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Seul sur le terrain, le capitalisme perd à domicile. On dénombre des tas de mort-e-s dans les gradins.

mercredi 22 octobre 2008


La crise [1] actuelle de l’économie de marché fournit un énième exemple de la dangerosité du capitalisme. Pour celleux à qui la guerre en Irak et en Afghanistan, les émeutes de la faim, la xénophobie et l’exploitation des pauvres par les riches ne suffiraient pas, le capitalisme échoue cette fois dans son propre domaine : la croissance. On entre en récession.

Les États et les capitalistes qui se font tirer l’oreille pour dépenser quelques milliards dans le système social et éponger les dettes asservissantes des pays les plus pauvres en débloquent des milliers - de milliards - pour re-nationaliser des banques (USA, Grande Bretagne, Islande, Allemagne, etc.) et sauver les banquier-e-s. Ces crevures se moquent vraiment du monde.

Au final et comme d’habitude les personnes qui vont boire la tasse ça risque de ne pas être les riches qui ne cessent d’augmenter la part qu’illes peuvent mettre de côté mais les pauvres et les salarié-e-s. Et ce de plusieurs manières : parce qu’en faillite, certain-e-s ne pouvant plus rembourser les prêts qu’illes ont contractés, parce que salarié-e-s de banques et d’entreprises "non-stratégiques" qui vont faire faillite illes vont perdre leur boulot ou voir geler leurs salaires, parce que les sous refilés aux banques c’est tou-te-s sauf les plus riches qui vont les apporter, et pour finir parce que sans aucun doute les premiers budgets dans lesquels les États vont piocher seront les budgets sociaux.

L’origine et le développement de cette crises sont sordides. C’est laid, c’est médiocre, dans cette histoire c’est l’usurier-e qui est sauvé-e et l’endetté-e qui meurt dans le fossé. La voilà en quelques étapes, du vocabulaire de crevures (et peut-être des erreurs).

- Les "subprimes" : Des banques aux USA [2] prêtent de l’argent - dans la plupart des cas pour acheter des maisons - à des taux élevés et parfois variables à des gens qui n’ont souvent pas les moyens, et de manger et d’acheter une maison. L’astuce c’est que les banquier-e-s font peu rembourser pendant une première phase, puis beaucoup plus ensuite. C’est tentant de parier sur un futur meilleur salaire et la bonne santé économique du marché.

- La "titrisation" : Ce type de prêt à tellement la cote que les banques en font plein et réussissent à les revendre par paquets comme des titres à d’autres banques. Dès lors, leur valeur se désolidarise de l’emprunt initial, de même qu’un titre d’une entreprise n’a plus de rapport direct avec le nombre de produits qui en sortent.

- Le défaut de paiement (et le début de la crise) : Du côté de la vraie vie, qui est dure, les gens qui ont fait l’emprunt se retrouvent assez souvent dans l’incapacité de payer les mensualités, passé la phase de remboursement bas. Illes se font alors expulser de leur maison et perdent tout (tout en conservant une partie des traites à payer). Et les banques se retrouvent grosso modo avec des tonnes de maisons à revendre plutôt que l’argent prévu.

- La solidarité des banquier-e-s : Ça commence à se savoir et les banques qui savent qu’elles se sont toutes gavées de ces emprunts "titrisés" - devenus "toxiques" et sans valeur parce que trop souvent les gens ont échoué à les rembourser - ne se font plus confiance. Et c’est là que ça commence pour elles à sévèrement déraper.

- Le besoin de "liquidités" : En effet pour être un minimum fiable une banque doit posséder hors actions, en "liquidités", au moins une fraction des sommes qu’elle a reçues de ses client-e-s. De plus les banques ont comme tout-e un-e chacun-e des fournisseur-se-s, des salaríé-e-s, des créancier-e-s qu’elles doivent payer. Sinon c’est la faillite. Alors la solution c’est souvent pour elles d’emprunter pour payer. Mais là - pas sympa - elles ne se prêtent plus entre elles.

- L’économie "réelle" rencontre l’économie "virtuelle" : "Qu’elles crèvent les banques !" "Oui !" "..." "Mais !". Comme elles sont ric-rac question liquidités, ces crevures se rétractent sur le peu qui leur reste et ne prêtent plus non plus aux entreprises et aux individus. Ou alors cher. Du coup tout le monde risque la faillite à cause des banques. C’est idiot ? C’est comme ça.

- La solidarité des riches : Elle s’exerce toujours sur le dos des pauvres ! Aujourd’hui les riches dirigeant-e-s des riches États et Banques Centrales refusent d’aider les personnes qui ont emprunté pour leur maison et déversent des océans d’euros à la place des banques en promettant que pas un seul acteur - important - de l’économie ne crèvera la gueule ouverte... et souvent pleine d’hypothèques et de baraques saisies.

Notes

[1Il est difficile de savoir si "la crise" signifie plus qu’un nouveau transfert de richesses de riches maladroit-e-s vers d’autres riches plus habiles ou bien s’il y a réellement destruction de richesses. Quoi qu’il en soit les conséquences négatives seront économiquement surtout supportées par les moins riches

[2et en France aussi ! Voir La Brique 9 - "Arnaques au Crédit Fonchier"