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Sans-Papier-e-s en lutte

Sarkozy fait diversion

octobre 2002


Malgré la disparition des 100 000 personnes qui défilaient dans Paris en 1996 contre les lois Debré toujours en vigueur, les collectifs de Sans-Papier-e-s poursuivent leur lutte pour la régularisation globale et l’abrogation des lois Pasqua-Debré-Chevènement. Ils obtiennent, au gré de l’état du rapport de force avec les préfectures, sous-fifres du gouvernement en place, des régularisations plus ou moins nombreuses avec des titres de séjour toujours précaires (jamais de carte de dix ans) soit après une grève de la faim collective, soit la veille d’une élection.

Ainsi les arrestations et les expulsions augmentent, les centres de rétentions se multiplient, mais la question des sans-papier-e-s est restée absente du débat public jusqu’à l’occupation de la basilique de Saint-Denis par la Coordination 93 des Sans-Papier-e-s. Plus de 15 000 personnes sont alors venues s’inscrire auprès des collectifs. Outre le fait qu’il faut attendre le retour de la droite au gouvernement pour que les médias s’autorisent enfin à reparler des sans-papier-e-s, dont la lutte est permanente depuis 6 ans, les réactions à droite comme à gauche sont à vomir. La gauche reconnaît enfin que les critères de la loi Chevènement « ont posé un certain nombre de difficultés ». C’est le moins que l’on puisse dire...

Le gouvernement, quant à lui, répond à la mobilisation croissante des sans-papier-e-s en donnant instruction aux préfets d’examiner les dossiers au cas par cas en tenant compte « du plan social et humain ». Le ministre de l’intérieur promet une loi « conforme aux intérêts de la France » donnant « les moyens juridiques d’endiguer les phénomènes qui, à juste titre, exaspèrent les français » (comme ces royalistes mobilisés contre l’occupation par les sans-papier-e-s à Saint Denis, exaspérés par ces clandestins irrespectueux de la France). Comme la gauche, la droite va opérer quelques régularisations à grand renfort de publicité médiatique. Celles-ci vont faire passer le gouvernement pour plus humain que son prédécesseur (qui ne l’était pas beaucoup), avant de serrer la vis contre l’immigration non utile. Les futurs déboutés seront, eux, toujours à la merci du travail au noir et du contrôle policier. Pour sa part, la commission européenne propose de mettre en place une « politique commune européenne de retour des étrangers en situation irrégulière ». Les murs de l’Europe forteresse continuent de s’élever.

A Lille cet été, le CSP59 a connu 3 expulsions, mais la lutte continue. Les manifs et AG ont repris depuis début septembre place de la République tous les mercredis à partir de 18 h. La mairie refuse toujours d’attribuer un local aux sans-papier-e-s, pourtant indispensable à l’organisation de leur mouvement.

La légitimité du combat des sans-papier-e-s n’est plus à démontrer. Parce qu’aucune limite à la liberté de circulation et d’installation des personnes n’est acceptable, nous exigeons la régularisation de tous les sans-papier-e-s et l’abrogation des lois liberticides. Nous étions des millions à manifester contre l’extrême droite entre le 25 avril et le 5 mai dernier. Mais ce n’est pas en quinze jours que l’on combat la lepenisation des esprits. Celle-ci a toujours été cautionnée et renforcée par la pratique des gouvernements successifs. Sarkozy poursuit cette politique raciste en annonçant la régularisation des « bons » étrangers pour faire diversion avant de futures et massives reconduites aux frontières. La mobilisation permanente de tous, avec ou sans papiers, est indispensable pour rompre enfin avec ce processus fasciste. Ré-agissons, expulsons les idées d’extrême droite.