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Les DKB : performe ton genre !

samedi 21 novembre 2009


A l’occasion de l’ouverture du festival "Ô mots..." proposé par les Flamands Roses, les “Drag Kings de Bruxelles“ (DKB) ont présenté, le 24 octobre au CCL leur performance-cabaret, spectacle qui, pour la petite anecdote, a été refusé cette année par l’Egide, le collectif d’associations qui participe à l’organisation de la Gay Pride de Lille. Il consiste en une suite de sketchs, performances vocales ou visuelles, slam, mime, monologue... tous reliés par le fil rouge des questions de genre, tous unis par la volonté de faire exploser ces limites imposées par la norme sociale.

Cette création découle d’une réflexion autour du système binaire dans lequel on nous impose d’évoluer. Ainsi, selon le sexe biologique avec lequel on naît, nous sommes “assigné-e-s à résidence” identitaire, on nous attribuera un genre (ou sexe social) qui déterminera notre position sociale, notre manière d’être, notre caractère, notre apparence et nos choix intimes de sexualité. Cette éducation genrée généralisée rêve de faire des petites filles des poupées aimantes et douces habillées en rose, et des petits garçons de braves gaillards virils habillés en bleu. Les modèles récents de la “working girl” et de l’homme “métrosexuel” n’y changent rien. Pas de salut hors du féminin ou du masculin.

Pourquoi Drag Kings ?

Les militant-e-s qui composent le groupe ont choisi l’approche "Drag King" plutôt que "Drag Queens" pour éviter toute ambiguïté sur leur rôle et leur message. En effet, selon eux/elles, les Drag Queens, si elles ont été les premières à performer leur identité de genre et le fer de lance de la révolte contre les violences homophobes des flics durant les émeutes de 69 [1], sont majoritairement perçues aujourd’hui comme des caricatures. Dans une sorte de folklore du genre qui se résumerait au strass et aux paillettes, la plupart singent le genre féminin et s’inscrivent de plus en plus dans une vision commerciale d’une prétendue nouvelle culture queer [2].

Pour les DKB, qui s’interrogent sur les différentes formes de masculinités, il n’est pas nécessaire de se travestir en macho viril et caricatural pour être un mâle dominant. Leurs performances montrent des hommes qu’on pourrait croiser dans la rue : ils/elles utilisent des représentations quotidiennes pour dénoncer les injonctions à se conformer aux genres assignés.

Les ateliers, "un savoir pratique"

Tous les premiers vendredis du mois, de 20h à 22 h (voir sur leur site genrespluriels.be), les Drag Kings de Bruxelles organisent un atelier de mise en pratique de leurs théories ; d’ailleurs, tou-te-s les performeureuses du spectacle sont issuEs de ces ateliers. Ils sont ouverts à tou-te-s, sans distinction de genre, de sexe biologique ou d’orientation sexuelle. Les thèmes varient, nécessitant ou pas un costume, mais le seul pré-requis est d’avoir la volonté de se questionner et de lutter contre la binarité, de se mettre soi-même en perspective dans cette dynamique afin d’analyser nos comportements intimes ou sociaux, et de déconstruire les vieux restes de notre éducation genrée. Pour les DKB, de toute façon, "on performe tous les jours en choisissant nos fringues", autrement dit notre identité du jour !

Notes

[1Aux Etats-Unis, les émeutes de Stonewall ont été une série de manifestations spontanées et violentes contre un raid de la police new-yorkaise le 28 juin 1969. Ces événements sont souvent considérés comme le premier exemple de lutte des gays et lesbiennes contre un système persécutant les homosexuel-le-s.

[2Queer : Ce terme, qui signifie “bizarre” en anglais, était originellement une insulte utilisée contre les personnes aux identités sexuelles “non cernables”, que les LGBTQI (Lesbiennes, gays, bisexuelLEs, transgenres, queers et intersexes) et les féministes se sont réappropriée pour revendiquer leur refus d’appartenir à une société binaire.