Accueil > archéologie:alternataire > L’Écho des sans-voix > 04, automne 2001 > Vigipirate : la chasse aux immigré-e-s et au militant-e-s est ouverte !

Vigipirate : la chasse aux immigré-e-s et au militant-e-s est ouverte !

novembre 2001


Le 25 septembre, la CIMADE (association s’occupant des étranger-e-s) publiait un rapport dans lequel elle s’inquiétait du renforcement de l’arsenal répressif depuis la réactivation de Vigipirate suite aux attentats du 11 septembre.

Elle y constatait, en une semaine, une augmentation de 30 % d’arrestations de personnes en situation irrégulière avec pour corollaire une explosion du nombre de placements de sans papier-e-s en centres de rétention (+46 % à Vincennes, +39 % à Marseille, +21 % à Lyon…). En clair, la gauche, malgré ses dénégations, entretient et applique la politique d’amalgame entre terroristes et étranger-e-s. Et les contrôles au faciès de se multiplier…

Une semaine plus tard, c’est au Syndicat de la Magistrature (gauche) de réagir. Pourtant co-gestionnaire du système judiciaire, celui-ci dénonce l’extension de la définition des actes de terrorisme : « Il suffira d’être soupçonné d’avoir commis une infraction punie seulement d’un an d’emprisonnement, pour être la cible éventuelle d’un mandat d’arrêt européen, c’est-à-dire pratiquement toutes les infractions du code pénal français seront concernées, de l’usage du cannabis aux assassinats en passant par le séjour irrégulier des étrangers… Désormais, sous couvert de lutte contre le terrorisme, les manifestants, les étrangers et les opposants à l’ordre néo-libéral n’auront qu’à bien se tenir ! ».

La mise en place de cet État policier ne date pas du 11 septembre, mais est affûtée d’année en année, des ordonnances de 1949 qui donnaient à titre exceptionnel les pleins pouvoirs au président jusqu’à la définition du plan Vigipirate en 1978 et à ses applications en 1991, 1995-96, 1998. Si la menace terroriste a toujours été l’alibi de ces mesures répressives, ce sont bien toujours les mêmes qui en font les frais. Le ministre de l’intérieur ne le cache même pas, justifiant ainsi le renforcement de Vigipirate : « Nous n’avons pas d’indication de menace particulière à l’encontre de notre pays, mais le gouvernement a un devoir de vigilance et de précaution pour assurer la sécurité des Français. » Ainsi lors du procès du présumé réseau d’islamistes de Chalabi, sur 84 prévenu-e-s, 9 seulement ont été péniblement condamné-e-s. Dans le même temps, combien de reconduites aux frontières au mépris de toute justice ?

Avec la Loi sur la sécurité quotidienne, l’État français, comme l’ensemble du « monde libre », s’est désormais doté d’une véritable loi d’exception, dont la cible est évidemment les classes dangereuses : intervention de la police dans les halls d’immeuble, fouille des coffres de voiture, abaissement de la majorité pénale à 13 ans, criminalisation des raves, recours au secret défense pour le cryptage informatique… Viennent d’être adoptées les mesures les plus liberticides de ces dernières années. Face à cela, les réactions sont timides, voire inexistantes. Rien ne semble pouvoir arrêter le renforcement sécuritaire de l’État.

Bref, si le terrorisme n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Ce dernier épisode tragique permet donc, une fois de plus, aux tenants de l’ordre capitaliste de renforcer leurs prérogatives par des mesures de contrôle et de flicage social (vidéosurveillance en ville ou sur les lieux de travail, contrats de sécurité locaux, velléité de flicage du courrier électronique…).

Collectif des Sans