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édito : Poussez ! Poussez !

mercredi 17 décembre 2008


Ces derniers temps le capitalisme et ses zélotes ont un peu mal à la gueule, il faut bien le dire. Alors que la crise financière n’en finit plus de faire pleurnicher les vaillant-e-s éditorialistes de la presse au garde-à-vous, qui n’osent plus soulever le moindre tapis de peur d’y trouver un bon gros scandale financier de plus, ça craque un peu partout dans la finance, l’économie « réelle » et les gouvernements. Afin de satisfaire les appétits contrariés de leurs gloutonNEs actionnaires, les grosses boîtes prennent la « crise » économique comme prétexte pour mettre en place des plans prétendûment sociaux en cascade, qui vont se traduire par une vraie catastrophe, « sociale » justement. Des centaines de milliers de travailleureuses au chômage, qui vont entraîner dans leur sillage les sous-traitants et leurs employéEs, le petit commerce (qu’on appelle poliment « emplois induits ») et la consommation en général. Précipitez-vous, grande braderie sur les 4x4 et les écrans plats !

Pendant ce temps le gouvernement continue à détricoter les droits sociaux en décalant la mise en retraite d’office à 70 ans, en voulant nous faire bosser le dimanche, en sabotant l’inspection du travail, etc. Face à cela, alors que les raisons de tout casser sous les yeux des caméras de vidéo-surveillance se multiplient, les syndicats français sont désespérément sages. Non mais qu’est-ce qu’ils attendent ? L’apocalypse nucléaire ? Patience, on y viendra...

Mais va falloir qu’il se calme le gouvernement ! D’ailleurs il semble qu’il commence à le comprendre, à la lumière du bazar joyeusement concocté par nos amiEs grecQUEs. En effet, la conjonction entre une jeunesse révoltée et des travailleureuses qui le sont tout autant est un cocktail explosif, capable de péter à la gueule de n’importe quel petit apprenti dictateur. Alors on commence à lâcher du lest. Parce que, au cas où certain-e-s ne l’auraient pas compris, ce gouvernement est comme tous les autres. Son objectif prioritaire n’est pas d’appliquer les recettes de l’ultra-libéralisme à tout crin, mais de rester en place. Alors on contredit ce qu’on racontait la veille : finalement l’ultra-libéralisme économique et social n’est pas la seule recette de gouvernement possible. On peut racheter des banques. On peut renoncer à la réforme des lycées. On peut augmenter le minimum vieillesse. On peut fourguer une prime de 200 euros à 4 millions d’allocataires de la CAF. On pourra peut-être bientôt renoncer à faire travailler les genTEs le dimanche, alors qu’illes en avaient touTEs tellement envie. Camarades, c’est le moment de gueuler : grande braderie sur les primes, « coups de pouce » et mesurettes ! Peut-être qu’une fois à court de pognon à saupoudrer, ilLes finiront par vider leurs fauteuils ?

Combien tu veux pour ta vieille bagnole ? Et elle roule ? Si tu m’achètes un appart’, je te file une Mercedes ! Voilà où en sont nos gouvernements et nos agences immobilières : attention on revient à l’âge du troc. Bientôt l’abolition de la monnaie ? Pas si sûr : les cadeaux bonux qu’accorde le gouvernement à tour de bras ne représentent pas grand chose si on les compare à ceux octroyés aux grands mamamouchis de la loterie financière et aux pertes de revenus que vont essuyer les salariéEs licenciéEs qui vont venir grossir les légions d’inscritEs qu’une ASSEDIC en pleine fusion-démolition n’arrive déjà plus à gérer.
Y a de quoi s’énerver, non ?

Allez allez ! Y a plus qu’à pousser !