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Arrêtons de perdre notre vie à la gagner

dimanche 30 novembre 2003


Avec la fin du mythe du plein emploi dans nos sociétés industrialisées voici le temps de la précarité généralisée tant pour les travailleurSEs flexibiliséEs à outrance que pour les chômeurSEs : nous nous retrouvons ainsi plongéEs dans la plus grande incertitude quant à nos conditions de vie et notre devenir. C’est parce que le travail salarié reste encore au centre de nos préoccupations : sans lui pas de revenus (ou un revenu pitoyable) et donc pas de vie décente possible puisque dans nos sociétés tout (bouffe, logement, transports, loisirs...) a un prix. Finalement le chantage que nos dirigeantEs politiques et économiques nous imposent n’a jamais varié : Travaille ou Crève !

En finir avec l’esclavage salarial

Alors pour pouvoir survivre nous acceptons en maugréant de chercher un boulot, sans trop s’interroger sur son utilité, qui nous permette de disposer régulièrement d’un petit pécule à claquer dans les factures, courses, redevances, traites... qui nous tombent régulièrement dessus. Nous nous jetons donc avec nos qualifications plus ou moins utiles, plus ou moins nombreuses dans le "marché du travail". Là nous comprenons vite que le but d’une entreprise n’est pas de fournir des emplois par esprit philanthropique mais de réaliser le plus de profits possibles sans se soucier le moins du monde du bien-être de ses salariéEs. Le plus souvent l’employeurSE nous indiquera qu’il n’a besoin de nous que pour la durée (plus ou moins longue), le poste (plus ou moins pénible), les horaires (plus ou moins réguliers), la rémunération (plus ou moins satisfaisante) qui lui conviennent le mieux en fonction de ses besoins et de sa marge bénéficiaire. Bref notre seul "atout", c’est notre flexibilité : bel euphémisme pour désigner le fait d’être traitéE comme unE TravailleurSE-Kleenex qu’on jette après usage. Bien sûr si nous tentons de réagir au peu de considération que l’on a pour nous, nos employeurSEs s’offusqueront de notre ingratitude alors que ces "humanistes" nous offrent la chance de travailler pendant que tant d’autres croupissent au chômage. Avec une mauvaise foi insensée, ces négrierEs voudraient nous convaincre que s’abrutir de boulot pour leur compte est un privilège alors qu’ils/elles ont toujours eu besoin d’un contingent de chômeurSEs pour nous exploiter tranquillement en jouant sur la mise en concurrence des travailleurSEs.

EcoeuréEs ou tout simplement parce que nous n’avons trouvé personne pour nous exploiter, nous nous en remettons à la providence de l’Etat. Pour peu que nous ayons plus de 25 ans celui-ci dans sa grande mansuétude nous accorde du bout des doigts 400 euros de RMI par mois et débrouille-toi avec ! InstalléEs dans notre misère nous pourrions nous consoler en nous disant qu’au moins nous sommes (chichement) payéEs à ne rien foutre. Cependant les sociétés capitalistes n’ont pas pour vacation d’entretenir des hordes de fainéantEs et bientôt nous sommes somméEs de nos rendre à nouveau "utiles à la collectivité (?)", c’est à dire encore plus productifVEs (merci le RMA)

Travailler pour satisfaire nos besoins

Alors on se dit qu’il est temps de se poser quelques questions. A quoi servent les boulots qu’on nous inflige ? A éviter de s’ennuyer ? A permettre aux actionnaires d’augmenter leurs bénéfices ? A se rendre utiles ? Qui décide qu’une activité est utile, et finalement qu’est-ce que cela signifie utile ? Utile veut-il dire produire n’importe quoi pourvu que cela se vende (gadgets miteux, technologie guerrière, brosses à dents musicales...) ou occuper une fonction qui permette de bien huiler les rouages de la machine-à-profits (contrôleur de bus, vigile de supermarché, huissier, banquier, ministre...) ?

Pour l’autogestion

Peindre les bus en jaune, rénover des logements, ramasser les ordures, faire tourner une fabrique de petits pois, développer des énergies non polluantes... le travail ne manquera jamais. Mais ce qui est nécessaire, prioritaire ou agréable de détruire, rénover, produire ou faire fonctionner c’est à nous d’en décider collectivement. Le travail doit retrouver sa vraie place : une activité permettant la satisfaction de nos besoins et pas l’avidité d’une poignée de vautours.
Cela implique qu’en plus de définir pour quoi on travaille, on choisisse collectivement comment on travaille. Pour les travaux les plus pénibles mais néanmoins nécessaires, nous pouvons faire le choix d’équipes tournantes, de l’automatisation, etc. Autant de moyens pour s’emmerder le moins possible. Ce qui n’exclut pas que certaines activités socialement utiles nécessitent une réelle spécialisation (médecine, graphisme, électricité...) A nous d’en tenir compte pour mettre en place des formations librement choisies et collectivement définies.

Pour la collectivisation

Mais pour imposer l’autogestion contre l’exploitation, il faut en finir avec la propriété privée. Les moyens de production et d’echange n’appartiennent ni à l’Etat ni aux patronNEs, à nous de nous les approprier et de les faire tourner par nous mêmes et pour nous mêmes. Quitte à se débarasser au passage des secteurs notoirement nuisibles comme les industries militaires, nucléaires, pénitentiaires...

Plus que jamais, dans un contexte de casse sociale généralisée, il est temps de prendre nos affaires en main.