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Manif monstre à Lille contre Raffarin

mardi 13 mai 2003


Pas la peine de vous faire un compte-rendu ! Vous y étiez. Toutes et tous ! Des dizaines de milliers de personnes mobilisées, en grève, du public et du privé, pour mettre en échec le plan de démolition sociale du gouvernement CRS. Aujourd’hui dans la rue, demain on continue !
Pour celles et ceux qui nous auraient manqué dans la manif, voici le texte du tract que nous distribuions aujourd’hui.

Mobilisation générale

Le gouvernement C.R.S. (Chirac - Raffarin - Sarkozy) annonce enfin clairement la couleur de son plan de démantèlement des retraites par répartition et de la sécurité sociale... Après plusieurs années d’une apathie sociale qui eut pour conséquence la victoire de Le Pen aux présidentielles, l’heure est venue, toutes et tous ensemble, d’organiser la riposte, à la base, par l’égalité et la démocratie directe.

Sport national : se vautrer dans le lit de Le Pen !

Avoir voté contre Le Pen et voir son programme appliqué à la lettre. L’ironie est sévère pour ces millions d’électeurs de gauche qui avaient avalé avec dégoût la pilule Chirac, il y a un an. Ils avaient voté contre le fascisme et se retrouvent avec une campagne nationale de discrimination des roms, des sans papiers et des jeunes d’origines maghrébines, organisée par le ministère de l’Intérieur. Lois liberticides, rafles policières, descentes de flics aux petits matins blèmes, tabassages, insultes, charters, assassinats de sans papiers... Rien n’a manqué à la panoplie du régime fascisant. Il faut dénoncer également la complicité d’une gauche plurielle - ou ce qu’il en reste - dans la montée des politiques sécuritaires et racistes. Avez-vous entendu un socialiste dénoncer les charters ?

Public-privé : Grève générale reconductible !

Le patronat a annoncé clairement la couleur. Il dit du gouvernement qu’il doit « agir fortissimo dans les domaines économique et social comme il le fait dans le domaine de la sécurité ». Concernant la protection sociale, cela signifie qu’il doit « éviter l’augmentation des cotisations », « favoriser la liberté de choix », « [alléger] les charges du secteur privé en réformant les régimes de retraites publics » et « [favoriser] la préparation à la retraite et le financement de l’économie nationale en créant des fonds de pension facultatifs ». Ce qui est exactement le programme du gouvernement qui programme la baisse générale des pensions du régime par répartition en tentant d’imposer l’augmentation de la durée de cotisation à 42 ans, dans le public comme dans le privé. Programme où seuls les riches bénéficieront de retraites confortables, quand les autres vivront sur leurs vieux jours ce qu’ils auront connu toute leur vie : la misère et la précarité. Ce qui menace les retraites, ce ne sont pas les retraités de plus en plus nombreux, comme on veut nous le faire croire. C’est la rapacité des détenteurs du capital, qui payent de moins en moins les pensions (allègements de charge) et veulent mettre la main sur ce magot pour en faire des fonds de pensions à jouer en bourse. Face à cette nouvelle offensive, qui ne manquera pas de faire gagner quelques voix à Le
Pen aux prochaines élections (ces étrangers qui nous bouffent nos retraites !), nous n’avons plus guère de choix. C’est un bras de fer que nous imposent l’État et le patronat. Il nous faut donc recourir à la seule arme efficace à notre disposition : la grève générale reconductible jusquà ce qu’il cède.

Réformer les régimes existants ? Bien sûr ! Mais pour l’égalité économique et sociale !

Le système actuel est loin d’être parfait. Il est profondément inégalitaire et de plus en plus de personnes doivent se contenter du minimum vieillesse. De plus, il est géré en cogestion par les syndicats et le patronat, même si ce dernier boude aujourd’hui. D’autre part, la plupart des bureaucraties syndicales participent déjà à la gestion des fonds de pension existants, qualifiés « d’éthiques », et revendiquent d’être associés aux fonds éventuellement créés. Faire évoluer le système des retraites par répartition dans le sens d’une plus grande égalité, c’est possible. L’égalité que nous préconisons n’est certes pas compatible avec ce système économique et social, basé sur l’exploitation et la domination, mais sur un réel partage des richesses et l’autogestion. Pour autant, il nous faut utiliser chaque occasion pour nous en approcher : concernant les retraites, il est ainsi nécessaire et
réaliste de relever le niveau des pensions les plus basses, de revenir à 37,5 annuités de cotisation maxi, de permettre une retraite complète dès l’âge de 60 ans...

Autogestion et démocratie directe

Nous, anarchistes, défendons le contrôle du mouvement par ses acteurs-trices contre sa prise en main par tous les pouvoirs. Pour cela il faut généraliser la tenue d’assemblées générales souveraines sur les lieux de travail dans le public comme le privé. Contrôles des délégués par la base, mandatement de ceux-ci sur tâches et positions précises définies en AGs... Les AGs ne doivent pas hésiter à révoquer des délégués qui ne respecteraient pas leurs décisions pour appliquer telle ou telle consigne syndicale ou politique venue d’en haut ! Voilà la seule garantie que nous ayons de voir ce mouvement être en mesure, grâce à sa propre dynamique, d’emporter la victoire. Cette mobilisation ne pourra se faire qu’à la base, syndiqué-e-s comme non-syndiqué-e-s, sur nos lieux de travail, dans nos quartiers, dans les universités. C’est ce qui a fait la force du mouvement de 95 contre Juppé. C’est ce qui fera la force de celui de 2003 contre Raffarin ! Ce qui est en jeu, c’est non seulement la défense des retraites, mais encore la mise au rancart d’un modèle de société basé sur la lutte de tous contre tous, par la précarité, et la misère. Ce que nous pouvons gagner, c’est plus de justice et d’égalité économique et sociale !