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Qu’est-ce que l’anarchisme ?

vendredi 13 mars 2009


Donner un aperçu, même basique, de la pensée anarchiste n’est pas chose facile. Cela tient au fait que toutes ses manifestations (idées et pratiques) sont loin d’être l’expression d’une idéologie figée ou d’un système clé en main.

Avant toute chose, mettons fin aux idées reçues et trop souvent diffusées par les médias : l’Anarchie n’est pas le chaos et les anarchistes ne sont pas nihilistes ! Le mot anarchie fut emprunté du grec ancien αν (an privatif) et αρχn (arkhê=autorité ou gouvernement) ce qui se traduit par « absence d’autorité » ou « absence de gouvernement ». Ce serait une grave erreur de voir dans la pensée libertaire une simple protestation individuelle ou la manifestation d’un esprit de révolte sans lendemain.

Sur le plan des idées, l’anarchisme aboutit au rejet de toute forme d’autorité extérieure ou supérieure aux êtres humainEs, qu’elle ait un caractère pseudo-divin ou bien terrestre ; au rejet de tous les principes qui de tout temps, sous des formes différentes, ont été utilisés par les maîtres du moment pour justifier leur exploitation et leur domination sur le reste de la population. Le mouvement anarchiste vise donc à la suppression de l’Etat, des classes sociales, du patriarcat, de l’autorité, de l’exploitation et de l’oppression sous toutes ses formes.
L’anarchisme est une branche du socialisme historique et du mouvement ouvrier. Il a été l’expression de la protestation des travailleurEUSEs contre l’exploitation moderne. Sur ce point il peut être appréhendé comme une réaction radicale à l’encontre de la condition ouvrière : généralisation du salariat et division de la société en classes. Dès leur naissance, les idées anarchistes entrent en conflit, tant avec les conceptions réformistes du socialisme (qui croyait possible de changer « progressivement » les bases inégalitaires de la société capitaliste) qu’avec les conceptions marxistes (particulièrement l’usage de la dictature comme moyen révolutionnaire). L’originalité des anarchistes est d’avoir compris que l’Etat est loin d’être un simple outil utilisable à bon comme à mauvais escient, mais qu’il est un instrument de répression et de gestion des intérêts pour les classes dirigeantes.

Nous posons en parallèle à l’abolition de l’exploitation économique et de l’oppression patriarcale, la suppression de la domination politique, considérant que le pouvoir porte en lui les germes et la cause des divisions et des inégalités.

A l’Etat et au capitalisme, nous opposons un projet social fondé sur l’égalité économique et sociale, le fédéralisme libertaire et l’autogestion dans tous les secteurs de la société (quartiers, communes, entreprises, lycées, maisons...). Nous menons un combat pour la liberté et pour l’égalité (ce qui signifie l’abolition de tous les privilèges et de toutes les discriminations).

Aujourd’hui tous les systèmes ont fait faillite, que ce soient les dictatures marxistes-léninistes, le réformisme social-démocrate ou la jungle capitaliste globalisée qui produit chaque jour plus de misère et d’ennui.

Toute amélioration, même partielle, de nos conditions de vie, passe par la lutte. Cependant, nous sommes bien conscientEs, de la nécessité de cohérence dans l’organisation de tous les niveaux de la société et nous affirmons par ailleurs que « la fin ne justifie pas les moyens » ! Cela implique-t-il pour autant que les anarchistes soient non-violentEs ? Bien sûr, mais nous ne sommes pas pour autant pacifistes et si la violence est parfois utilisée, ce n’est qu’en réaction à la violence de la répression ! Les grèves, le sabotage, les actes de désobéissance et d’insoumission nous mèneront vers le développement d’un vaste mouvement social qui seul peut nous permettre de construire un autre futur et retrouver espoir dans l’avenir... A condition qu’il reste indépendant des partis politiques et des syndicats cogestionnaires, et soit porteur de pratiques de rupture et d’un projet révolutionnaire. Car il n’y a rien à réformer, tout est à changer ! YA BASTA !

Les anarchistes veulent l’éclosion d’une société d’individuEs libres et égaux. ConvaicuEs que l’individuE ne peut être libre que dans une société d’individuEs vraiment libres, nous pensons que la liberté de chacunE est confirmée par la liberté des autres. Notre conception n’a rien d’abstrait. Nous voulons une liberté et une égalité pratiques, c’est à dire sociales, fondées sur la reconnaissance égale et réciproque de la liberté de touTEs.

L’Anarchisme est Libertaire, Égalitaire, Solidaire :

Libertaire

La liberté individuelle ne devrait être définie que par et pour l’individuE elle/lui-même ! Refusant tout dogme, jugement moral et notion mysthique de Bien et de Mal, l’anarchisme s’oppose à l’établissement de lois coercitives, de forces de l’ordre, de prisons etc. Nous proposons en retour l’établissement de « libres associations » entre les individuEs. Voulant préserver les libertés individuelles, l’anarchisme propose que le « Féderalisme », le « Mutualisme » ou le « Communisme libertaire » se substituent définitivement au « Centralisme » autoritaire des Etats, sectes, religions, partis, etc. Pour tout cela, les anarchistes sont antiétatiques, anticléricaux, antimilitaristes.

Égalitaire

Au niveau économique : Bien sûr, nous sommes anticapitalistes, parce que le capitalisme, qu’il revête des formes libérales ou "sociales", préferera toujours la logique du profit à celle de l’utilité sociale. Nous ne reconnaissons pas la propriété privée que nous identifions comme un vol organisé des biens collectifs par une minorité. En conséquence, nous soutenons par exemple les squateurEUSEs dans leurs luttes. Nous ne reconnaissons pas non plus la propriété intellectuelle car toutE individuE devrait être en mesure d’accéder aux connaissances dans un esprit commun de mutualisation. Nous refusons que certainEs s’approprient les outils de production et exploitent les travailleurEUSEs pour s’enrichir à leur détriment. Nous prônons la collectivisation et l’autogestion des entreprises et des industries et leur gestion directe après l’expropriation des patronNEs. OpposéEs à l’existence d’une hiérarchie patronnale, nous voulons l’abolition du salariat. Aussi ce seront nos besoins qui détermineront notre production et non l’inverse et chacunE travaillera selon ses moyens et les besoins du collectif. L’égalité économique passera par la suppression des classes et des privilèges de toutes sortes.
Au niveau social et politique : les libertés individuelles seront garanties par le refus de l’éléction de représentantEs, car personne ne devrait pouvoir détenir le pouvoir politique que chacunE devrait pouvoir exercer à titre individuel. Faire de la politique c’est décider de la manière de conduire sa propre existence. AucunE IndividuE ne devrait se plier à une quelconque majorité et le consensus devrait toujours être recherché. Pour toutes ces raisons, nous ne voyons pas l’utilité de l’existence des partis politiques et sommes anti-éléctoralistes dans la mesure où les élections servent, entre autres choses, à désigner des maîtres qui parlent à notre place. De ce fait, nous nous définissons comme anti-autoritaires.

Nous voulons aussi l’émancipation et la libre détermination de chacunE. Il est insupportable d’accepter de vivre dans une société divisée en genres définis en fonction de notre sexe biologique. ChacunE doit être capable de disposer de son corps comme elle/il l’entend. Nous luttons contre les normes héteropatriarcales afin de favoriser l’épanouissement des individuEs. Nous nous battons donc contre le patriarcat, le sexisme et l’homophobie et sommes féministes et solidaires des luttes gays, lesbiennes et queer.

Solidaire : aucunE individuE ne sait survivre seulE !

Nous ne voulons qu’aucune frontière ne définisse nos différents systèmes d’organisations. Nous sommes donc pour l’abolition des frontières, celles-ci n’ayant jamais servi à autre chose qu’à isoler la propriété et préserver le capital, sous la coupe de la juridication étatique. Nous sommes également antinationalistes. Nous souhaitons que nos différents systèmes d’organisation fonctionnent ensemble en cohérence, réfutant les antagonismes tels que : la concurrence, la compétition et la guerre qui n’en est au final que le paroxysme. Aux idéologies nationales, nous préférons la solidarité internationale entre touTEs les exploitéEs. Aussi, nous sommes des anti-racistes et des anti-fascistes convaincuEs.

L’Anarchisme tente donc de poser les premières bases de cette émancipation qui offrira à chacunE sa finalité d’IndividuE LIBRE et ÉGAUX aux autres ! Mais en attendant, nous vous souhaitons d’ores et déjà : « Ni dieu, Ni maître ! ».