Refus de parvenir – pas de « réussir » : l’expression date d’il y a un siècle, mais plus que jamais, à travers la critique des sociétés du paraître, de l’argent, cette posture reprend tout son sens : refus des privilèges, des distinctions, de la promotion individuelle, qu’elle soit syndicale, politique ou universitaire.
Le leit-motiv des syndicalistes révolutionnaires se traduit aujourd’hui, chez les autogéré-e-s, les squatters, les anarchistes, par des projets visant à vivre l’égalité dans la liberté, à construire un monde sans domination. Marianne retrace une longue histoire de rencontres sans argent ni hiérarchie, de dons et de services sans calculs, de coopération sans compétition. Elle porte les voix et les rêveries, fragiles mais néanmoins tenaces, de ses compagnes et compagnons, à conserver et à transmettre.
L’auteure :
Marianne Enckell est une figure incontournable du mouvement libertaire contemporain. Elle dirige depuis 1963 le Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Lausanne, la plus grande bibliothèque spécialisée en Europe dans le domaine de l’anarchisme. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages sur le sujet dont Pour le centenaire de la mort de Bakounine, Les Espaces du prince : l’État et son expansion dans les formations sociales dépendantes. Elle a par ailleurs largement contribué au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, une somme monumentale en 44 volumes éditée sous la direction de l’historien Jean Maîtron.