« Le siècle dernier vit en novembre 1831 la première grande bataille livrée par le prolétariat français. Elle le fut par les canuts lyonnais qui, victorieux par les armes, ne purent toutefois donner à leur victoire une sanction définitive. Sans liens avec les prolétaires des autres villes, sans directives politiques, sans chefs, abandonnés à eux-mêmes ils abdiquèrent leur pouvoir entre les mains de l’autorité à laquelle ils s’empressèrent pour la plupart de jurer fidélité.
En 1834, leur révolte, bien qu’ayant les mêmes racines, eut un sens plus précis. 1831, c’est l’émeute de la faim, la révolte élémentaire ; 1834, c’est le mouvement de solidarité qui éclate pour obtenir la libération de camarades incarcérés ; les ouvriers entrent en lutte contre la justice et contre la loi, donc contre le pouvoir. En même temps qu’ils revendiquent des améliorations matérielles, les canuts se prononcent contre la monarchie et pour la république. »
(Extrait du chapitre premier.)
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