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Un Cas de Résistance

mardi 30 septembre 2008


Au même titre que pour EDVIGE, l’argumentaire déployé pour la mise en place du FNAEG (fichier national automatisé des Empreintes Génétiques), relève essentiellement d’arguments médiatiquement bien mâchés. Dans le premier cas, Rachida Dati profitait d’une agression antisémite à Paris en juin dernier pour annoncer la bombe à venir. Dans le second, il s’agissait, sous la gauche, de ficher les délinquants sexuels1 , avant que de l’exception, on ne passe à la règle pour touTEs. Dans les deux cas, l’Etat contourne habilement toutes les formes de contestation : il franchit les étapes pas par pas, simulant le dialogue si besoin, taillant la face émergée de l’iceberg au gré des oppositions circonstancielles, pendant que les logiques de fond s’installent durablement.

Le FNAEG recèle pendant 25 ans l’ADN de personnes soupçonnéEs de petits délits (vols, tags et " dégradations " diverses, outrage et rébellion). Aujourd’hui, le fichier est alimenté tous les jours par les gardes à vues les plus banales : il suffit que pendant celle-ci, un agent vous notifie le prélèvement ADN et direction le toubib du comico. En cas de refus, vous risquez la mise en examen, et pendant celle-ci, un autre agent a le droit de vous notifier une seconde convocation pour un second prélèvement etc. etc.

Lundi 25 aout, à 14h, s’est déroulé au TGI de Marseille le procès d’une personne ayant refusé de se soumettre au prélèvement ADN. Un rassemblement de soutien réunit 80 personnes devant le tribunal.
Dès 13H30 un dispositif policier se met en place à l’entrée du tribunal. Prétextant "un procès sensible" et une prétendue surcharge dans la salle, un barrage empêche de rentrer dans le bâtiment.

La juge présente le cadre de l’interpellation : expulsion d’un squat (avec GIPN et Cie) avec une plainte pour dégradation. Puis vient le palmarès de l’accusée, quelques menus délits et la qualification en récidive du "refus de prélèvement biologique". Demande de prélèvement réitérée par les flics, suite à une fiche de recherche lancée automatiquement par le FNAEG, pour la seule raison qu’elle l’a déjà refusé.

L’accusée explique son refus : rejet du déterminisme génétique et refus d’une société de contrôle où chaque individu est tracé comme une marchandise, un numéro, un code barre. Le procureur met l’accent sur le fait qu’il y a d’autres manières d’exprimer son désaccord face à la loi et requiert un mois avec sursis. L’avocat demande à la justice d’entendre "les raisons idéologiques" du refus et d’appliquer "un jugement clément", compte tenu du "profil de l’accusé" et de "la pertinence de ses propos".

Pressée que la foule, venue en soutien devant le tribunal, dégage de là, la cour suspend l’audience immédiatement pour délivrer son verdict rapidement : 300 euros de jours amendes2, soit 30 jours à 10 euros, avec 20% de réduc si l’amende est payée dans le mois.

Il n’est pas inutile de se mobiliser sur et autour des procès, et que ce genre de mobilisation ne peut que faire pencher la balance du côté des accuséEs, tant il est vrai que le rapport de force, aussi minime soit-il, incommode et dérange la justice et ses sbires...

Source : A-infos.