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Agir contre le chômage

avril 1999


Depuis des siècles, nos ainés ont travaillé durement pour mettre au point notre appareil de production moderne.

Ils avaient compris que l’essor prodigieux des sciences et des techniques entrainerait la fabrication d’une masse considérable de biens de consommation ; mais ils savaient que chez certains individus le sens de la solidarité resterait embryonnaire et que ceux-ci s’empareraient de la part du lion de cette masse de produits, laissant une fraction importante de la population dans le dénuement.

Alors que le progrès devrait permettre d’édifier une humanité idéale où chaque individu aurait accès à des conditions de vie matérielles et culturelles propres à assurer son plein épanouissement, par la faute de l’avidité de certains (en France, les profits boursiers ont été de 30 % en 1997 et d’autant en 1998, les fonds de pension américains exigent pour investir une rentabilité de 12 % à 15 %), notre société devient un enfer pour un grand nombre d’hommes (7 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté ; dans 70 à 80 pays, le niveau de vie de la population est inférieur à ce qu’il était il y a 10 ou 30 ans).

Le monde de l’argent s’est emparé de la majeure partie de l’appareil de production et, comme son seul objectif est la rentabilité maximum, il met cet appareil au service des milieux les plus solvables. De ce fait des millions de foyers aux ressources modestes manquent de biens de consommation de première nécessité. Et, comme l’appareil de production n’est au service que d’une fraction de la population, des millions de travailleurs sont au chômage.

Voilà où nous conduit le système ultra-libéral qui tend à s’imposer partout sur la planète aujourd’hui. Si les peuples ne réagissent pas, ce système transformera le monde en une gigantesque foire d’empoigne où seuls auront le droit de vivre les plus forts et les êtres les plus dénués de scrupules.

Certes, AC ! (Agir Ensemble Contre le Chômage) s’efforce de pallier aux conséquences du fléau aultra-libéral ; il lutte pour que nul ne vive sous le seuil de pauvreté et ne compromette, ainsi, sa santé physique et morale (relèvement des minima sociaux, droit à un emploi décent...), mais AC ! s’en prend surtout aux causes du cancer inégalitaire que provoque l’ultra-libéralisme. AC ! ne préconise pas le recours à la violence pour mettre sur pied une société plus fraternelle, l’échec de l’expérience menée dans les pays de l’Est montre qu’on n’impose pas la pratique de la solidarité. Mais à la veille des élections du 12 juin prochain, AC ! met en garde les dirigeants de notre continent : l’Europe est assez puissante économiquement pour s’opposer au rouleau compresseur de la haute finance internationale. C’est au pouvoir politique et non à un club de grands financiers qu’il revient de diriger l’économie nationale et internationale. C’est à nos dirigeants de veiller à ce que le fruit des avancées spectaculaires des techniques modernes serve à créer les emplois qu’attendent les millions de chômeurs et qui doivent améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population. Les dirigeants européens ne parviendront à ce résultat que s’ils sont fermement déterminés à créer l’Europe sociale. Unis, ils peuvent fixer pour les investissements boursiers des profits raisonnables et disposer ainsi des fonds nécessaires pour pratiquer une politique dynamique d’embauche.

Louis, AC ! Lille