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Résistance et Solidarités sans Frontières

mercredi 22 octobre 2008


A l’heure où les contrôles frontaliers s’intensifient
partout dans le monde, la résistance
et la solidarité commencent elles aussi à
s’organiser à toutes les échelles. Nous ne reviendrons
donc pas sur les résistances en France,
même si celles-ci ont profondément changé avec
l’émergence, à la fin des années 1990, d’un mouvement
autonome de sans papierEs, lequel évolue
lui-même avec les actions menées récemment
dans les centre de rétention et sur les lieux de travail.

Chaque pays européen a connu des évolution similaires
 : autonomisation de la lutte des sans-papierEs,
modification des stratégies des groupes de
soutien qui tendent plutôt vers le soutien aux actions
des sans-papierEs et invention de nouvelles
luttes : blocage des expulsion d’abord puis action
contre les centres de rétention et leurs bâtisseurs,
intervention et mobilisation sur des lieux spécifiques
(école, lieu de travail, quartier, etc.). Encore
fallait-il dépasser le cadre national pour mener efficacement
le combat. Là encore, les premières
initiatives d’ampleur, comme les camps No Border
apparaissent entre la fin des années 1990 et le
début des années 2000. Compte tenu d’une législation
européenne de plus en plus dure dont la sinistre
"directive de la honte", le mouvement
s’intensifie et c’est dans ce cadre qu’il faut placer
la campagne "Des ponts, pas des murs" menée par
de nombreuses associations d’ici et d’ailleurs à
l’occasion du Conseil Européen réuni à Paris les
15 et 16 octobre 2008 pour adopter un "pacte européen
sur l’immigration et l’asile" avant que les
ministres européens en charge de l’immigration
se retrouvent à – lieu de mémoire s’il en est – Vichy
les 2 et 3 novembre.

Au delà du cadre européen, cette dernière initiative
s’accompagne d’actions dans les pays d’émigration
et affirme une solidarité sans frontière à
l’occasion de la deuxième conférence interministérielle
euro-africaine en matière de "migration et
développement" qui se tient bientôt à Paris. C’est
aussi dans un cadre transfrontalier que se place le
rapprochement entre syndicats alternatifs européens
(CNT, CGT espagnole, SUD-Solidaires, etc.)
et africains (SNAPAP algérien, collectifs marocains
et tunisiens). La question des migrations et
de la solidarité avec les sans-papierEs y tient une
place importante. Le SNAPAP tente ainsi de mettre
en place un accueil des expulséEs sur la base
des renseignements envoyés par les structures européennes
(heures des charters, personnes à soutenir...).
Hélas, les évolutions récentes des
législations en matière d’émigration (voir article
précédent) risque de compliquer les choses, d’autant
que la situation des militantEs d’un syndicalisme
non inféodé aux pouvoir est déjà des plus
difficiles.

Non seulement les espaces de solidarité internationale
entre Nord et Sud se multiplient, mais
les résistances contre les politiques racistes des
États riches sont plus nombreuses au Sud. On se
souvient des flics de la PAF accueillis en Guinée
par des crachats de la foule quand ils sont arrivés
avec des sans-papiers lillois expulsés alors qu’ils
étaient en grève de la faim. Au Mali, s’est constituée
dès 1996 une Association des Maliens expulsés
(AME). C’est l’AME qui a été à l’origine des
mobilisations, largement réprimées, contre un "accord
de gestion concertée des flux migratoires
entre le Mali et la France" en juillet 2008. La "directive
de la honte" ne passe pas non plus et les
initiatives en Afrique et en Amérique latine se multiplient
(voir encadré). Enfin, on peut citer les actions
de solidarité en Afrique du sud des syndicats
de la COSATU et de l’organisation anarchiste
ZACF envers les immigrantEs africains et particulièrement
ZimbabweenNEs réfugiés dans l’ancien
pays de l’apartheid où ils/elles subissent de
trop nombreuses violences racistes tolérées sinon
encouragées par les plus hautes sphères de l’État.

Dans ce contexte, les anarchistes ont un rôle à
jouer. A Lille ou ailleurs, nous avons toujours soutenu
les collectifs de sans-papierEs, participé à des
actions contre les centres de rétention. En France,
nous avons mené une campagne commune pour
la liberté de circulation (AL, FA, GDALE, No Passaran,
OLS, OCL). A nous de mutualiser nos
contacts internationaux pour renforcer non seulement
les tendances révolutionnaires non autoritaires
mais aussi la solidarité de classe avec les
migrantEs.

CONTRE LA CHASSE AUX MIGRANT-ES

LIBERTÉ DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION

ABOLITION DES FRONTIÈRES.

POUR ALLER PLUS LOIN
 coll : Politiques migratoires (grandes et petites manoeuS
vres)
, 2005, carobella exSnatura. Et plus particulièrement
sur la question, Cl. Rodier : « L’Europe et l’externalisation.
La Libye en première ligne » et N. De Genova « La proS
duction légale de « l’illégalité » des migrants mexicains ».
 GISTI : Externalisation de l’asile et de l’immigration,
http://www.gisti.org/2006
 http://www.migreurop.org
(d’où vient la carte et qui peut être complétée par la lecture
de l’article de l’article de Caroline Intrand et Pierre-Arnaud
Perrouty : « La diversité des camps d’étrangers en Europe :
présentation de la carte des camps de Migreurop »
 L. Gabrielli : « Flux et contre-flux entre l’Espagne et le
Sénégal. L’externalisation du contrôle des dynamiques miS
gratoires vers l’Afrique de l’Ouest. »
(http://terra.rezo.net/article716.html)
 http://www.conflits.org