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Mercredi 5 février 2003

Occupation/expulsion de Lille-2

communiqué du CSP59

jeudi 6 février 2003


Comité des Sans Papiers 59 (CSP59) - sans local - Lille
Tél. : 06.80.57.50.61 - Fax : 03.20.56.13.37

Monsieur Sarkosy sachez que : « On peut tromper le peuple une partie du temps. On peut tromper une partie du peuple tout le temps. Mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps. »

(A. Lincoln - Président anti esclavagiste des Etats-Unis)

Ce mercredi 5 février les sans papiers et soutiens du CSP59 ont occupé l’amphi B de l’Université de Lille II : la « Maison du droit ».

Cette occupation est la réponse donnée par le CSP59 aux attaques suivantes de la préfecture du Nord et de Sarkozy : arrestations de plusieurs sans papiers et expulsions de certains d’entre eux, traquenards tendus par la BAC à la fin des manifestations pour des arrestations brutales et en catimini, tabassages et gazages aux lacrymogènes des sans papiers et soutiens.

Cette occupation est la réponse des sans papiers au double langage de Mr. Sarkozy qui côté télévision promet le réexamen de tous les dossiers et qui côté policier réprime, arrête et expulse entraînant mort d’homme comme dans les cas de l’Argentin Barientos, 52 ans, et du Somalien Getu Hagos, 24 ans.

La mission Escoffier qui a rendu un rapport à Sarkosy a conclu qu’à Lille « on régularise trop » ; qu’il faut donc « descendre les régularisations pour les harmoniser en baisse au niveau national ». C’est la preuve que, comme Chevènement et Vaillant, Sarkosy est aussi un ferveur adepte des quotas ethniques et préfectoraux. Comme Chevènement et Vaillant, Sarkosy est constitutionnellement hors la loi : la devise de la République dit « les hommes naissent libres et égaux en droit ».

C’est donc à 13 h que les sans papiers (hommes, femmes dont certaines en état de grossesse, et enfants) et soutiens sont entrés dans la faculté. Ils ont tout de suite expliqué aux étudiants présents la raison de leur action et ont demandé à rencontrer les responsables de la « Maison du droit ».

Madame Dekeuwer-Defossez, doyen de la faculté et deux responsables d’associations estudiantines, « Droit pour tous » et « Forum alternatif », après une allocution d’accueil dans l’amphithéâtre, a reçu une délégation. Les propositions suivantes lui ont été faites : saisine par lettre de la préfecture sur la contradiction entre le discours humanitaire de Sarkozy et la réalité répressive qui s’abat sur les sans papiers, saisine par lettre de la mairie de Lille et du conseil régional sur la promesse non tenue à ce jour du local qui date du 13 décembre 1999, et enfin la tenue d’une conférence de presse dans les locaux de la faculté avec participation des représentants de la « Maison du droit ». Madame le doyen a écrit à la préfecture, téléphoné à la mairie qui lui a proposée de l’aider à expulser, et a demandé que la conférence de presse se tienne hors de la faculté après que les sans papiers soient sortis d’eux-mêmes. Après lecture du texte envoyé par madame le doyen à la préfecture, les sans papiers ont voté à l’unanimité le refus de sortir. Entre temps, le professeur Mathiot et ses étudiants acceptent dans un premier temps de faire cours dans l’amphi occupé. Mais, alors que tous les étudiants se sont installés dans l’amphi, leur professeur a fait l’objet d’une pression de la part de l’administration et de la police : « responsabilité pénale en cas d’incendie, défiance vis-à-vis de l’administration..., etc. ». Résultat, monsieur Mathiot revient sur sa décision de faire cours. Il a, au moment de l’annonce de sa décision, un malaise, surtout devant le rejet de sa nouvelle décision par certains étudiants. 165 étudiants signent une pétition de solidarité avec les sans papiers, les enfants de sans papiers réalisent des croquis remis aux délégués étudiants des associations, des affiches et tracts sont diffusés à l’intérieur de la faculté. Des étudiants expriment clairement leur découverte avec beaucoup d’émotion de la réalité de la situation des personnes vivant ici sans papiers.

Vers 16 h la police décide d’empêcher toute personne à l’intérieur de l’amphi de se rendre même aux toilettes, et cela en présence des plus hautes autorités de la Préfecture. Étudiants et sans papiers aménagent au fond de l’amphi un « coin pissoir » tant pour les adultes que pour les enfants en utilisant des bouteilles vides.

Vers 20 h le commissaire adjoint annonce au mégaphone l’expulsion et les CRS exécutent renvoyant manu militari les occupants vers le groupe de plus d’une centaine de manifestants bloqués à l’extérieur par les CRS. Des étudiants, qui n’avaient été empêchés d’accéder à l’amphi occupé, assis par terre en chaîne humaine à la porte de l’amphi, avaient été auparavant expulsés. Parmi les expulsés deux sont évacués à l’hôpital par les pompiers.

Lille, le 6 février 2003

manifestation samedi 8 février, à 15 h ; place de la République, à Lille

Rassemblement tous les mercredi à 18 h place de la République à Lille