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Abbas, Arafat, même « combat »...

Comment les puissants continuent à disposer des peuples

samedi 26 février 2005


Les élections présidentielles palestiniennes : Abbas successeur d’Arafat (tous deux plein aux as, au passage) = négociations, c’est-à-dire compromis encore et toujours. Marwan Barghouti, qui est pourtant en prison après avoir été condamné à 5 fois la perpétuité pour “terrorisme”, approuve et le fait savoir. Les partis politiques palestiniens décident une enième trêve des violences, pendant ce temps-là le Hamas se marre bien, fort des 25% qu’il a obtenu aux élections municipales de décembre (les premières depuis 1976). Il profite de la misère, du chômage (70% par endroits à Gaza), de l’oppression patriarcale, de la perte de repères et d’espoir de la population, pour embobiner cette dernière dans les rouages de son racisme saupoudré d’islamisme ; les islamistes, soit dit en passant, manipulent la population musulmane de la même manière que les sionistes la population juive : leur seul différend reel est de savoir qui d’entre eux obtiendra plus de pouvoir, sous couvert d’obédiences soi-disant opposeés.

Trêve des violences ? Le mur, les routes d’enclaves, les colonies officielles ou “sauvages”, la destruction de maisons et de villages entiers au char et par bombardements aériens, les tabassages, les fusillades partout, à Gaza, en Cisjordanie, dans les camps de réfugiés, dans les villages de Bédouins du désert du Néguev, c’est ce que les gouvernants appellent le “retour au processus de paix”.
Le gouvernement et l’armée israéliens promettent de libérer Gaza, une Gaza en ruine, dont la plus grande partie de la population n’a plus accès au travail, à l’école, aux soins, à l’eau courante depuis longtemps. Ce même gouvernement parle moins de sa détermination à coloniser près de la moitié de la Cisjordanie “pour la paix et la sécurité du peuple israélien”, déclama Sharon, lequel annonçait déjà en 2003 son ambition de ne laisser que 10% du territoire aux Palestinien-ne-s. Qu’ils crèvent, c’est une chose, mais entassés dans un petit coin, ça fout quand même moins le bordel.

Quelle paix et quand ?

Ils l’auront leur sacro-sainte paix. Quand ils auront tué le dernier Palestinien. Mais bon, ils pourraient bien continuer à trouver sur leur route (d’enclave, de contournement ou 67, c’est rien que du vocabulaire) des résistant-ne-s israélien-ne-s, bédouins et/ou de nationalités diverses et variées, qui se foutent bien moins de lutter pour que les peuples puissent vivre et disposer d’eux-mêmes que des nationalités, religions et autres facteurs de discriminations qui les en empêchent. Et puis d’ailleurs, des Pales-tiniens, il en restera toujours, ils n’y avaient pas pensé en les forçant à émigrer, à devenir des réfugiés, des déplacés, comme ils disent (près de 5 millions à ce jour).
Quant à la Pales-tine, petites ou grandes, ses frontières seront toujours un moyen de contrôle pour l’armée. Aujour-d’hui, au risque d’aller droit en prison ou d’y laisser leur peau, des personnes -israéliennes surtout, en l’occurrence- les ont encore traversées clandestinement pour partager de la nourriture, leur savoir et tout ce que les gens du pouvoir n’ont pas encore pu leur confisquer. Même dans l’armée israélienne, on voit surgir la contestation : des milliers d’appelés qui refusent de servir “la cause”, 27 pilotes de l’air, l’unité du commando d’élite de l’état-major (ouh la !) idem... ça ne change pas grand-chose mais c’est quand même mieux que ceux de cette chère gauche, les travaillistes (avec Peres-prix nobel de la Paix à leur tête) qui s’allient ce mois-ci au Likoud et au parti du judaïsme unifié de la Torah pour s’octroyer la majorité parlementaire...
On finirait bien par croire que les peuples n’obtiendront que ce qu’ils sauront prendre...