvenir de la féroce répression policière de septembre 2000, près de 3.000 anarchistes (dont des centaines venus des pays d’Europe de l’Est) ont répondu à l’appel de la Fédération Anarchiste Tchécoslovaque (CSAF), de l’organisation des Anarchistes Révolutionnaires - Solidarité (ORAS) et de l’Alliance Féministe du 8 mars, et refusant d’être terroriséEs pas l’Etat ils/elles ont manifesté contre la guerre et l’impérialisme et pour la révolution sociale.

 Conscients du faible impact de leur action (les médias ne s’intéressent guère aux manifestations qui ne sont pas suivies de « débordements »), nos camarades tchèques ont malgré tout dignement fait la preuve que la concertation collective et la solidarité sont des armes au service de la résistance à la barbarie capitaliste. Résistance que, grâce à la solidarité d’organisations comme la Fédération Anarchiste Polonaise, les Action Anti-Fasciste (AFA) de Slovénie et de Croatie, etc., ils s’emploieront à intensifier localement. 

Gênes : un mort ne leur a pas suffi !

 Plus d’un an après le meurtre de Carlo Giuliani en juillet 2001, la répression contre toute velléité de révolte à l’ordre marchand se poursuit en Italie. Dans la nuit du 14 au 15 novembre, plus d’une vingtaine de militantEs anti-mondialisation du sud de l’Italie ont été arrêtéEs sous prétexte d’ « association subversive » ou d’avoir « attaqué l’ordre politique et économique ». En fait les juges les soupçonnent d’être des organisateur du Black Block et d’avoir planifié et participé à des actions visant à « dévaster » la ville de Gênes. Pour preuves à l’appui : des perquisitions qui ont permis aux carabiniers de dénicher des passe-montagnes, des bâtons et des barres de fer. Notons que lors du G8 en 2001 à Gênes, la police de Berlusconi avait déjà organisé d’importantes rafles d’armes dans des milieux estimés « violents » et exposé le fruit de leurs investigations aux journalistes de la presse internationale : quelques cagoules, canifs de poche, bâtons…

 C’est donc avec des amalgames aussi grossiers que « contestataire = terroriste » que le gouvernement italien compte essayer de faire taire tous ceux et celles qui se sont déjà révoltés et continuent de le faire contre un système social inique et prêt à toutes les guerres actuelles ou à venir pour assurer d’importants profits à ses commanditaires.

 Rien ne justifiera jamais la voracité meurtrière des puissants qui pensent dominer le monde.
 

Rien ne fera jamais taire ceux et celles qui veulent saboter leur projets

Contre l’impérialisme et la guerre, résistance, désobéissance !