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Fin de la trève hivernale

Pas d’expulsion sans relogement !

mars 2003


Comme chaque année, la fin de la trêve hivernale est l’occasion pour les huissiers de justice de procéder impitoyablement à l’expulsion des locataires en dette de loyer. Très souvent, les bailleurs par le biais de la préfecture requièrent le concours des forces de l’ordre.

Les locataires qui sont en majorité des familles en très grande précarité ne peuvent rien attendre du gouvernement Chirac-Raffarin-de RoBien. On se souvient que c’est l’actuelle majorité, qui en 1998, alors dans l’opposition, avait saisi le Conseil constitutionnel pour obtenir la suppression de l’amendement qui stipulait « pas d’expulsion sans relogement » (loi Besson) et désengageait ainsi l’État de son devoir de garantir à tous un droit fondamental.

Ce gouvernement qui a tiré des leçons de la déconvenue de Juppé en 1995 avance à pas feutrés. Il a déjà pris ses précautions pour prévenir d’éventuels mouvements de contestation. C’est le cas de Sarkozy qui, au cours de sa parade médiatique, fait des discours sur le pragmatisme et l’humanisme de sa politique sécuritaire à « vocation prédagogique (sic) ». Dans le même temps, le gouvernement criminalise jeunes, mendiants, prostitué-e-s, gens du voyage, sans-papiers et toutes les victimes de la précarité, produits du capitalisme.

Avec le même procédé fallacieux, par la bouche de Jean-Louis Borloo, ministre de la ville, il prétend trouver des solutions aux problèmes de logement en annonçant la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, grâce à la simplification des montages d’opérations financières. Et dans le même temps, il supprime la pénalité aux communes qui ne respectent pas le quota de 20 % de logements sociaux !

Ne nous laissons pas duper, organisons la riposte sociale !

En 2001, sur 306 demandes de concours de la force publique, 79 décisions ont été accordées par le préfet du Nord, représentant de l’État, et 46 familles ont été effectivement expulsées avec le concours de la force publique.

En 2002, sur 339 demandes de concours de la force publique, 76 décisions ont été accordées par le préfet du Nord et, une fois encore, 46 familles ont été expulsées avec le concours de la force publique.

Les expulsions écrasent des familles déjà en très grande précarité et renforcent leur exclusion sociale. Effectuées manu militari, elles criminalisent les plus pauvres. Aucun citoyen ne peut accepter que des familles, parce que n’ayant plus les moyens de payer un loyer soient jetées à la rue, mises hors de ce droit fondamental qu’est le droit au logement.

Ce texte est repris du tract d’appel, à la manifestation du 15 mars, signé d’un certain nombre d’associations et orgas rassemblants des « sans ».