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Communiqué du GDALE-CGA sur l’expulsion du Hangar Kronstadt à Calais et sa réouverture

vendredi 12 février 2010


Dimanche 7 février 2010, la police a expulsé violemment le Hangar Kronstadt suite à sa première soirée d’ouverture et après avoir assiégé et bloqué son accès pendant presque 24 heures. Elle a également saisi et détruit une grande partie de ce qui se trouvait à l’intérieur. La porte vitrée a été explosée par les CRS pendant l’expulsion. Retour sur la situation faite aux migrant-e-s et à celleux qui les soutiennent à Calais.

12 février 2010

Dimanche 7 février 2010, la police a expulsé violemment le Hangar Kronstadt suite à sa première soirée d’ouverture et après avoir assiégé et bloqué son accès pendant presque 24 heures. Elle a également saisi et détruit une grande partie de ce qui se trouvait à l’intérieur. La porte vitrée a été explosée par les CRS pendant l’expulsion [1].

Cet évènement faisait suite directement à l’invasion policière [2] de juin 2009 lors du camp NoBorder à Calais. En effet le Hangar Kronstadt est une nouvelle initiative NoBorder [3] de lutte contre les politiques migratoires européennes et plus particulièrement la fermeture de la frontière France/Grande-Bretagne : un lieu ouvert à tou-te-s, pour contrer la logique des frontières et la xénophobie des États, et pour lutter contre la présence et les violences policières [4].

Pour l’État ce hangar devait donc être puni, il a commis l’horrible crime de protéger de la météo - en plein mois de février - une centaine de migrants démunis de tout logement [5], et surtout de les avoir protégés du harcèlement policier permanent dont ils font l’objet [6].

Il devait également être puni pour servir d’exemple aux associations calaisiennes d’aide aux migrant-e-s. En effet la particularité du mode d’action du réseau NoBorder est qu’il met en avant ses positions politiques. Les associations quant à elle ont subi depuis la fermeture du camp de Sangatte en 2002 [7] une politique cynique de l’État visant à les faire taire politiquement de deux manières. D’une part en les épuisant à faire le travail de sous-traitance humanitaire des conditions abominables que l’État crée en fermant les frontières et en laissant dans le plus complet dénuement les dizaines de milliers de migrant-e-s qui continuent et continueront d’arriver à Calais. D’autre part en attaquant sans relâche en justice [8] et par des gardes-à-vue inutiles les actions et dénonciations publiques contre les agissements criminels des policiers. Le résultat est tristement prévisible : affaiblissement des forces militantes, conduisant à des querelles démoralisantes, crainte - justifiée ! - de la violence de l’État. Les pouvoirs locaux - mairie et préfecture - les entrainent ensuite dans des négociations/tractactions strictement matérielles où elles obtiennent si peu [9].

La réouverture du Hangar Kronstadt à Calais le 10 février 2010 doit permettre de renverser ce rapport de force défavorable avec l’État et ses représentant-e-s, et de repositionner le problème des politiques migratoires européennes au centre des luttes calaisiennes de soutien aux migrants. Le soutien des associations à NoBorder et au Hangar Kronstadt est déjà un succès.

Pour toutes ces raisons, le GDALE condamne l’expulsion du Hangar Kronstadt à Calais et soutient sa réouverture. Le groupe continuera de participer au réseau NoBorder pour la liberté de circulation et d’installation !

Groupe D’Anarchiste de Lille et Environs - http://lille.cybertaria.org/gdale

CGA – Coordination des groupes anarchistes - http://www.c-g-a.org/

Notes

[1Par plaisir de détruire apparemment, en tout cas à l’abri du regard des journalistes qui ont été auparavant repoussé-e-s, violemment pour certain-e-s, puis le volet roulant descendu et rivé au sol.

[2La vie d’un-e migrant-e à Calais est rythmée à toute heure du jour et de la nuit par les poursuites policières dans les rues et les buissons, le réveil au gaz lacrymogène, et les heures de marche depuis le centre de rétention lorsqu’illes se font arrêter... puis relâcher... puis arrêter... etc.

[3Le gymnase BCMO obtenu finalement par les associations et par crainte des morts de froid n’est ouvert que lorsque la température descend sous -5ºC ! Tous les "habitats" des migrant-e-s sont systématiquement détruits dès qu’ils sont repérés par la police. Parmi les témoignages : 15 CRS pour démonter 2 tentes vides, 1 voiture de policiers pour aller voler une tente repliée cachée derrière un téléphone public. Les squats insalubres - entrepôts amiantés, bâtisses croulantes ouvertes à tous vents - font régulièrement l’objet de raids policiers qui font fuir ou arrêtent les habitant-e-s, détruisent leurs affaires et mobilier, brisent les fenêtres et les portes, et pour finir les remplissent de gaz lacrymogène.

[4Plus de 2500 policier-e-s, plusieurs hélicoptères, pour quelques centaines de personnes présentes sur le camp, 2000 pour la manifestation.

[5Ce hangar de 600 m2, équipé de douches et toilette, a été loué par SôS Soutien aux Sans-Papiers avec un bail de 2 mois pour cette initiative NoBorder.

[6Quiconque passe quelques heures dans les rues de Calais sera immédiatement frappé-e par l’omniprésence policière : un camion de CRS à chaque coin de rue, parfois accompagné d’un bus pour transporter les migrant-e-s arrêté-e-s.

[7Le "camp de Sangatte" était géré par la Croix-Rouge et hébergeait, nourrissait, habillait, les migrants dans la région de Calais. En 2002, sous la pression de la Grande-Bretagne et également pour des raisons électoralistes Sarkozy - alors ministre de l’intérieur - avait fermé le camp et déclaré le problème clos. Évidemment rien n’est résolu.

[8Cf. les procès contre Lenoir, Indymedia, Zetkin, et les nombreuses gardes-à-vue.

[9Des blocs de douches ont attendu pendant des mois avant d’être installés, les lieux de distribution de repas sont ouverts à tous les vents. À comparer avec les centaines de millions d’euros dépensés, les milliers de CRS mobilisé-e-s chaque années pour rendre la vie impossible aux migrant-e-s et aux personnes qui les soutiennent.