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No Border : de la suite dans les idées

mercredi 5 mai 2010


Comme promis, le réseau NoBorder
ne s’est pas volatilisé de Calais une
fois le camp remballé. Un camping
puis un local ont permis à des militantEs
venuEs de toute l’Europe de séjourner sur
place de quelques heures à plusieurs semaines.
Voici donc 10 mois que des militantEs
défendant la liberté de circulation et
d’installation sont en permanence présentEs
à Calais pour lutter contre la répression
des migrantEs et organiser la
résistance, non seulement à l’échelle locale
mais aussi bien au-delà...

Les actions ont été nombreuses depuis
juillet 2009. Malgré cela, le pouvoir en
place a continué d’accroître la répression
et d’aggraver les conditions de vie de celles
et ceux qui ne sont que de passage dans le
Calaisis. La destruction de la grande "Jungle"
en a été une étape cruciale, mais la résistance
directe (information des
migrantEs, aide à la confection de banderoles,
résistance pacifique à l’évacuation)
et indirecte (mobilisations contre la rétention
et l’expulsion des Afghans) qui en a résulté
montre que la mobilisation NoBorder
a contribué à tisser les liens entre les
groupes et assos mobilisés.

La barbarie du pouvoir

L’hiver 2009-2010 a été une nouvelle fois
l’occasion de prouver la barbarie du pouvoir
en place avec les fermetures brutales
du local du plan grand froid, la confiscation
des tentes des réfugiéEs et les chasses à
l’homme dans les rues et sous les ponts de
Calais par des températures négatives.
Cette période a aussi été l’occasion de
continuer à structurer la résistance.

L’expulsion violente du hangar de la Rue
Cronstadt (les militantEs NoBorder ont
été violemment expulséEs après 24h de
siège d’un hangar dont illes étaient pourtant
locataires, car des migrantEs y
avaient été hébergéEs une nuit par 0
degré) n’a été qu’un épisode de plus dans
la démonstration de l’acharnement de
l’Etat et de la mairie à détruire toute
forme de résistance des migrantEs et des
militantEs. Il y a pourtant toujours du
monde aux côtés des réfugiéEs et les militantEs
contre les frontières continuent
d’affluer dans le Calaisis pour mener le
travail quotidien de prévention et de surveillance
des activités de la police et mettre
en place des mobilisations, malgré la
répression qui s’abat méthodiquement.
Une militante d’une association de Loon
Plage et ses deux enfants ont été placés
en garde à vue pour aide à des malfaiteurs
et associations de malfaiteurs ! Et ils disaient
que le délit de solidarité n’existait
pas... Le locataire officiel du hangar a lui
aussi subi une garde à vue, après les différentEs
militantEs qui s’y trouvaient lors
des deux expulsions.

La situation perdure : les migrantEs sont
toujours là, les autorités sous-estiment volontairement
leur nombre et les répriment
toujours pour les pousser à partir ou se cacher.
Les conséquences dramatiques de
cette chasse et des politiques qui la dirigent
ne s’effacent pas : un jeune Afghan de
16 ans est mort sous un camion à Loon
Plage en avril. De nombreux Soudanais
ont été placés en rétention ces derniers jours. On craint une expulsion collective vers ce pays dont
le président Al-Bachir est sous le coup d’un mandat d’arrêt
de la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre et
crimes contre l’humanité, et où la répression politique est
loin d’être une plaisanterie. Peu importe, Calais n’en sera
que plus propre...

La lutte continue

A l’échelle internationale, la mobilisation pour les migrantEs
de Calais est très forte depuis la Grande-Bretagne
(où le réseau NoBorder prend sa source) et des mobilisations
régulières y sont organisées pour protester contre
les politiques migratoires européennes et en particulier la
situation calaisienne ; en Belgique les mobilisations
contre les centres fermés se multiplient et un camp No-
Border est en préparation pour fin septembre à Bruxelles.
La mobilisation en France n’est pas énorme, mais le 15
mai une journée d’action et de mobilisation pour la liberté
de circulation et d’installation aura lieu à Paris. Début
juin, une semaine européenne d’actions contre la machine
à expulser est organisée.

Encore une fois, nous appelons chacun et chacune à s’informer
sur la situation à Calais, à s’y rendre pour aider les
militantEs sur place et à lutter sur tous les fronts contre des
politiques migratoires qui prennent les humains pour du
bétail au service des logiques marchandes et étatistes !

Ni Etat ni Frontières ! Liberté de Circulation et d’installation !