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Un général de moins ou une crapulerie françafricaine de plus ?

mercredi 9 novembre 2005


L’ancien chef de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire (4000 barbouzes français depuis 2002) le général Poncet vient d’être blâmé et muté par MAM ainsi qu’un autre général et un colonel. Ces charmants gradés ont caché l’assasinat d’un Ivoirien (mort étouffé) par des soldats français en maquillant ce meurtre des faux oripaux de la légitime défense.

Désormais l’armée française n’aurait-elle plus le droit, dans son pré carré, de pratiquer en toute tranquillité des bavures pour lesquelles de simples flics seraient à peine poursuivis ? C’est en tout cas ce qu’avance sans rire le titre phare de la presse bourgeoise. Le Monde daté du 22/10 parle d’une “Institution militaire qui a accompli un long chemin pour perdre son image de caste coupée de la société civile” et précise que “l’armée française, en 2005, n’est plus celle des débuts des années 1970 ; les notions de transparences et d’éthique militaire y sont enseignées, et nul n’est censé ignorer que les armées en opération agissent désormais sous l’œil de la justice internationale”. Amen !

Pas de chance pour le le général Poncet. Il venait d’être décoré le 13 juillet par Chirac et avait pu accoler une quatrième étoile à son calot. Alors l’ancien chef de parachutiste aurait-il commis une boulette de fin de carrière ? Au vu de ses états de services, chef des forces françaises au Rwanda pendant le génocide, patron de l’opération Licorne alors que l’armée française tirait sur la foule massée devant l’hôtel Ivoire d’Abidjan puis lorsqu’elle refluait pour fuir le massacre en novembre 2004, on peut en douter. D’ailleurs les poursuites entamées à ces occasions contre lui ont été enterrées. Qui plus est, on nous annonce une plus grande vigilance, mais les seuls soldats français poursuivis et condamnés en Côte d’Ivoire l’ont été pour l’attaque de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Les IvoirienNEs seront heureux d’apprendre qu’il n’y a eu aucune exaction contre les populations civiles ! Il fallait surtout défendre les intérêts de la bourgeoisie et des banquiers.

La réalité est donc sans doute plus prosaïque. Pur produit des exactions françaises en Afrique depuis la décolonisation (soutien aux dictatures pour assurer des rentes aux magouilleurs comme Bouygues, Bolloré, ELF... en remplissant les caisses des partis politiques de la Métropole), le général Poncet, chef de guerre « charismatique » et parfois électron libre a servi de fusible utile. Un petit coup de marketing en somme pour l’armée, bien relayé par la presse française, qui permet de satisfaire tous les camps en Côte d’Ivoire tout en repoussant un peu plus d’autres informations sur les crimes de l’armée en Afrique ainsi que les résultats de l’enquête sur l’attaque du camp français de Bouaké (9 morts chez les soldats français) et qui avait été attribué aux forces aériennes ivoiriennes marquant ainsi une rupture avec le soutien quasi total accordé jusqu’alors au régime de Gbagbo.

La Françafrique est un cancer pour l’Afrique et les forces armées, qu’elles soient coloniales, d’évacuation ou d’interposition, en sont les métastases.