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Qui sont les Barbie(s) ?

avril 2001


On a tendance à assimiler la répression aux coups de matraque des CRS. On a tendance à assimiler le combat contre l’oppression à la défense des droits des groupes dominés, étrangers, sans-papiers, chômeurs, sans-logis. Assimilations partielles et partiales puisqu’elles prennent des formes plus insidieuces… Qui réagit à un propos ou à une attitude sexiste ? Est-ce que l’on n’oublierait pas que les femmes sont aussi un groupe dominé ?

En effet, l’oppression dont sont victimes les femmes touche tous les milieux, toutes les classes socio-économiques et traverse librement toutes les frontières. De l’éducation au monde du travail en passant par la culture, le sexisme est omniprésent. Comme dans un conte de fée : la petite fille joue à la poupée et à la dinette pendant que le petit garçon joue au chef des petits soldats. À l’école, ils apprennent que le masculin l’emporte sur le féminin. Pour s’endormir,on raconte à la petite princesse qu’elle doit docilement attendre le prince charmant qui viendra la libérer. Une fois ado, elle doit s’habiller sexy pour que le prince pas si charmant la siffle dans la rue, et plus si affinités… Lors de son passage à l’âge adulte, bercée par la musique de Brassens et « ses copains » NTM ou Eminem et abreuvée de Slimfast et d’Aubade, elle a le choix entre devenir une salope ou une mère. Et si par hasard elle veut travailler, elle doit virilement faire ses preuves et se contenter d’un salaire d’appoint, sans oublier Prozac et Guronzan pour assure sa double journée (cette liste n’est pas exhaustive).

Et même si elle veut devenir une femme politique, il lui faut être « baisable » (un député lors des législatives de 1997…). Dans une sphère où le paraitre est prédominant, où celui qui tient des propos discriminatoires est montré du doigt par ces gens bien pensants, des actes aussi choquants perdurent impunément.

Qui ne se souvient pas avoir été témoin ou acteur silencieux, voire hilare, d’une plaisanterie sexiste ?

Malheureusement, même parmi les gens qui se battent contre les injustices et les discriminations, la lutte contre le sexisme reste oubliée. On a intégré. On reproduit le « fameux » conte de fée.

Monsieur et madame tout le monde, toi, moi, nous qui fermons tous les jours les yeux sur des discours et des actes révoltants, faisons partie des oppresseurs.

Anne, Johann, Vanessa