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Rentrée plombée

Politique antisociale sauce Raffarin

octobre 2002


En dépit de ses efforts de communication, le gouvernement Raffarin ne trompe personne sur ses intentions vis-à-vis du monde du travail. Dès juillet le ton a été donné : impasse sur la hausse du SMIC et jack pot pour les ministres avec 70 % d’augmentation après celui des médecins qui ont obtenu une hausse de plus de 1 300 euros mensuels. Qui dit mieux ? En parallèle, pendant les vacances on a vu les 5% de baisse d’impôts directs annoncés en fanfare largement absorbés par les augmentations des produits pétroliers, de la CSG, des tarifs SNCF et des hausses à la consommation.

Raffarin des bois : il vole les pauvres pour donner aux riches

Au total, seules les tranches supérieures en sortent bénéficiaires, l’impôt pour les riches n’ayant jamais été aussi bas depuis 1918 !

Voilà venu le temps de l’action à la sauce de droite aussi indigeste que les potions de gauche d’hier. Et ça démarre plutôt mal pour la « France d’en bas » selon la formule du publicitaire en chef de la Chiraquie : heures supplémentaires à la hausse (180 heures au lieu de 130), annonces de licenciements dans le secteur industriel, prémisses de discussions sur les retraites pleines de sous-entendus inquiétants, casse accrue des services publics utiles. L’Éducation voit ainsi son budget stagner, 5 600 postes de surveillants supprimés et le départ programmé et non remplacé de 18 000 aides-éducateurs... Comme d’habitude les plus précarisé-e-s sont les premiers touchés. Quant au ministère du travail, c’est tout un symbole, sa part s’effondre de 6.34 %. La seule contre partie accordée aux salariés est la décision d’harmoniser les six SMIC actuels en un seul d’ici 2005, encore que le patronat y trouve son compte et va être grassement payé en subventions pour faire passer la pilule.

Le MEDEF n’a pourtant pas de mots assez forts pour dénoncer la politique sociale par trop « molle » du gouvernement. Discours d’hypocrite mais qui annonce une attitude plus dure du patronat dans les négociations salariales à venir tant sur les salaires que sur les conditions de travail et les retraites. Autrement dit, il n’y a aucun cadeau à attendre ni de l’Etat ni du patronat, ce qui en soi n’est pas nouveau.

Des matraques au service du capital

Mais le contexte politique s’est extrêmement durci (chutes boursières à répétition, annonce de guerre avec l’Irak, lutte antiterroriste tous azimuts, etc.). Après les délires sécuritaires des campagnes électorales, la Droite tient hélas cette promesse. Au contraire des services publics utiles, les ministères de la justice, défense et intérieur voient leurs effectifs et leur budget gonfler : 1 884 flics en plus, 1 926 fonctionnaires à la justice, hausse de 6.11 % du budget de la défense avec un porte-avions supplémentaire à la clé.

Les priorités sont bien posées et les résultats ne se font pas attendre : création des Groupes d’Intervention Régionaux (G.I.R.), loi Perben qui autorise les centres fermés pour les mineurs, création d’un sous-ministère à la construction des prisons... La répression fait peser toujours plus l’insécurité sur les classes populaires qui auront droit en sus à une « justice de proximité » encore plus expéditive. Qui a dit que la justice de classe avait disparu ?

La cerise sur le gâteau est la criminalisation des acteurs du mouvement social. Cet été, du cas Bové à la répression féroce des manifestations No Border de Strasbourg contre l’Europe forteresse des flics et des patrons en passant par la condamnation à de la prison ferme d’un militant syndical à Cherbourg, la justice bourgeoise frappe lourdement... Quant aux sans papiers, c’est plus de cent arrestations-expulsions qu’on recense dans les collectifs de sans papiers pour cet été. Bref, la France de la matraque s’est déjà mise au turbin.

Derrière le vocabulaire aseptisé qu’utilise Raffarin à des fins idéologiques, l’abîme qui sépare la France d’en bas de celle d’en haut ne peut donc être saisi et défini que par la lutte de classe.

Nous n’aurons que ce que nous prendrons !

Que nous le voulions ou non, il va nous falloir contrer la volonté patronale relayée par le gouvernement si nous voulons maintenir et développer notre niveau de vie, nos salaires, notre protection sociale. Notre capacité collective à développer des luttes sociales sera cette fois encore notre meilleure arme et notre meilleure garantie contre les reculs sociaux programmés par ceux d’en haut pour leur plus grand bénéfice. Les grosses confédérations syndicales annoncent qu’elles vont mobiliser pour faire face à la dégradation des conditions de vie et des salaires. Mais comme d’habitude il y a fort à parier que les initiatives devront partir de la base, tout en restant vigilant face au PS et à ses satellites qui, une élection perdue plus tard, se remémorent le terme de « capitalisme » après avoir fait le bonheur des rentiers et des banquiers.

Gageons cependant qu’à l’exemple des manifestations et débrayages massifs en Italie au printemps 2002, la France d’en bas exprimera dans les rues et par la grève sa légitime colère comme elle l’avait fait en 1995. Avec deux mois de lutte, l’épisode 1 de l’ère chiraquienne avait alors pris plus que du plomb dans l’aile. C’est donc tous ensemble dans un souci de solidarité et de convergence des luttes que nous pourrons de nouveau les faire plier.